La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 06 Déc 2019, 12:25

Pour rappel, c'est en ligne sur Netflix aujourd'hui, et sans être aussi extraordinaire qu'on vous le dira (parce que oui d'ici février, on va vous le dire et dire et dire vous allez voir).... ça vaut quand même le regard...

Marriage Story de Noah Baumbach
Avec Scarlett Johansson et Adam Driver. Et bon nombres de seconds rôles sympathiques.


Hugues a écrit:
Hugues a écrit:Marriage Story. C'est le meilleur rôle des carrières de Scarlett Johansson et Adam Driver (ce qui ne veut pas forcément dire meilleur film, Match Point ou Frances Ha sont sans aucun doute meilleurs), le meilleur texte, les meilleurs situations qu'ils aient eu à jouer de leur carrière. Et ils sont assez formidables tous deux.
J'ai pu lire que le film était un film cousu main pour Johannson, un festival Johansson.
Mais Driver est sans doute encore plus incroyable que Johannson (et pourtant on la voit sans doute comme elle n'a jamais été vue, elle dévoile des talents trop peu utilisés) (et sa poitrine en top less... ou presque - private joke que vous comprendrez en temps voulu )
Le film se perd un peu au milieu dans un ventre mou (alors que le film s'attarde trop sur Driver)... Il se reprend peu à peu par la suite.. Mais pour du sous-sous-sous-Woody-Allen, c'est pas mal du tout.

Ou quand Noah Baumbach, au lieu de faire du sous-sous-sous-Woody Allen, fait un hybride entre cela et du Kore-eda matiné de Boyhood.
À voir quand c'est sur Netflix.



Bon en fait, spontanément ce jeudi, au moment de décrire le film il m'est venu une comparaison bien meilleure que l'avant dernière phrase...:
Noah Baumbach nous fait du Todd Solondz


Et au fait pourquoi parle-t-on aujourd'hui de

Marriage Story de Noah Baumbach ?

(Sortie le 6 décembre sur Netflix.)

Eh bien... parce qu'après les teasers Charlie et Nicole, voilà la bande-annonce du film..


Les deux teaser sont sous-titrées (même si on pourrait croire que non).

Ce que j'aime chez Charlie   Compatible plein écran


Ce que j'aime chez Nicole   Compatible plein écran


En revanche la bande-annonce n'est pas encore sous-titrée:

Marriage Story - Bande annonce française VO sous-titrée en français   Compatible plein écran


Quelques autres captures dans l'esprit du film:
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:D

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Messagede Ouais_supère le 08 Déc 2019, 18:23

J'ai un peu moins apprécié ce Marriage Story que d'autres films de Baumbach, je dois dire, mais cela tient sans doute au fait que j'en ai vus de plus "légers" que celui-ci.

J'ai aimé le chemin, de l'incapacité de dire jusqu'à se souhaiter frontalement la mort, puis l'essentiel redécouvert dans les mots balbutiés, heurtés, de celui qui les unit à jamais.

Peut-être le film aurait-il gagné à être un peu plus "tendu", débarrassé de moments qui appesantissent en voulant parfois alléger.

Je confirme n'avoir jamais vu Scarlett Johansson comme cela, aussi fragile et donc aussi humaine (je veux dire : on sent une fragilité qui semble captée et non plus jouée)... et de fait aussi forte.
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Messagede Hugues le 09 Déc 2019, 18:06



Si si ça a un rapport: Gloria Mundi dit la même chose

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Messagede Hugues le 09 Déc 2019, 18:14



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Messagede Dervi le 09 Déc 2019, 21:46

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 10 Déc 2019, 11:18

:good

(bon, perso je ne trouve pas que tout régler par un duel au pistolet soit une bonne chose :D )
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 10 Déc 2019, 14:23

On le lit d'habitude dans Positif me semble-t-il...
Ici c'est dans Transfuge.


Transfuge a écrit:Malick : retenir le sublime
Par Jean-Christophe Ferrari

Cela ne manquera pas : la sortie d'Une vie cachée, le 11 décembre prochain, donnera lieu, comme tous les films de Terrence Malick depuis The Tree of Life en 2011, à une salve de ricanements : on se gaussera d'une esthétique National Geographic (ou L'Oréal), on stigmatisera une philosophie New Age « digne d'une copie de terminale », on réduira le film à un prêche. Que de malentendus ! Mais sur quoi reposent-ils ? Peut-on espérer les dissiper ?

