La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Waddle le 03 Mar 2020, 15:17

Hugues a écrit:
On va aller voir Les Traducteurs et De Gaulle même si ce sont deux catastrophes industrielles, juste pour lui faire plaisir du coup...

:D

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Ce sont des catastrophes industrielles ou artistiques?
"La citoyenneté réduite au droit du sang consiste à dire que la République est génétique et non pas spirituelle", Waddle, 2013.

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 03 Mar 2020, 15:26

(Artistique... mais ça frappe plus l'expression catastrophe industrielle :D )

Avec nous...

- Patrick Chesnais, dans un SMS:
"Je suis effondré et révolté par les prestations pathétiques et nauséabondes de Foresti et Darroussin, ils se sont discrédités à jamais. Pourquoi la meute et les représentants de la bien-pensance sont-ils si énervés ? Merci Sandrine Kiberlain, merci Fanny Ardant merci Claire Denis, vous nous donnez quelques raisons d'espérer encore."

À lire:

https://www.lepoint.fr/debats/aimer-le-cinema-de-polanski-ne-fait-pas-de-nous-des-complices-03-03-2020-2365387_2.php

Je n'en partage que les trois derniers paragraphes pour vous donner envie:
Ces derniers jours ont montré que le lynchage populaire tend à croître de façon exponentielle, jusqu'à s'étendre désormais à qui ose témoigner la moindre estime à Roman Polanski ou la moindre sympathie à l'une des personnes qui l'ont soutenu. Il n'est qu'à voir le sort fait sur les réseaux sociaux aux comédiens Jean Dujardin, Fanny Ardant ou même Isabelle Huppert, qui n'a pourtant fait que citer Faulkner – « Le lynchage est une forme de pornographie. » Jusqu'au comédien Gilles Lellouche, qui a déploré publiquement avoir reçu de nombreux messages de haine, via les réseaux sociaux, l'accusant d'être « complice de viol » ou de « cautionner la pédophilie » pour avoir osé défendre son ami Jean Dujardin. Cette dénonciation de faux « complices » participe de cette logique globalisante et simpliste, qui rend impossible tout dialogue : tous ceux qui ne sont pas avec moi sont avec l'ennemi ! Certains voient ainsi une complicité de viol dans le seul fait d'être allé voir J'accuse au cinéma. L'idée pourrait prêter à rire et n'aurait même pas mérité que l'on s'en préoccupe s'il ne fallait pas constater que de tels raccourcis rencontrent un réel succès sur les réseaux sociaux.

En définitive, si l'on refuse la guerre de toutes contre tous au nom d'un certain féminisme, nous n'avons d'autre choix que d'appeler à un retour au dialogue, au débat d'idées et à la pensée complexe. Dans une démocratie, la fin poursuivie – si juste soit-elle – ne justifie pas de confisquer le débat en ostracisant tout discours divergent. Pas davantage, la « fin juste » ne saurait justifier que l'on empêche ce débat en réduisant la diversité des opinions à deux « camps », dont l'un serait la vertu et l'autre le vice. Le féminisme est une grande idée, une lutte de tous les jours pour construire un monde meilleur où les femmes auront toute leur place et tous leurs droits. Les déferlements de haine aveugle qui traversent aujourd'hui certaines franges du mouvement féministe mais également des pans entiers de la population n'ont rien à voir avec le droit.Ils ont tout à voir avec la vengeance, avec ces pulsions archaïques que l'on aimerait excuser au nom de souffrances millénaires, mais qui font tant de mal à notre État de droit.

Cette généralisation de la haine, que Polanski cristallise, n'est pas propre au cinéma. Elle s'étend depuis plusieurs années à tous les pans de la société. En dépit des espoirs qu'ont fait naître les réseaux sociaux, l'incommunicabilité est aujourd'hui à son comble, et la haine grandit. « Quand une société en est là, elle tombe en décomposition. »


Ah et puis si ça vous intéresse, le cachet de Florence Foresti, sans jugement aucun...

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 03 Mar 2020, 15:32

Découvert à l'instant, ça a pourtant déjà 4 jours, un autre texte génial, qui ne dit pas autre chose qu'une part de ce que j'essaie de dire depuis 2 ans (mais il manque de grands pans de mon discours, qui ne se limite pas à ça):

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/ceremonie-des-cesars-quand-la-morale-s-empare-de-l-art-la-liberte-est-mise-en-danger-20200228

Le dernier paragraphe:
Cela revient donc d’un côté à invalider un message à l’aune de la biographie de son émetteur, de l’autre à laisser à une autorité morale indéfinie le choix liberticide de décider de ceux qui ont le droit de s’exprimer. Or, cette autorité morale est aujourd’hui représentée, davantage que par des gouvernements, par des groupements d’intérêts privés se réclamant du progressisme, dont les motivations visent à établir une hiérarchie identitaire entre les êtres humains. Ceux-ci se voient essentialisés en fonction de leur genre, de leur couleur, de leurs mœurs ou de leur âge, comme en témoigne le hashtag #OKBoomer visant à discréditer toute parole émise par un senior. Se retrouve ici, comme en d’autres domaines, une prévalence différentialiste ayant la volonté d’ébranler les fondements universalistes de notre société et d’instaurer une sorte de dictature des minorités. L’art dans son ensemble et le cinéma en particulier ne méritent pas ça.



L'insulariation, la balkanisation qui détruit le commun, comme je l'écris par ces expressions depuis quelques temps...

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Rainier le 03 Mar 2020, 15:56

130.000€ pour Foresti pour ses insinuations, blagues et sketchs qui ne font pas rire un enfant de 12 ans :roll:

Comme elle n'est pas allée au bout de sa mission, j'espère qu'elle n'en touchera qu'une partie.
la démocratie et la souveraineté nationale sont comme l’avers et le revers d’une même médaille.
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Messagede Cortese le 03 Mar 2020, 16:18

Je viens juste de lire le texte de Virginie Despentes, cité par des amis de gôche du bled, qui trouvent que "cette femme est un bijou de courage". Bon en tout cas moi j'aimerais bien savoir ce qu'il faudra dire ou pas à la prochaine soirée entre potes, déjà qu'on est au bord de l'étripage démocratique post bouteflikien.
Au moins l'affaire Dreyfus c'était pas compliqué comme ça.
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Garçon ! de Claude Sautet

Messagede Nuvo le 03 Mar 2020, 16:47

J'ai regardé hier soir Garçon ! avec une belle brochette d'acteurs et actrices. Montand, Villeret, Fresson, Rosy Varte, Nicole Garcia et Dominique Laffin (défunte mère de Clémentine Autain).

