Ce sont des catastrophes industrielles ou artistiques?Hugues a écrit:
On va aller voir Les Traducteurs et De Gaulle même si ce sont deux catastrophes industrielles, juste pour lui faire plaisir du coup...
Hugues
Ce sont des catastrophes industrielles ou artistiques?Hugues a écrit:
On va aller voir Les Traducteurs et De Gaulle même si ce sont deux catastrophes industrielles, juste pour lui faire plaisir du coup...
Hugues
Ces derniers jours ont montré que le lynchage populaire tend à croître de façon exponentielle, jusqu'à s'étendre désormais à qui ose témoigner la moindre estime à Roman Polanski ou la moindre sympathie à l'une des personnes qui l'ont soutenu. Il n'est qu'à voir le sort fait sur les réseaux sociaux aux comédiens Jean Dujardin, Fanny Ardant ou même Isabelle Huppert, qui n'a pourtant fait que citer Faulkner – « Le lynchage est une forme de pornographie. » Jusqu'au comédien Gilles Lellouche, qui a déploré publiquement avoir reçu de nombreux messages de haine, via les réseaux sociaux, l'accusant d'être « complice de viol » ou de « cautionner la pédophilie » pour avoir osé défendre son ami Jean Dujardin. Cette dénonciation de faux « complices » participe de cette logique globalisante et simpliste, qui rend impossible tout dialogue : tous ceux qui ne sont pas avec moi sont avec l'ennemi ! Certains voient ainsi une complicité de viol dans le seul fait d'être allé voir J'accuse au cinéma. L'idée pourrait prêter à rire et n'aurait même pas mérité que l'on s'en préoccupe s'il ne fallait pas constater que de tels raccourcis rencontrent un réel succès sur les réseaux sociaux.
En définitive, si l'on refuse la guerre de toutes contre tous au nom d'un certain féminisme, nous n'avons d'autre choix que d'appeler à un retour au dialogue, au débat d'idées et à la pensée complexe. Dans une démocratie, la fin poursuivie – si juste soit-elle – ne justifie pas de confisquer le débat en ostracisant tout discours divergent. Pas davantage, la « fin juste » ne saurait justifier que l'on empêche ce débat en réduisant la diversité des opinions à deux « camps », dont l'un serait la vertu et l'autre le vice. Le féminisme est une grande idée, une lutte de tous les jours pour construire un monde meilleur où les femmes auront toute leur place et tous leurs droits. Les déferlements de haine aveugle qui traversent aujourd'hui certaines franges du mouvement féministe mais également des pans entiers de la population n'ont rien à voir avec le droit.Ils ont tout à voir avec la vengeance, avec ces pulsions archaïques que l'on aimerait excuser au nom de souffrances millénaires, mais qui font tant de mal à notre État de droit.
Cette généralisation de la haine, que Polanski cristallise, n'est pas propre au cinéma. Elle s'étend depuis plusieurs années à tous les pans de la société. En dépit des espoirs qu'ont fait naître les réseaux sociaux, l'incommunicabilité est aujourd'hui à son comble, et la haine grandit. « Quand une société en est là, elle tombe en décomposition. »
Cela revient donc d’un côté à invalider un message à l’aune de la biographie de son émetteur, de l’autre à laisser à une autorité morale indéfinie le choix liberticide de décider de ceux qui ont le droit de s’exprimer. Or, cette autorité morale est aujourd’hui représentée, davantage que par des gouvernements, par des groupements d’intérêts privés se réclamant du progressisme, dont les motivations visent à établir une hiérarchie identitaire entre les êtres humains. Ceux-ci se voient essentialisés en fonction de leur genre, de leur couleur, de leurs mœurs ou de leur âge, comme en témoigne le hashtag #OKBoomer visant à discréditer toute parole émise par un senior. Se retrouve ici, comme en d’autres domaines, une prévalence différentialiste ayant la volonté d’ébranler les fondements universalistes de notre société et d’instaurer une sorte de dictature des minorités. L’art dans son ensemble et le cinéma en particulier ne méritent pas ça.
Hugues a écrit:Découvert à l'instant, ça a pourtant déjà 4 jours, un autre texte génial, qui ne dit pas autre chose qu'une part de ce que j'essaie de dire depuis 2 ans (mais il manque de grands pans de mon discours, qui ne se limite pas à ça):
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/ceremonie-des-cesars-quand-la-morale-s-empare-de-l-art-la-liberte-est-mise-en-danger-20200228
Le dernier paragraphe:Cela revient donc d’un côté à invalider un message à l’aune de la biographie de son émetteur, de l’autre à laisser à une autorité morale indéfinie le choix liberticide de décider de ceux qui ont le droit de s’exprimer. Or, cette autorité morale est aujourd’hui représentée, davantage que par des gouvernements, par des groupements d’intérêts privés se réclamant du progressisme, dont les motivations visent à établir une hiérarchie identitaire entre les êtres humains. Ceux-ci se voient essentialisés en fonction de leur genre, de leur couleur, de leurs mœurs ou de leur âge, comme en témoigne le hashtag #OKBoomer visant à discréditer toute parole émise par un senior. Se retrouve ici, comme en d’autres domaines, une prévalence différentialiste ayant la volonté d’ébranler les fondements universalistes de notre société et d’instaurer une sorte de dictature des minorités. L’art dans son ensemble et le cinéma en particulier ne méritent pas ça.