Attaquons-nous ici à la principale de ces nombreuses mésententes (mais elles sont toutes liées) : un cinéaste prêcheur est un cinéaste dogmatique, certain de la vérité de son discours. Considérer le réalisateur de La Ligne rouge comme un cinéaste de l'affirmation, c'est ne pas voir à quel point il travaille de façon systématique l'écart et la disjonction entre l'image et le son. Remarquera-t-on, dans Une Vie cachée, comme la voix est à contretemps de l'image, chantant quand celle-ci montre la misère, déplorant quand celle-ci célèbre ? Notera-t-on à quel point les gestes des personnages ne viennent jamais illustrer leurs pensées, comme si ces gestes vivaient d'une vie autonome, menacée, silencieuse ? Percevra-t-on à quel point le film est hanté par l'obsession de l'ineffable (héritée sans doute de Stanley Cavell, le professeur de Malick à Harvard) ? Comment pourrait-il y avoir là le moindre dogmatisme ? Comment pourrait-il y avoir une doctrine là où la voix-off n'illustre jamais une rédemption mais une simple vue de la conscience ? Le réalisateur des Moissons du ciel montre des coalescences intimes, fulgurantes et extatiques sur le chemin creusé par la douleur et le doute, des réponses à l'appel lancé par le chagrin. Jamais le solde la souffrance. Si ce cinéma, à l'image des philosophes transcendantalistes, chante l'union avec le monde, c'est avec la conscience aiguë, comme chez Emerson, que la fusion avec la nature est aujourd'hui immanquablement marquée par la perte.

Un cinéaste prêcheur est un cinéaste qui assène une morale ou une religion. Certes The Tree of Life et Une Vie cachée sont travaillés par des thématiques chrétiennes, mais, à bien les regarder, ils ne prétendent jamais représenter la réalité d'une transcendance ou de l'au-delà. La grâce, ici, est un état qui ne fonde rien d'autre que son moment ébloui et aussitôt évanoui. C'est pourquoi, contrairement à ce que prétendent ses caricaturistes, Malick ne peint pas les limbes faciles de l'emportement affectif ou de la vision édifiante, mais l'incertitude et l'absence qui creusent toute évidence filmique. Comment ne pas voir, par exemple, que dans Une Vie cachée la réalisation n'opère pas par enchaînement d'images mais par morcellements repris sans cesse ? Comment ne pas voir que les images représentent moins la réalité que l'évanouissement de l'image elle-même ?

Non, bien loin d'être un cinéaste prêcheur, Malick est un cinéaste mettant en scène notre désir d'extase, notre soif de sublime. Son cinéma donne à voir, dans sa totalité et à même l'écran, ce que la langue allemande nomme Sehnsucht, terme qui désigne à la fois un sentiment - nostalgie ou mélancolie - et un trait fondamental de l'être : la tendance, contradictoire mais contemporaine, à sortir de soi et à rentrer en soi-même. Dit autrement : le cinéma de Malick propose une phénoménologie de l'horizon, un aller vers ce qui n'existe qu'en se retirant. Comme s'il n'y avait de joie et d'extase possibles que parce que la joie et l'extase, toujours, s'éloignent et se dérobent.

C'était déjà le soupir de Nietzsche : « ah, pouvoir retenir le sublime ! ». Pour ma part, je ne connais rien de plus poignant. Rien de plus exaltant. Rien de plus beau.



Les passages importants:

la fusion avec la nature est aujourd'hui immanquablement marquée par la perte


Mais surtout

Son cinéma donne à voir, dans sa totalité et à même l'écran, ce que la langue allemande nomme Sehnsucht, terme qui désigne à la fois un sentiment - nostalgie ou mélancolie - et un trait fondamental de l'être : la tendance, contradictoire mais contemporaine, à sortir de soi et à rentrer en soi-même. Dit autrement : le cinéma de Malick propose une phénoménologie de l'horizon, un aller vers ce qui n'existe qu'en se retirant. Comme s'il n'y avait de joie et d'extase possibles que parce que la joie et l'extase, toujours, s'éloignent et se dérobent.



À rapprocher de quelques mots visionnaires:

Silverwitch a écrit: :o

Il faut accepter l'échec, ou plus exactement, l'impossible saisie de ces relations, envisagées sur le mode fusionnel pour dépasser transcender ce deuil. Le film nous montre que la plus grande proximité signifie également la plus grande distance, entre Dieu et le croyant, aussi bien qu'avec l'être aimé. La disponibilité se révèle dans son indisponibilité, pour paraphraser Heidegger, la Zuhandenheit dans l'Unzuhandenheit (désolée pour le jargon). Qu'est cette chose que je ne peux connaître qu'indirectement, ou quand elle n'est plus ?