Autant j'adore les Sautet des années 70. Tranches de vie, films en forme d'étude des moeurs.
Autant celui là, daté de 1983, que je n'avais jamais vu, m'a paru assez creux. Décousu. Il n'y avait plus la flamme ? Même la musique de Philippe Sarde est mi figue mi raisin. Et pourtant, aimant le Bouillon Chartier, j’espérais en retrouver l'ambiance.
Et pourtant Montand interprète bien le gars vieillissant, qui a beaucoup plu aux femmes, et qui doit désormais se montrer encore plus coulant s'il veut avoir une chance. Il est très loin du fier César...

C'est le 2e moins bon Sautet que j'ai vu avec Mado.
Je préfère et de loin les histoires de copains comme Vincent, François, Paul et les autres (ah la colère mythique de Piccoli quand il découpe le gigot !) ou Les choses de la vie, une Histoire simple, César et Rosalie (le final, le regard de Samy Frey vers Yves Montand, je pourrais le regarder en boucle...).
Max et les ferrailleurs est également à part. Ce n'est pas un film sociologique. Là encore un final grandiose grâce à l'interprétation de Piccoli et Romy Schneider.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede horatio le 03 Mar 2020, 20:42

Hugues a écrit:Découvert à l'instant, ça a pourtant déjà 4 jours, un autre texte génial, qui ne dit pas autre chose qu'une part de ce que j'essaie de dire depuis 2 ans (mais il manque de grands pans de mon discours, qui ne se limite pas à ça):

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/ceremonie-des-cesars-quand-la-morale-s-empare-de-l-art-la-liberte-est-mise-en-danger-20200228

Le dernier paragraphe:
Cela revient donc d’un côté à invalider un message à l’aune de la biographie de son émetteur, de l’autre à laisser à une autorité morale indéfinie le choix liberticide de décider de ceux qui ont le droit de s’exprimer. Or, cette autorité morale est aujourd’hui représentée, davantage que par des gouvernements, par des groupements d’intérêts privés se réclamant du progressisme, dont les motivations visent à établir une hiérarchie identitaire entre les êtres humains. Ceux-ci se voient essentialisés en fonction de leur genre, de leur couleur, de leurs mœurs ou de leur âge, comme en témoigne le hashtag #OKBoomer visant à discréditer toute parole émise par un senior. Se retrouve ici, comme en d’autres domaines, une prévalence différentialiste ayant la volonté d’ébranler les fondements universalistes de notre société et d’instaurer une sorte de dictature des minorités. L’art dans son ensemble et le cinéma en particulier ne méritent pas ça.



L'insulariation, la balkanisation qui détruit le commun, comme je l'écris par ces expressions depuis quelques temps...

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Je découvre petit à petit le débat concernant cette affaire sur ce forum.

Pour ma part, ce monsieur aurait du être placé depuis belle lurette en prison pour de nombreuses années. Il est tout à fait normal de ne pas séparer l'homme de l'artiste.

Maintenant je trouve qu'il est un peu "tard" pour faire des jérémiades lors des différentes cérémonies où cette individu est cité. Même si c'est totalement mérité.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 03 Mar 2020, 21:37

horatio a écrit:Je découvre petit à petit le débat concernant cette affaire sur ce forum.

Pour ma part, ce monsieur aurait du être placé depuis belle lurette en prison pour de nombreuses années. Il est tout à fait normal de ne pas séparer l'homme de l'artiste.

Maintenant je trouve qu'il est un peu "tard" pour faire des jérémiades lors des différentes cérémonies où cette individu est cité. Même si c'est totalement mérité.


a) Tu n'es pas juré donc ton "pour ta part", ne devrait même pas exister. Si tu te fais juré, tu te fais juge moral, c'est à dire à chacun son île de jugement, et le commun, celui de la justice en tant qu'institution, disparait. La perte du commun signifiant la perte de la condition pour une société démocratique (si chacun se fait juge, si ils valent plus que le jugement commun, en quoi est-il illégitime alors de ne pas aller condamner à mort soi-même quelqu'un au nom de ses certitudes personnelles ou en quoi est-il illégitime d'accuser quelqu'un, après tout dans la société morale, insulaire il y aura toujours quelqu'un pour croire aux accusations .. donc un accusé sera toujours coupable... y compris un opposant politique)
b) Mais admettons et lisons le pour ta part: la peine a été purgée. Interroge Samantha Geimer, mais surtout demande toi pourquoi 3 cours supérieures que sont les cours d'extraditions, d'un niveau équivalent à la cour de Cassation puisqu'elles jugent de la légalité de la proécédure qui jugent de la procédure ont trois fois répondu après des semaines et des mois d'audiences "No bis in idem", un principe aussi vieux que le droit romain, qui dit qu'on ne rejuge pas ce qui a déjà été jugé et purgé. Trois fois. Trois fois. Trois fois.
Combien pour dire que la procédure américaine est légale: zéro. ZERO. Combien pour dire qu'elle est illégale: trois. Pourquoi les gens qui lynche Polanski élude cette partie là ?
(Peut-être parce que la procédure américaine n'en tient pas compte, mais pourquoi la procédure américaine n'en tient pas compte: car le procureur ne veut bien étudier la légalité qu'en présence physique de Polanski? )
Donc maintenant tu me diras en quelle vertu Roman Polanski devriat être placé en prison selon toi. Puisque il a purgé sa peine.
Il a même purgé plus qu'il aurait du puisqu'il a fait de la résidence surveillée à cause de ses tentatives d'extraditions illégales (ILLEGALES) durant environ 2 ans à 2 ans et demi entre la Suisse et la Pologne.