L'insulariation, la balkanisation qui détruit le commun, comme je l'écris par ces expressions depuis quelques temps...
Hugues
horatio a écrit:Je découvre petit à petit le débat concernant cette affaire sur ce forum.
Pour ma part, ce monsieur aurait du être placé depuis belle lurette en prison pour de nombreuses années. Il est tout à fait normal de ne pas séparer l'homme de l'artiste.
Maintenant je trouve qu'il est un peu "tard" pour faire des jérémiades lors des différentes cérémonies où cette individu est cité. Même si c'est totalement mérité.
Quant à dire "Ca vous fait du bien".. Mais en quoi êtes vous concerné ?
Est-ce à vous de juger Polanski* est-ce à vous de juger n'importe quelle personne qui est visé par des accusations, est-ce à vous de juger si elles sont vraies ? Est-ce à vous de vous faire une idée sur une allégation ?
La démocratie n'est possible (condition nécessaire) du fait que la justice est déléguée. A des juges professionnels ou à des simples citoyens devenus jurés qui vont avoir connaissance de tous les arguments, pas d'un procès médiatique à charge...
Roman Polanski est de loin le meilleur réalisateur français, c'était aussi le meilleur réalisateur nommé bien entendu. Est-ce qu'on demande à la société de se faire juge en rendant la démocratie impossible (autant d'avis que de personne, c'est ça la morale, l'insularisation, la balkanisation de la société, la perte du commun... si on juge moralement, on a plus de jugement commun... dans la morale, tout le monde peut trouver une raison de culpabilité à toute personne qui lui déplait... la morale ce n'est pas l'objectif c'est le subjectif
Quand est-ce que les gens vont retrouver la boussole. Quand est-ce que des voix importantes comme vous vont retrouver la boussole.
Nous n'avons pas à juger autrui. Nous n'avons pas à lyncher autrui.
Et surtout, nous n'avons pas à se poser la question de l'exemplarité d'un artiste pour récompenser son travail.
Ce n'est pas les prix de l'exemplarité, c'est le prix d'une qualité d'artisanat.
Doit-on effacer à la manière de la révolution culturelle chinoise, Lewis Carroll, Le Caravage, Socrate, Hugo, et j'en passe...
Dans Une vie cachée de Terrence Malick, le juge (Bruno Ganz) qui va le condamner à mort mais a des états d'âme à le faire, demande en aparté, au personnage principal, "Vous me jugez?"
Que répond le personnage principal, dont la pureté est pourtant exemplaire .. il dit en substance "Je ne vous juge pas. Qui suis-je pour vous juger? On peut faire le mal et ne pas pouvoir laver cette faute. Chacun fait du mieux qu'il peut dans la situation qu'il traverse"
Pour se permettre de juger autrui, il faut avoir une pureté exemplaire, pour faire la leçon à autrui. Personne pourtant n'est assez pur pour le faire. Il n'y a que parce que la société investit de ce droit des juges professionnels et des jurés qu'on se le permet.
Le jugement d'autrui, c'est la source du lynchage, la source des violences (comme celles de vendredi ou celle qui a eu lieu dans les cinémas), la source de l'intolérance totalitaire qui refuse le commun et essaie d'imposer un avis personnel à tous jusqu'aux menaces de mort ( la séquence mettant en scène Isabelle Morini-Bosc est très parlante)
*: (je passe par ailleurs sur la complexité judiciaire de son affaire dont trois jugement ont dit que la procédure était illégale)
sheon a écrit:En même temps, je me souviens assez peu des Césars.
Cortese a écrit: (...) coupeuses de couilles en ski.
Shoemaker a écrit:Cortese a écrit: (...) coupeuses de couilles en ski.
Ca consiste en quoi, cette nouvelle diablerie de couper des "couilles en ski" ????
Shoemaker a écrit:Cortese a écrit: (...) coupeuses de couilles en ski.
Ca consiste en quoi, cette nouvelle diablerie de couper des "couilles en ski" ????
NYTimes.com a écrit:Universal will make new movies available in homes.