Voilà, maintenant elle peut le dire, Jean-Christophe Ferrari n'est qu'un pseudonyme n'est-ce pas ?
Ferrari <-> sport auto <-> Schumacher / Prost <-> débats avec BV
Jean-Christophe <-> sport auto <-> Boullion <-> Prost Nicolas <-> Prost Alain
mais aussi Boullion <-> 1969 <-> Allusion à Schumacher mais aussi je crois (je peux me tromper) à BV

Il me semble que c'est une preuve concluante :pasrond: :gratte: :D

:jesors:

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Messagede Hugues le 10 Déc 2019, 20:14

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Messagede sheon le 10 Déc 2019, 23:29

Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 12 Déc 2019, 16:11

Vu At Eternity's Gate hier soir.

Jusqu'ici c'est peut-être le film qui m'a le plus emporté cette année.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Stéphane le 12 Déc 2019, 16:23

Attends le Star Wars quand-même.
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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Messagede Hugues le 12 Déc 2019, 16:32

Ouais_supère ne voit les films qu'à domicile, donc ça pourra pas entrer en ligne de compte.

Hugues (enfin je crois)
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Messagede Ouais_supère le 12 Déc 2019, 16:41

FAUX : je vais voir une Vie Cachée mardi après-midi.

(Mais c'est la seule exception cette année en effet...)
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 12 Déc 2019, 17:03

C'est l'école qui t'y emmène aussi ? Ca compte pas alors ?

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 12 Déc 2019, 17:29

Tu as raison, du coup je le nommerai pas dans mon top.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Stéphane le 12 Déc 2019, 18:06

Hugues a écrit:Ouais_supère ne voit les films qu'à domicile, donc ça pourra pas entrer en ligne de compte.

Hugues (enfin je crois)


Ca peut se faire à domicile.
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 12 Déc 2019, 19:21

Stéphane a écrit:
Hugues a écrit:Ouais_supère ne voit les films qu'à domicile, donc ça pourra pas entrer en ligne de compte.

Hugues (enfin je crois)


Ca peut se faire à domicile.


Bien sûr mais à la sortie vidéo...
A moins qu'il y a un CAMtruc...


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Stéphane le 12 Déc 2019, 20:17

Ils avaient pas dit que ça sortirait sur Disney+ en simultané (bon, ok, faut habiter là où c'est dispo) ?
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 12 Déc 2019, 22:55

Donc depuis hier en France au cinéma, et à partir demain dans quelques grandes villes américaines pour commencer (dont les deux principales au niveau marché cinématographique, New York et Los Angeles).
Et à partir du 20 décembre au Québec.

  Compatible plein écran



Ca n'a pas grande signification, tous les avis ne se valent pas, je n'ai pas varié, mais c'est toujours mieux pour la vie commercial du film:

Image

https://www.culturopoing.com/cinema/sorties-salles-cinema/terrence-malick-une-vie-cachee/20191212

Dépassant le concept de martyre chrétien, Malick donne une voix aux humbles, aux inconnus, aux vrais héros dont les tombes n’ont plus d’inscription.

Car le sacrifice de Franz ne sauve rien ni personne. Il ne permet pas de combattre le nazisme, mais il donne du sens à l’éthique. Franz n’est pas un héros en quête de gloire. Il effectue simplement son chemin, armé de son intime conviction. Le mysticisme est définitivement du côté de l’intuition non communicable de Franz qui ne sait pas ce qui est juste et injuste, mais qui sait qu’il a raison d’agir conformément à ce qu’il est pense être juste.

Si Malick peut continuer à toucher les agnostiques et ceux qui ne croient en rien mais admirent l’existence paradoxale d’un sacré-athée, c’est que son cinéma est celui du désenchantement et du doute, le lieu où il s’interroge lui même sur ses propres croyances, sans pour autant tenter de faire adhérer le spectateur à sa cause. L’athéisme n’empêchant pas l’appétence à la spiritualité,
Une vie cachée bouleverse par son alchimie formelle et thématique, sans qu’on ne comprenne parfois là où et par où elle nous atteint. [...]

[... Quelques passages sur la musique ...] Si la prière lui permet de surmonter les exactions vécues en prison, elle n’est jamais une consolation suffisante. Et son indomptable foi est affreusement solitaire. Lumière et ténèbres s’enchevêtrent en un somptueux méandre, quelque par entre le psaume et le sépulcre.