Quant à ton "il est tout à fait normal".. Tu ne démontres rien. Mais en sus ce n'est pas l'idée que nous défendons. Moi je ne le sépare pas. Mais estimant que on ne juge pas autrui ( dans Une vie cachée, à son juge qui lui demande si le futur condamné le juge .. Franz répond "qui serais-je pour juger".. oui pour juger quelqu'un il faut être d'une sacré pureté.. pour s'élever en juge des impuretés des autres... c'est bien pour ça que la société délègue cette tâche a des gens qui le font non par ce qu'ils sont purs mais parce qu'on leur a délégué, soit en tant que juge professionnel, soit en tant que juré.. autrement personne n'est assez pur pour prendre cette place sans que la société le délègue) .. Estimant qu'on ne juge pas autrui je n'ai aucun état d'âme à voir une oeuvre du pire des êtres si tant est qu'il exista ..

Dans ton raisonnement fantasque, on oublie les enseignements de Pythagore, d'un seul coup tout un pan des mathématiques (et tout ce qui en descend) disparait, de Socrate, on oublie Lewis Carroll, Hugo... on brule les tableaux du Caravage.. l'électricité disparait (après tout, Volta.... et qui sait, Edison... )

Autrement dit toute notre culture est entâché de gens "dégueulasses", mais on s'en fout... ça ne devrait pas compter, l'exemplarité, la pureté d'une personne, face à son apport culturel.. seul importe le savoir qu'il a prêté à la société puisque les détails de sa vie sont oubliés peu à peu (qui connaît parfaitement la vie de Leonard de Vinci ? si on la connaissait mieux on aurait moins d'hésitation à identifier certains tableaux ... )

Bref, les dons de leçons sur autrui, mais peu importe qui est-on pour le faire...


Si un prix cinématographique doit être remis, alors quelle importance ai-je à savoir la pureté de celui qui l'a conçue ?
Encore une fois, se pose-t-on la questoin de savoir si Pythagore, Socrate et j'en passe étaient des saints quand on les lit ?
Quelle est la différence: aucune. Dans les deux cas ce sont des oeuvres. Pourquoi se préoccuper d'une vie dans l'un et y être indifférent dans l'autre.

La révolution culturelle, était maléfique non pas parce qu'elle était communiste ou chinoise. Mais parce qu'elle jugeait la conformité de la culture passée avec la morale présente (morale qui n'est ni universelle par essence, par définition du mot moral, ni donc encore moins immuable) pour effacer des gens, des idées et des oeuvres.
Donc elle n'est pas meilleure maintenant qu'elle est néoféministe totalitaire plutôt que chinoise. C'est le même mouvement, le même totalitarisme.

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 03 Mar 2020, 21:43

Et comme ça répond aussi un peu à horatio...
Posté ailleurs:

Quant à dire "Ca vous fait du bien".. Mais en quoi êtes vous concerné ?


Est-ce à vous de juger Polanski* est-ce à vous de juger n'importe quelle personne qui est visé par des accusations, est-ce à vous de juger si elles sont vraies ? Est-ce à vous de vous faire une idée sur une allégation ?

La démocratie n'est possible (condition nécessaire) du fait que la justice est déléguée. A des juges professionnels ou à des simples citoyens devenus jurés qui vont avoir connaissance de tous les arguments, pas d'un procès médiatique à charge...

Roman Polanski est de loin le meilleur réalisateur français, c'était aussi le meilleur réalisateur nommé bien entendu. Est-ce qu'on demande à la société de se faire juge en rendant la démocratie impossible (autant d'avis que de personne, c'est ça la morale, l'insularisation, la balkanisation de la société, la perte du commun... si on juge moralement, on a plus de jugement commun... dans la morale, tout le monde peut trouver une raison de culpabilité à toute personne qui lui déplait... la morale ce n'est pas l'objectif c'est le subjectif

Quand est-ce que les gens vont retrouver la boussole. Quand est-ce que des voix importantes comme vous vont retrouver la boussole.

Nous n'avons pas à juger autrui. Nous n'avons pas à lyncher autrui.
Et surtout, nous n'avons pas à se poser la question de l'exemplarité d'un artiste pour récompenser son travail.
Ce n'est pas les prix de l'exemplarité, c'est le prix d'une qualité d'artisanat.

Doit-on effacer à la manière de la révolution culturelle chinoise, Lewis Carroll, Le Caravage, Socrate, Hugo, et j'en passe...

Dans Une vie cachée de Terrence Malick, le juge (Bruno Ganz) qui va le condamner à mort mais a des états d'âme à le faire, demande en aparté, au personnage principal, "Vous me jugez?"
Que répond le personnage principal, dont la pureté est pourtant exemplaire .. il dit en substance "Je ne vous juge pas. Qui suis-je pour vous juger? On peut faire le mal et ne pas pouvoir laver cette faute. Chacun fait du mieux qu'il peut dans la situation qu'il traverse"

Pour se permettre de juger autrui, il faut avoir une pureté exemplaire, pour faire la leçon à autrui. Personne pourtant n'est assez pur pour le faire. Il n'y a que parce que la société investit de ce droit des juges professionnels et des jurés qu'on se le permet.
Le jugement d'autrui, c'est la source du lynchage, la source des violences (comme celles de vendredi ou celle qui a eu lieu dans les cinémas), la source de l'intolérance totalitaire qui refuse le commun et essaie d'imposer un avis personnel à tous jusqu'aux menaces de mort ( la séquence mettant en scène Isabelle Morini-Bosc est très parlante)


*: (je passe par ailleurs sur la complexité judiciaire de son affaire dont trois jugement ont dit que la procédure était illégale)


Hugues
Ps: Et comme je ne sais pas si c'est ce que tu signifie dans ta réponse ou non, quand tu dis que tu prends connaisance du débat, horatio, le vrai sujet où l'on en a débattu au cours des deux ans passés c'est le sujet Balance Ton Porc, si tu veux avoir l'ensemble des arguments. Mais bon, pas besoin de tout lire le sujet, les posts depuis début novembre et le début des tentatives de censures contre quelqu'un qui a eu un seul tort, faire un film, sur le sujet BTP sont sans doute un bon résumé de la variété et la profondeur des arguments.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 03 Mar 2020, 23:34

Et puis, même s'il était coupable, je ne vois pas le rapport avec son métier.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 04 Mar 2020, 00:07

Oui c'est à peu près ce que je dis... (mais pas seulement)

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Nuvo le 04 Mar 2020, 09:44

Vous devriez créer un topic spécial.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Rainier le 04 Mar 2020, 18:01

Je ne me souvenais plus qu'elle avait eu le César de meilleure actrice en 2015 ...et à part des personnes comme Hugues, impliquées dans le milieu du cinéma, qui s'en souvenait ?



