Shoemaker a écrit:Mais crois tu qu'ils avaient choisi les Oligarques-Predateurs en toute responsabilite ?
Tu ne vois pas que la Russie a frole le demantelement ? Tu ne vois pas que Poutine, aussi autoritaire qu'il soit (et bon, il ne l'est pas plus que Bush, a mon avis) a sauve son pays de la mise en coupe reglee ? Ne vois tu pas que c'est l'Amerique qui cherche des noises a la Russie, et non pas la Russie qui fait de l'antiamericanisme pour passer le temps ?
Tout à fait
Il y a un bouquin - je pense - fondamental pour comprendre la genèse du poutinisme, c'est "le Parrain du Kremlin" de Paul Klebnikov, un journaliste de Forbes américano-russe qui a été assassiné il y a 3-4 ans à Moscou. Ce bouquin parle de Boris Berezovsky et de toute la clique de rapaces mafieux qui a fait main basse sur l"économie russe sous la présidence d'Eltsine (grâce à fifille et à monsieur gendre). Ces types ont récupéré les bijoux de famille pour un prix tellement ridicule qu'il s'agissait d'un véritable hold up qui a enrichi plus que de raison une bande de malfrats. L'enquête de Klebnikov évoque également les liens étranges de Berezovsky avec la rebellion tchétchène (il servait d'interdmédiaire lors des prises d'otages). Voilà où en était la Russie au moment où Poutine est arrivé aux affaires (sur conseil de Berezovsky ce qui est assez cocace...) : un état de droit piétiné, un appareil d'état et un patrimoine national privatisé, l'intérêt général du peuple russe bafoué... la Russie était placée sous la coupe du FMI ! Et Berezovsky et ses potes mafieux avaient même trouvé le moyen de détourner une partie des fonds versés (voir l'affaire dite de la Bank of New York en 1998). Ce qui est cocasse, c'est que lorsque Poutine a lâché les juges sur Berezovsky, l'ex-homme fort du Kremlin a trouvé la protection de la Grande-Bretagne, fidèle toutou des Etats-Unis sur la scène internationale. Plus cocasse encore, Berezovsky est en affaire aujourd'hui avec Neil Bush, le frère de W...
Personnellement, je ne pense pas que Poutine soit un saint homme, mais on peut comprendre la rudesse de son attitude quand on voit dans quel état de décrépitude était la Russie quand il est arrivé au pouvoir. Même si lui aussi à une clique à entretenir, notamment dans son fief de Saint-Petersbourg, même s'il se conduit en autocrate, je pense qu'il a vraiment conscience de l'intérêt général de son peuple. On s'est ému du fait que Khodorkovsky soit emprisionné, mais force est de constater que Poutine a mis au pas les oligarques russes. Soit ils réinvestissaient dans le pays l'argent qu'ils avaient gagné sur le dos des russes à l'époque d'Eltsine, soit c'était la guerre. Et ça a marché... Abramovich notamment, a laché son ex-mentor Berezovsky pour faire allégeance à Poutine. Il a lâché sa compagnie pétrolière au profit de Gazprom. Gazprom est d'ailleurs à mes yeux l'immense réussite de Poutine, parce qu'à travers ce groupe pétrolier PUBLIC (l'état russe détient plus 50% du capital), il a renationalisé un secteur clé, stratégique pour la nation. Alors que le pétrole et le gaz naturel russes ne profitaient qu'à quelques mafieux, il contribue aujourd'hui à 20% des recettes de l'Etat russe. Gazprom est aussi devenu un quasi-fonds souverain capable d'investir dans le monde entier.
Oui, la Russie n'a pas un fonctionnement démocratique transparent et parfait. Mais elle me semble mieux défendre l'intérêt général face aux puissances de l'argent que les démocraties qui baissent leur froc dès qu'un patron menace de délocaliser. Et puis quelle leçon de démocratie peut-on donner à la Russie ou à Poutine ? C'est vraiment nrien comprendre à l'histoire. Pour aboutir à la démocratie telle qu'on la connaît en France aujourd'hui, rappelons quand même qu'il a fallu près de 200 ans, trois révolutions, cinq républiques, une restauration monarchique, deux empires (dont le premier - peu démocratique - a eu le grand mérite de doter la France d'une administration et d'un appareil d'état moderne dont bénéficie encore aujourd'hui notre république), deux invasions et deux guerres mondiales... la Russie n'a jamais connu la démocratie parlementaire avant 1992. Or on ne construit pas une démocratie, un état de droit comme on entre en religion. C'est un long processus qui passe nécessairement - et l'histoire le prouve - par une phase autoritaire, le temps de doter l'Etat d'une assise solide, d'une administration digne de ce nom et surtout du monopole de la coercition. On en parle peu chez nous, mais faîtes une recherche sur le nombre de parrains de la mafia russe qui ont été arrêtés et mis hors d'état de nuire depuis que Poutine est au pouvoir. Le dernier, c'était Semion Mogilevich (trafic de drogue, prostitution, blanchiment d'argent, implication dans le détournement du prêt du FMI),arrêté début janvier.
La Russie est le plus vaste pays du monde, c'est un état multiculturel complexe où tout a du être reconstruit après avoir été vandalisé. L'ampleur de la tache à accomplir pour le redresser nécessitait de la poigne, pas des bons sentiments. Je pense que l'Occident s'est totalement planté en traitant Poutine de tyran et en bichonnant les crapules oligarques érigées en pseudo-défenseurs de la démocratie. C'est même une erreur historique !