Il faudra sans doute plusieurs visions pour faire le tour d’
Une vie Cachée, qui farde sa complexité sous ses évidences et sa limpidité. Où l’intransigeance spirituelle d’un héros masque à peine l’absolue tristesse d’un cinéaste.



https://www.nytimes.com/2019/12/12/movies/a-hidden-life-review.html

The film is an affirmation of its hero’s holiness, a chronicle of goodness and suffering that is both moving and mysterious.

The mystery — and the possible lesson for the present — dwells in the question of Franz’s motive. Why, of all the people in St. Radegund, was he alone willing to defy fascism, to see through its appeal to the core of its immorality? His fellow burghers, including the mayor, are not depicted as monstrous. On the contrary, they are normal representatives of their time and place. Franz, whose father was killed in World War I, who works the land with a steady hand, a loyal wife and three fair-haired children, seems like both an ideal target of Nazi propaganda and an embodiment of the Aryan ideal. How did he see through the ideology so completely?

The answer has to do with his goodness, a quality the movie sometimes reduces to — or expresses in terms of — his good looks. Diehl and Pachner are both charismatic, but their performances amount mainly to a series of radiant poses and anguished faces. Franz is not an activist; he isn’t connected to any organized resistance to Hitler, and he expresses his opposition in the most general moral terms. Nazism itself is depicted a bit abstractly, a matter of symbols and attitudes and stock images rather than specifically mobilized hatreds. When the mayor rants about impure races, either he or the screenplay is too decorous to mention Jews.

And this, I suppose, is my own argument with this earnest, gorgeous, at times frustrating film. Or perhaps a confession of my intellectual biases, which at least sometimes give priority to historical and political insight over matters of art and spirit. Franz Jägerstätter’s defiance of evil is moving and inspiring, and I wish I understood it better.


https://www.latimes.com/entertainment-arts/movies/story/2019-12-12/hidden-life-review-terrence-malick

“A Hidden Life” is replete with such contradictions. It’s a poem and a polemic, an exploratory independent drama and a varnished Hollywood epic, a bold, even visionary work that is not without its compromises. For those of us who have long admired Malick, even during his trying recent forays into contemporary ennui (“Knight of Cups,” “Song to Song”), it’s thrilling to see him return to the historical period that gave rise to one of his finest works, “The Thin Red Line,” and emerge with an antiwar narrative that sincerely embodies its subject’s pacifism. But if “A Hidden Life” is indeed this director’s return to form — his best film since his masterful “Tree of Life,” which it resembles in more than a few respects — it might also be the most frustratingly great movie I’ve seen this year.

[...]

But if “A Hidden Life” falls short of sublimity, the troubling, powerful lesson it has to impart — the rarity of real goodness in the face of collective evil — is not so easily diminished. Nor is there any mistaking the gravity and authority of its challenge to the viewer. In one of the most piercing scenes, Franz seeks counsel from a religious artist who mournfully acknowledges how few Christians, himself included, understand what it means to actually follow Jesus, who commanded his followers to lay down their lives out of love.

“I paint their comfortable Christ, with a halo over his head,” the painter says. “Someday, I’ll paint the true Christ.” Malick [...], clearly hopes to do the same. But after seeing
“A Hidden Life,” I can’t help but wonder if, in some imperfect yet indelible way, he already has.


https://www.la-croix.com/Culture/Cinema/vie-cachee-Terrence-Malick-face-mal-force-dune-conscience-2019-12-10-1201065661

Il prie, se tourne, les nuits de détresse, vers le Ciel : « Pourquoi nous as-tu créés ? » S’accroche au souvenir de l’amour de sa femme et de ses enfants. Il porte le poids et le péché du monde. Et gravit son Golgotha jusqu’à la Passion. Il n’y manque pas même Ponce Pilate, sous les traits de Bruno Ganz, pour sa dernière apparition à l’écran, en procureur hésitant.

« Mort, où est ta victoire ? » Le chef-d’œuvre de Terrence Malick apporte une réponse saisissante au tragique destin de Franz Jägerstätter, lumière fragile qui brille au cœur des ténèbres.


(C'est une erreur en fait, la question évoquée est prononcée par sa femme.. ça ne change rien à l'esprit de la critique)

https://www.ecranlarge.com/films/critique/1154448-une-vie-cachee-critique-qui-a-beaucoup-pleure-quand-meme

Comme à nouveau en pleine maîtrise de son art, capable d’en distendre les principes ou d’en resserrer soudain les boulons, le metteur en scène invite progressivement à un abandon total. Alors que se met en branle le destin de Franz, la mystique et la grâce pénètrent dans les fêlures du récit, conférant au mélodrame un impact symbolique immense et une puissance bouleversante.