C'était en 2015, elle a peut être mûri depuis ...mais là, elle s'exprimait comme une adolescente attardée et pseudo rebelle.
Inversement j'ai été enthousiasmé par le discours d'Anaïs Desmoutier, césar meilleure actrice 2020, et par sa maturité.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 04 Mar 2020, 18:16

En même temps, je me souviens assez peu des Césars.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Rainier le 04 Mar 2020, 19:12

sheon a écrit:En même temps, je me souviens assez peu des Césars.


C'est vrai aussi.

Si on me demandait de quoi je me rappelle des Césars avant 2019 ?
Seulement d'Annie Girardot et son speech émouvant "peut être, je dis bien peut être, que je ne suis pas complètement morte".
Et du discours de Clint Eastwood dans un français incompréhensible ...et dont la salle s'est moqué au lieu de saluer l'effort.
Ainsi qu'Anémone recevant son César et donnant l'adresse de son magasin de fringues.
Et c'est tout.

Et puis, grâce à (non, à cause de) youtube, 2 ou 3 conneries : François Damiens et Djamel Debbouze dans un sketch nul. F. Foresti (encore) appelant Sean Penn.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 04 Mar 2020, 19:27

Comme c'est pas le moment pour mourir, qu'il vaut mieux attendre pour mourir, "No Time to Die" alias "Mourir peut attendre" est reporté au mois de novembre.

Ce qui est marrant c'est que l'idée est née à l'iniatiative d'un site de fan, il y a quelques jours, via cette tribune:

https://www.mi6-hq.com/sections/articles/opinion-delay-no-time-to-die-release-corona-virus-pandemic


C'est dommage, pas que ça me tente (hého), mais il y avait de beaux paysages... j'me comprends...

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 04 Mar 2020, 23:27

Moi c'etait la première fois que je voyais les Césars en entier. D'habitude j'ai pas la patience, j'aime encore mieux l'eurovision, au moins c'est drôle.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 06 Mar 2020, 00:32

https://www.europe1.fr/culture/le-billet-de-frederic-beigbeder-sur-les-cesar-florence-foresti-se-dit-ecoeuree-elle-est-ecoeurante-3953498

J'aurais jamais cru faire ça à propos de ce monsieur, mais:

:good

Notamment la fin. (Et puis le fait qu'il ait regardé sur ma copie pour me reprendre des arguments bien entendus.)

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 06 Mar 2020, 17:24

Oui enfin, on peut pas dire qu'il y ait un courage de Kamikaze à insulter la malheureuse et insignifiante Foresti (il ne manque pas d'air Begbeider de la qualifier d'"intellectuelle", même de bazar, alors qu'elle ne fait que son boulot d'animatrice et de comique ; est-ce que Camus ou Sartre auraient demandé des comptes à Fernand Reynaud ? C'est ridicule, elle qui n'a donné qu'une version comique de la voix du tribunal populaire qui a semé la terreur sur les plateaux et dans les journaux), tout en évitant soigneusement d'affronter les harpies hystériques coupeuses de couilles en ski.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shoemaker le 06 Mar 2020, 18:16

Cortese a écrit: (...) coupeuses de couilles en ski.

Ca consiste en quoi, cette nouvelle diablerie de couper des "couilles en ski" ???? :lol: :lol: :lol:
"c'est quoi le blues". Toujours les mêmes histoires, celles qui font vaciller les mondes et les empires.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Rainier le 06 Mar 2020, 19:02

Shoemaker a écrit:
Cortese a écrit: (...) coupeuses de couilles en ski.

Ca consiste en quoi, cette nouvelle diablerie de couper des "couilles en ski" ???? :lol: :lol: :lol:


Plutôt des coupeuses de Paul en ski !

Décidément, c'est qu'il la défendrait jusqu'à l'échafaud, sa Foresti, notre Cortese ardent (comme Fany) !
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 06 Mar 2020, 19:02

Shoemaker a écrit:
Cortese a écrit: (...) coupeuses de couilles en ski.

Ca consiste en quoi, cette nouvelle diablerie de couper des "couilles en ski" ???? :lol: :lol: :lol:


Quoi tu n'as pas appris cet air immortel à 11 ans ? Tu me déçois ! :lol:

Merde mes couilles me grattent
(Dans les plaines de l'Ukraine)

SON MIDI




Dans les plai-nes, De l'Ukrai-ne
Un cosa-que, L'air coma-k(e)

S'en allait un jour, A Saint-Petersbourg
Voir sa Petrouchka, Faire l'amour !
Refrain :

Merde mes couilles me grattent, Merde mes couilles me grattent
Me gratouillent en ski, Me gratouillent en ska

Si j'me coupe les couilles, Fini la gratouille
Oui mais pour baiser, J'suis couillé!
Ouais!

Oh! mon Ivanoff
Vladimir Popoff
Si t'étais pas z'off
Ou bien philosophe
Mais t'es qu'un pauv' gars
Qui boit trop d'vodka
Ou bien trop d'whisky
Mon ami
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 06 Mar 2020, 21:45

Ah il y a quand même des gens de mon avis.

https://www.transfuge.fr/billet-cinema-je-ne-voulais-pas-humilier-polanski,454.html

J'ai l'impression que l'humour a été la vraie victime des Césars.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 07 Mar 2020, 00:00

Bah disons que comme Floresti n'était pas drôle et sous couvert de faire semblant d'être drôle se payait une tête de turc (voire le lynchait)... bah dans cette ambiance on a cru que Darroussin se payait une tête de turc aussi...