Universal Pictures said on Monday that it would no longer give theaters an exclusive period to play new movies, a break from a longstanding Hollywood practice that could have wide-ranging reverberations. The decision, prompted by the coronavirus pandemic, makes Universal the first old-line studio to attempt a Netflix-like tactic in its approach to film distribution.
Starting Friday, three Universal movies that have already been released in theaters will become available in homes — $20 for a 48-hour rental period — through online stores like iTunes and Amazon Prime Video and on cable systems like Comcast. Those films are “The Hunt,” a horror satire that arrived in theaters last weekend; “The Invisible Man,” which has been playing in theaters since Feb. 20; and “Emma,” a new take on the classic Jane Austen novel that arrived in theaters on March 6.
The animated sequel “Trolls World Tour” will roll out in theaters worldwide — those that are open — on April 10 and will be made available simultaneously for rental in homes for $20.
Shoemaker a écrit:- La thèse principale du film : le Bien, le Mal, la philosophie christique confrontée à la question terrible : Que faire, lorsqu'on considère que le Bien est IN-négociable, et que le Mal vient frapper à la porte de notre vie...
Shoemaker a écrit:- Franz est irritant, parce qu'il se retrouve souvent face à des personnes qui essayeront RAISONNABLEMENT (clergé, avocat, magistrat...) de le sauver, mais il s'enferme dans un mutisme lourd, révoltant... On aurait voulu qu'il argumente. Mais bien entendu, cela est voulu par Malick, qui veut nous dire que, pour que le monde tende vers le bien, il faut des jusqu'au boutistes, même obscurs, tels que Franz, quasi "fanatiques".
Shoemaker a écrit:- Bien entendu, Malick ne nous convainc pas nécessairement ! Franz veut aller contre le monde tel qu'il est, mais le monde, n'en déplaise à Malick, ignore Franz et sa démarche (cela est dit dans le film). Franz au final et paradoxalement, a fait du mal. A ses enfants, à sa mère, sa femme... Et Malick pousse la "malignité" jusqu'au fait qu'on propose à Franz une "porte de sortie honorable" : qu'il exerce dans le corps de la santé militaire, et on lui pardonnera tout, mais à condition qu'avec des mots, il prête serment à Hitler. Il refuse. Nous, pauvres terriens de base, nous disons : "Oui ! Vazy, Frantz ! Accepte ! pour tes enfants ! ta famille... et puis, tu feras du bien, en soignant des blessés, des malades... et tant pis pour le serment à Hitler... passe le par pertes et profits..."
Ce qui est "juste", plutôt que ce qui est "bien", je dirais.
Mais Franz n'a pas d'argument, il n'a rien à expliquer parce qu'il ne sait pas, en fait.
Le film ne parle pas vraiment du "nazisme VS les gentils", mais du conflit qui habite et anime Franz.
Il n'a aucune idée du bien fondé de sa démarche, au fond, il "sent" confusément que c'est SON chemin, celui qui lui est dicté par un principe supérieur et qu'il "ressent" comme juste, mais lui est presque un pantin là-dedans : il ne PEUT PAS ne pas suivre cette voie/x.
Je trouve précisément que c'est ça, qui est convaincant.
Le spectateur, toi, moi, en tout cas, hurle intérieurement devant l'écran "à quoi bon, putain, mais laisse béton !!", alors même que l'on SAIT, avec tout le recul de l'Histoire, que LUI avait raison et que comme tu le dis c'est à ce prix que se font les plus grandes révoltes.
Jamais un film ne m'avait fait ressentir aussi puissamment la contradiction entre mes idéaux et ma propre condition d'humain parmi les humains, alors même qu'il ne la juge pas, cette contradiction. Il n'y a pas de méchants dans ce film, au pire des pauvres fous aveuglés, égarés.
Quand sa femme l'absout littéralement des souffrances qu'il a causées à la fin (ose me dire que t'as pas chialé. ), c'est d'une telle beauté que oui, je ressors absolument convaincu, de ce que je suis, et de la noblesse de sa démarche à lui.
Silverwitch a écrit::good
Merci messieurs pour ces échanges et cette belle analyse de Shoemaker. Ça fait plaisir à lire.
Son talent impensable est de donner l'apparence du simple, presque quelconque, au premier regard, à quelque chose qui est tout à l'opposé. La deuxième vision est à ce titre remarquable, les cadres, la direction d'acteur, tout anticipe incroyablement, prépare le spectateur sur le sujet de la scène, sur le rebondissement qui se prépare. Sans même parler des petits gestes insensibles qui muent le jeu du comédien en un transport à travers le temps. Parmi les 8 ou 10 meilleurs films du cinéaste, ce qui au vu de la production de ce dernier n'est pas peu dire.
Utilisateurs parcourant ce forum: Google [Bot], Majestic-12 [Bot] et 90 invités