Alors que non :o

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Messagede Rainier le 07 Mar 2020, 10:56

C'est clair qu'avec un détracteur comme Hanouna, et toute sa bande d'intellectuels de TPMP, même Hitler paraîtrait sympathique.
la démocratie et la souveraineté nationale sont comme l’avers et le revers d’une même médaille.
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Messagede Hugues le 07 Mar 2020, 12:44

Enfin l'article élude le meilleur moment peut-être qu'a donné cette émission depuis sa naissance (ce qui ne sera pas très difficile ...):
ce qu'a exprimé par deux ou trois fois Isabelle Morini-Bosc en réaction au lynchage qu'elle a subi du fait de son soutien du film et du cinéaste en dépit qu'elle soit elle-même une ancienne victime de viol (enfin en dépit n'est pas le bon mot car il n'y a pas de contradiction en réalité)... élevant le débat jusqu'à évoquer notamment des mots que je défends ici à savoir qu'on a pas à juger les actes ni la vie d'autrui... (elle parlait en particulier de sa vie, et des raisons intimes qui la font avoir ce qui est pour certains totalitaires une contradiction en elle et une traîtrise.... mais la leçon valait en général.. pour toute allégation), ou encore l'idée de bonne victime (celui du néoféminsme qui se complait à garer les femmes dans une éternelle position de victime) et mauvaise victime (le vrai féminisme, celui où les femmes sont assez fortes pour tourner la page)

Si j'ai un peu de courage pour monter ça, je le mettrai en ligne ...

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Messagede horatio le 07 Mar 2020, 12:53

J'ai du mal à comprendre le concept de "bonne" et "mauvaise" victime.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 07 Mar 2020, 13:23

Bah moi/nous aussi...

Mais c'est normal que ça nous soit étranger car c'est pas nous qui l'inventons ce concept c'est les néoféministes.. (mais consciemment, pas sûr)

Qui font le tri entre les gentilles et les méchantes...

Samantha Geimer se fait insulter parce que bon hein, elle qui a fait ce qui était dans son intérêt, tourner la page, n'est "pas solidaire des autres femmes" c'est honteux...
(Alors que justement montrer qu'être victime ne définit pas sa vie, n'est pas si important dans une vie, c'est un excellent exemple de résilience qui peut aider beaucoup, plutôt qu'un féminisme qui encourage à se penser éternelle victime d'autrui et du patriarcat éternel)

Elle qui a réfléchi profondément et philosophiquement sur le fait que les sanctions de la société ne sont que pour faire changer un homme, et sur le fait que si on montre que des gens qui ont fait l'effort de changer, restent d'éternels coupables, quel intérêt y a-t-il à essayer de changer. Idem pour des gens qui ont fait l'effort de plaider coupable, non dans leur intérêt mais par compassion pour leur victime (c'est le cas de Polanski, j'ai montré dans des documents que son plaider coupable n'avait rien changé aux peines encourues et aux charges).
Qu'elle dise tout ça ça gêne. Elle est vomie, prise sans cesse dans des polémiques, insultées etc...
Et pourtant c'est en son nom qu'on fait la chasse à Polanski...

Bref pour les néoféministes, il y a des bonnes victimes (la victime fantasmée, imaginaire, Samantha Galey de 13 ans et 334 jours qu'on rappelle chaque fois à la rescousse "pauvre enfant de 13 ans"... la seule qu'on veuille entendre, à qui on met des paroles tout aussi imaginaires que le fantasme qu'on construit) et il y a des mauvaises victimes (Samantha Geimer, la même personne, de 56 ans et qui dit qu'elle n'a jamais été cette enfant imaginaire de presque 14 ans qu'on ramène à la rescousse tout le temps et qui n'a pas accordé trop d'importance aux évènements de 1977 qui "ne fut pas un mauvais moment").

Je passe sur bien des cas (je peux en lister dix ou vingt parmi des centaines) comme elles où la voix n'est pas relayée, ou la voix est salie insultée, parce que ça ne correspond pas au totalitarisme actuel ...
Morini-Bosc, de façon identique, parce qu'elle dit que ses viols ne la définisse pas et que elle n'ont pas changé son opinion sur les gens accusés de viol, est une mauvaise victime qui "mérite la mort" comme on l'a lu ou entendu crier.

Je passe rapidement sur le refus de relayer une autre mauvaise victime comme Moses Farrow qui parce qu'il accuse sa mère de sévice envers certains de ses enfants (et explique les suicides ou la mort de trois de ses frères et soeurs, et confirment les accusations de sa soeur Soon-Yi), et défend son père, accusations et défenses pour lesquels il donne des éléments factuels (dont il avait déjà témoigné en 1993 dans l'enquête auprès des enquêteurs, bref ce n'est pas de l'invention rétrospective, on en retrouve la trace dans la presse et les documents légaux d'époque),
Quel journal a donné relais à ces accusations de la même façon qu'on a accepté aveuglément d'autres témoignages. A part son blog et quelques publications mineures (qui ont un bon lectorat mais rien de comparable aux tribunes données aveuglément au reste de la famille). Pourtant son témoignage a été fait devant la justice et vérifié par des enquêteurs.

Bref, en théorie, c'est "Believe all victims" ou plutôt "Believe all presumed victims" (théorie absurde.. toute allégation n'est pas la vérité).
Mais en réalité, pour le néoféminisme, il y a des victimes qu'il faut écouter, celle qui correspondent à la narration victimaire, ou à la narration des intérêts de ceux qui en tirent les ficelles.

Et il y a des victimes présumées qu'il faut faire taire...

Moi mon motto n'est pas cette inepties de "Believe all (presumed) victims" comme l'a décidé le tribunal Twitter, il est que la seule vérité commune, celle qu'il faut sauver d'ailleurs de ces assauts, est celle recherchée par la justice dans une procédure équitable.

Hugues (Bref pour le redire, le sujet Balance Ton Porc, est une lecture de rattrapage intéressante, car tout ce genre d'aspect, ce grattage sous la surface sur la nature même du néoféminisme qu'on a été quelques uns à faire peut être édifiant, au sens étymologique... et il y a eu des débats avec des contradicteurs, donc on peut estimer que par le fait que chacun se pousse dans ses retranchements, une certaine vérité en surgit)
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 16 Mar 2020, 22:21

https://www.ozap.com/actu/cinemas-fermes-le-cnc-veut-sortir-les-films-penalises-en-vod/590590

NYTimes.com a écrit:Universal will make new movies available in homes.

Universal Pictures said on Monday that it would no longer give theaters an exclusive period to play new movies, a break from a longstanding Hollywood practice that could have wide-ranging reverberations. The decision, prompted by the coronavirus pandemic, makes Universal the first old-line studio to attempt a Netflix-like tactic in its approach to film distribution.

Starting Friday, three Universal movies that have already been released in theaters will become available in homes — $20 for a 48-hour rental period — through online stores like iTunes and Amazon Prime Video and on cable systems like Comcast. Those films are “The Hunt,” a horror satire that arrived in theaters last weekend; “The Invisible Man,” which has been playing in theaters since Feb. 20; and “Emma,” a new take on the classic Jane Austen novel that arrived in theaters on March 6.

The animated sequel “Trolls World Tour” will roll out in theaters worldwide — those that are open — on April 10 and will be made available simultaneously for rental in homes for $20.



Pourvu que ça ne tue pas à termes les salles obscures et le sortilège étrange et unique, qui y surgit.

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shoemaker le 18 Mar 2020, 20:16

Je viens de voir Une vie cachée, de Terrence Malick.
Bon, en un mot comme en 1000, c'est du Malick : splendeurs des images, style contemplatif, intériorité, hyper spiritualité, ésotérisme en filigrane pour les "initiés", etc.
Je le dis dès le début, je n'ai et je ne me sens aucune expertise cinématographique en général, et encore moins pour parler (je n'ai pas dit "juger" !) de ce genre de cinéma, un peu ... high tech pour le béotien terre à terre que je suis :D
Mais comme il n'y a aucune loi qui m'interdise d'en dire deux mots, je les dis alors !
En vrac :
- très... trop long. Répétitif. On sait tout certes sur la vie des paysans Autrichiens des années 30/40 (et c'est génial !), mais au bout d'un moment...
- Les paysages filmés sont grandioses ! Ca, il sait y faire, Terrence. On a envie, dès la fin du confinement, d'aller faire un tour dans le Tyroll (que je connais par ailleurs). Tout est sublime, montagnes dignes de la Terre du Milieu, vallées idylliques, champs on ne peut plus bucoliques, petit village d'humbles et bons (avant l'arrivée du Mal) paysans archétypiques, ...
- Malick montre constamment la beauté du monde (il sait y faire !) et en contraste, en un va et vient qui dure presque 3 heures, et systématique (faisant style), la mocheté de ce même monde, incarnée par le mal ultime, le nazisme. Et d'ailleurs, le nazisme paradoxalement, nait justement dans ce monde même de beauté émouvante à souhait (l'Autriche des années 30).
- La thèse principale du film : le Bien, le Mal, la philosophie christique confrontée à la question terrible : Que faire, lorsqu'on considère que le Bien est IN-négociable, et que le Mal vient frapper à la porte de notre vie...
- Le héros, qui jusqu'au bout (la mort), même s'il se considère au-delà de la vie et de la mort (il se dit libre, au cœur même de l'appareil nazi), le héros, Frantz, ira au bout de cette logique implacable : on ne peut plier genou, ne serait-ce que d'un iota, face au Mal. Sinon, il ne peut alors que triompher.
- Franz est irritant, parce qu'il se retrouve souvent face à des personnes qui essayeront RAISONNABLEMENT (clergé, avocat, magistrat...) de le sauver, mais il s'enferme dans un mutisme lourd, révoltant... On aurait voulu qu'il argumente. Mais bien entendu, cela est voulu par Malick, qui veut nous dire que, pour que le monde tende vers le bien, il faut des jusqu'au boutistes, même obscurs, tels que Franz, quasi "fanatiques".
- Et c'est pour cela peut-être que le film dure si longtemps : pour que nous ressentions jusqu'à la douleur s'il le faut, cet état de fait.
- Bien entendu, Malick ne nous convainc pas nécessairement ! Franz veut aller contre le monde tel qu'il est, mais le monde, n'en déplaise à Malick, ignore Franz et sa démarche (cela est dit dans le film). Franz au final et paradoxalement, a fait du mal. A ses enfants, à sa mère, sa femme... Et Malick pousse la "malignité" jusqu'au fait qu'on propose à Franz une "porte de sortie honorable" : qu'il exerce dans le corps de la santé militaire, et on lui pardonnera tout, mais à condition qu'avec des mots, il prête serment à Hitler. Il refuse. Nous, pauvres terriens de base, nous disons : "Oui ! Vazy, Frantz ! Accepte ! pour tes enfants ! ta famille... et puis, tu feras du bien, en soignant des blessés, des malades... et tant pis pour le serment à Hitler... passe le par pertes et profits..."
- Bien entendu, Malick, et surtout Frantz, qui a existé puisque c'est une histoire vraie, refuse cette voie.
- Parce que c'est une tragédie, et que la fatalité ira jusqu'au bout, jusqu'à la mort... pour qu'au final, au-delà de la tragédie, naisse l'espoir d'un monde meilleur. Et ce monde meilleur a un prix : l'extrême et absurde sacrifice d'un homme (d'Hommes), un homme banal, inconnu, oublié, mais incontournable...
- Ce film, c'est l'histoire du cheminement d'un homme devenu un saint. Un cheminement intérieur, silencieux, paradoxalement statique, puisqu'il n'y a quasiment aucune "histoire narrative" : un homme refuse de prêter serment à Hitler, il est exécuté. C'est simplement ça, le "scénario". Mais Malick a jugé qu'il faut presque 3 heures, pour le saisir profondément, pour qu'il s'inscrive en nous comme dans le marbre, ce chemin de croix, ce martyr nécessaire...
- Il y a aussi, bien entendu, le film lui même en tant qu'œuvre cinématographique. Ce va et vient constant entre la vie bucolique hyper stylisée dans un village Autrichien digne de Heidi, et la fureur de la guerre, le Mal nazie...
- La bande son est fastueuse... Les voix nécessairement intérieures, total Zen-Tao, en contraste avec les images souvent violentes, la voix de Hitler, vociférante mais fascinante, sublimement satanique, paralysante, le Mal en son ! Dans la voix d'Hitler, il n'y a plus aucune trace de bonté, de générosité, d'empathie, pour les Hommes qui ne sont pas dans son camp. La voix d'Hitler est ... absolue ! Comme le silence de Frantz l'est aussi. Incroyable choc/résonance dans nos esprits !

Il y a mille autres choses dans ce film, et si j'ai dit qu'il est trop long, trop répétitif, sans narration riche, cela n'empêche pas, par la virtuosité du style, par l'expression de l'âme de Franz (silence, extase, doute, peur, conviction, béatitude...), par les images d'une rare beauté... mais aussi la violence montrée mais sans aucune image "glauque" comme c'est très à la mode ces temps-ci, cela n'empêche pas que c'est certainement ce qu'on peut appeler un "chef d'œuvre du cinéma". C'est comme ça !.... :D

J'avais proposé ici même, la critique de François Begaudeau. Je la remets ici, au-delà de ses propres opinions/conclusions, elle me paraît très riche, très juste, très intéressante, avec pleine de voies de réflexion. Et elle parle du film d'une manière autrement moins "amateur" que moi ! :D

https://soundcloud.com/la-gene-occasion ... 4rINtDlZCo
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 18 Mar 2020, 20:46

Shoemaker a écrit:- La thèse principale du film : le Bien, le Mal, la philosophie christique confrontée à la question terrible : Que faire, lorsqu'on considère que le Bien est IN-négociable, et que le Mal vient frapper à la porte de notre vie...


Ce qui est "juste", plutôt que ce qui est "bien", je dirais.


Shoemaker a écrit:- Franz est irritant, parce qu'il se retrouve souvent face à des personnes qui essayeront RAISONNABLEMENT (clergé, avocat, magistrat...) de le sauver, mais il s'enferme dans un mutisme lourd, révoltant... On aurait voulu qu'il argumente. Mais bien entendu, cela est voulu par Malick, qui veut nous dire que, pour que le monde tende vers le bien, il faut des jusqu'au boutistes, même obscurs, tels que Franz, quasi "fanatiques".


Mais Franz n'a pas d'argument, il n'a rien à expliquer parce qu'il ne sait pas, en fait.
Le film ne parle pas vraiment du "nazisme VS les gentils", mais du conflit qui habite et anime Franz.
Il n'a aucune idée du bien fondé de sa démarche, au fond, il "sent" confusément que c'est SON chemin, celui qui lui est dicté par un principe supérieur et qu'il "ressent" comme juste, mais lui est presque un pantin là-dedans : il ne PEUT PAS ne pas suivre cette voie/x.


Shoemaker a écrit:- Bien entendu, Malick ne nous convainc pas nécessairement ! Franz veut aller contre le monde tel qu'il est, mais le monde, n'en déplaise à Malick, ignore Franz et sa démarche (cela est dit dans le film). Franz au final et paradoxalement, a fait du mal. A ses enfants, à sa mère, sa femme... Et Malick pousse la "malignité" jusqu'au fait qu'on propose à Franz une "porte de sortie honorable" : qu'il exerce dans le corps de la santé militaire, et on lui pardonnera tout, mais à condition qu'avec des mots, il prête serment à Hitler. Il refuse. Nous, pauvres terriens de base, nous disons : "Oui ! Vazy, Frantz ! Accepte ! pour tes enfants ! ta famille... et puis, tu feras du bien, en soignant des blessés, des malades... et tant pis pour le serment à Hitler... passe le par pertes et profits..."


Je trouve précisément que c'est ça, qui est convaincant.
Le spectateur, toi, moi, en tout cas, hurle intérieurement devant l'écran "à quoi bon, putain, mais laisse béton !!", alors même que l'on SAIT, avec tout le recul de l'Histoire, que LUI avait raison et que comme tu le dis c'est à ce prix que se font les plus grandes révoltes.

Jamais un film ne m'avait fait ressentir aussi puissamment la contradiction entre mes idéaux et ma propre condition d'humain parmi les humains, alors même qu'il ne la juge pas, cette contradiction. Il n'y a pas de méchants dans ce film, au pire des pauvres fous aveuglés, égarés.

Quand sa femme l'absout littéralement des souffrances qu'il a causées à la fin (ose me dire que t'as pas chialé. :D ), c'est d'une telle beauté que oui, je ressors absolument convaincu, de ce que je suis, et de la noblesse de sa démarche à lui.


Il me tarde de le revoir en tout cas !

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shoemaker le 18 Mar 2020, 21:38

Ce qui est "juste", plutôt que ce qui est "bien", je dirais.

Ce qui est « juste » fait partie du « Bien ».
L’injustice est un des fondements du Mal.
(Mais bon, je suis un être simple, tu devrais le savoir, depuis le temps ! :D )



Mais Franz n'a pas d'argument, il n'a rien à expliquer parce qu'il ne sait pas, en fait.
Le film ne parle pas vraiment du "nazisme VS les gentils", mais du conflit qui habite et anime Franz.
Il n'a aucune idée du bien fondé de sa démarche, au fond, il "sent" confusément que c'est SON chemin, celui qui lui est dicté par un principe supérieur et qu'il "ressent" comme juste, mais lui est presque un pantin là-dedans : il ne PEUT PAS ne pas suivre cette voie/x.


Franz, tout en étant un saint en devenir (il terminera sa "mutation" lorsqu'il sera exécuté), est encore un humain lambda parmi nous. Il est encore le produit d'une culture/religion, le catholicisme, et il va au bout de sa croyance en cette religion, tel son mentor, le Christ. Mais en allant au bout, il nous quitte, il devient un élu, puisque son martyr changera un peu le monde, en le rendant un peu meilleur. Franz passe peu à peu dans une autre dimension, d'où sa propre stupeur, sa propre sidération. On ne devient pas "saint" en direct live, sans une intense et lourde mutation. D'où son silence, d'où l'impression que lui-même ne comprend pas sa propre démarche. On est grosso modo d'accord là-dessus... Et si je dis (je me répète) que cela nous irrite, c'est donc parce que nous ne "raisonnons" pas comme lui, nous pauvres humains lambda...
Bien sûr, le film n'utilise le nazisme que par "commodité hyperbolique", et puis bon, nous sommes tous conditionnés pour considérer le nazisme comme l'archétype indépassable du mal. Alors ça le fait.

Je trouve précisément que c'est ça, qui est convaincant.
Le spectateur, toi, moi, en tout cas, hurle intérieurement devant l'écran "à quoi bon, putain, mais laisse béton !!", alors même que l'on SAIT, avec tout le recul de l'Histoire, que LUI avait raison et que comme tu le dis c'est à ce prix que se font les plus grandes révoltes.


On est d'accord, mais je ne dis pas que nécessairement, il a eu raison en fin de compte. Malick dit (dans ce film en tout cas, mais je crois que c'est sa vision globale) que le monde s'améliore parce que il y a des personnes exceptionnelles, singulières, même si anonymes, qui vivent ce qu'a vécu Franz. Possible. Mais je suis indécrotablement un peu marxiste aussi, et je vois l'évolution de l'humanité se faire AUSSI par le biais d'autres voies, celles de la lutte (des classes, sociale, politique... c'est d'ailleurs un vieux débat, faut-il changer la société pour que change l'individu, ou changer l'individu pour que change la société...). Franz ne fuit ni ne lutte. Il est une sorte de miroir hiératique dans lequel le Mal se regarde, se reflète : la scène du magistrat qui essaye de le convaincre, et qui se voit, hideux, dans le reflet que lui renvoie Franz a été pour moi la scène la plus émouvante : le magistrat m'a fait une peine immense : il incarnait la défaite de l'humanité, la faiblesse de l'Homme, qui plie genou, lâchement.......). Tout cela est très spirituel, très ésotérique. J'admets. Mais il y a aussi l'Histoire, la lutte, le combat, le sacrifice dans l'action : et ça, c'est à la portée de tous. Et ça fait aussi évoluer le monde. Mais j'insiste : je suis aussi "croyant", et donc je crois en la lutte du Bien contre le Mal : ce sont d'ailleurs deux pulsions qui sont en nous, en perpétuelle lutte. Un combat parfois terrible. Vaste débat.....

Jamais un film ne m'avait fait ressentir aussi puissamment la contradiction entre mes idéaux et ma propre condition d'humain parmi les humains, alors même qu'il ne la juge pas, cette contradiction. Il n'y a pas de méchants dans ce film, au pire des pauvres fous aveuglés, égarés.


Pour ma part, dans ce film, j'ai bel et bien vu un combat titanesque entre le Bien et le Mal. Je persiste et signe ! :lol: (mais bon, ce n'est que mon opinion, très humble).

Quand sa femme l'absout littéralement des souffrances qu'il a causées à la fin (ose me dire que t'as pas chialé. :D ), c'est d'une telle beauté que oui, je ressors absolument convaincu, de ce que je suis, et de la noblesse de sa démarche à lui.


C'était très émouvant, bien entendu... Mais je te l'ai dit, la scène avec le magistrat m'a plus ému encore. Elle m'a fait mal. Parce que j'étais le magistrat à ce moment-là, et j'ai durement ressenti ma propre faiblesse ontologique.
Et je me suis dit "A quoi bon.... elle est trop dure à traverser, cette vallée de larme..." (mon côté optimiste ! :lol: )
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 19 Mar 2020, 17:31

:good

Merci messieurs pour ces échanges et cette belle analyse de Shoemaker. Ça fait plaisir à lire.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shoemaker le 19 Mar 2020, 18:59

Silverwitch a écrit::good

Merci messieurs pour ces échanges et cette belle analyse de Shoemaker. Ça fait plaisir à lire.


:o :o :o je plane :o :o :o
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Messagede Maverick le 19 Mar 2020, 23:14

Il se télécharge où ? Il est dispo sur zone-téléchargement ?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 19 Mar 2020, 23:54

#spock
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Maverick le 20 Mar 2020, 00:44

:D
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Messagede Maverick le 24 Mar 2020, 22:27

Vu "J'accuse". Bon ça se laisse regarder mais sans plus.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 24 Mar 2020, 23:47

Oui ça fait ça parfois au premier regard.

Et puis on le revoit et s'aperçoit qu'en fait Polanski a donné l'apparence de la facilité à quelque chose qui ne l'est pas, à aucun moment..

Son talent impensable est de donner l'apparence du simple, presque quelconque, au premier regard, à quelque chose qui est tout à l'opposé. La deuxième vision est à ce titre remarquable, les cadres, la direction d'acteur, tout anticipe incroyablement, prépare le spectateur sur le sujet de la scène, sur le rebondissement qui se prépare. Sans même parler des petits gestes insensibles qui muent le jeu du comédien en un transport à travers le temps. Parmi les 8 ou 10 meilleurs films du cinéaste, ce qui au vu de la production de ce dernier n'est pas peu dire.


Bref, il est aisé de sous-estimer la grandeur du film. Aisé de ne pas voir aussi tout ce qui n'y est pas: tous les clichés, les travers qu'on aurait vu chez un autre cinéaste ou pire chez un tacheron (ou pire chez un tacheron de téléfilm) que le cinéaste a évité. Non, ce que Polanski a fait, Josée Dayan, ou Pascal Heylbroeck ou Stéphane Kopecky, "réalisateurs" de surgelés pour la télévision, n'auraient pas pu en faire rien qu'un 20e, un 50e.
Bref le film est une réussite bien plus grande qu'on peut le soupçonner parfois au premier regard.

Sous-estimation certainement encore plus grande on est habitué au robinet d'image qu'on zappe dès que ça plait pas*... et qu'on accorde si peu de valeurs au film qu'on revendique de ne pas bourse délier.
Mais c'est un autre débat.. Mais qui a de l'importance dans la manière dont on reçoit un film..

Hugues
*: (et donc qu'on ne se confronte jamais à des films peut-être parfois difficiles mais géniaux qui permettent d'exercer son regard et de comprendre ce qui peut-être génial dans un film)
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede horatio le 25 Mar 2020, 13:22

Petite question : quelqu'un a vu Tideland de Terry Gilliam ?
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