Avec patience, à la manière d’un peintre pointilliste, Malick retourne les codes du mélo pour mieux les faire siens, à mesure qu’il les nuance ou les conjugue à cette passion éminemment christique.

Ainsi, quand Franz et Franziska ont droit à une ultime entrevue, organisée pour faire flancher l’objecteur de conscience, lui permettant d’abjurer ses convictions, Une vie cachée explore soudain, et avec une économie de moyens sidérante, une certaine idée de la sainteté laïque. Il y a de la magie dans la manière qu’a le métrage de dériver avec son héros, mû par des valeurs simples et évidentes, qui le transforment lors de la dernière demi-heure en un héros de chair qui paraît à chaque instant transcender la matérialité du récit.

Une vie cachée est un des films les plus maîtrisés de Malick, c’est aussi un des plus riches. Pour passionnant que furent À la merveille, Knight of Cups ou Song to Song, ils n’en demeuraient pas moins façonnés autour d’une forme bien identifiée d’expérimentation visuelle. Ici, Terrence Malick se focalise autant qu’il se déchaîne, alternant pure séquence onirique, scènes en vue subjectives, dialogues mélangeant avec une aisance invraisemblable anglais et allemand, comme si le réalisateur s’était définitivement accompli comme alchimiste filmique.


---
Résumé 4,5/5 étoiles

Devenu une sorte d'alchimiste transcendant ses propres expériences, rejouant à l'infini des thèmes qu'il n'en finit pas d'enrichir, Terrence Malick livre ici un des plus impressionnants films de sa carrière, un mélodrame bouleversant, conçu comme une prière


En bonus, cette chère Miss Nevers de Libération:
Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher



Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


Extrait "We Lived Above The Clouds"   Compatible plein écran


"How simple life was then.
It seemed no trouble could reach our valley.
We lived above the clouds."


Extrait "The Girls"   Compatible plein écran



Il y a quelques petits détails qui peuvent cependant mettre en exil du film. Comme je l'ai écrit dans un autre message, par exemple trop d'analyse au premier regard - chercher à reconnaître le Malick des derniers films par exemple, alors qu'il explore une autre voie (tout en exploitant une part des découvertes esthétiques des derniers films - ce film n'aurait pu être sans ces films).
Ou tout simplement la fatigue - qui peut altérer grandement la réception des presque 3 heures du film, même si elle n'est pas suffisante pour vous endormir - et non le film ne l'est pas non plus endormant, mais c'est trois heures.
En celà un bon Mocaccino (par exemple) bien long quelques dizaines de minutes avant le film est le meilleur présent que vous puissiez vous faire.

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Maverick le 12 Déc 2019, 23:21

Télérama, la référence, qui dit que c'est nul, tout est dit non? :D
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 13 Déc 2019, 01:42

Maverick a écrit:Télérama, la référence, qui dit que c'est nul, tout est dit non? :D

Si tu regardes bien, ils disent aussi que c'est bon.
Il y a souvent deux critiques Télérama, chacune avec un avis différent de l'autre.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 13 Déc 2019, 13:53

https://www.cinemateaser.com/2019/12/74741-une-vie-cachee-chronique
Objecteur de conscience dans l’Autriche sous domination nazie, Franz Jägerstätter n’aspirait qu’à vivre hors de l’Histoire, dans son village au-dessus des nuages. Malick filme le quotidien de cet homme et de sa femme Fani, leur labeur, sans l’enjoliver, pour ce qu’il est : un paradis qui s’ignore. On pense à la famille de TREE OF LIFE mais le curseur est plus subtil, plus délicat et retiens l’emphase. Par petits effets, Malick capture l’incursion de l’Histoire dans ce monde jusqu’alors protégé. Le film se glace, la mise en scène s’inquiète. La douceur laisse place à la raideur. Franz refuse de retourner faire une guerre qu’il ne comprend pas. Cette prise de position est une épiphanie. Se positionner dans l’Histoire est une question de foi et Malick de repenser son christianisme à l’aune des faits et de leurs conséquences. En refusant de porter allégeance à Hitler, Franz ne cherche pas à être un symbole. Il fait juste un acte de foi. L’humanisme comme religion. Toute la dernière partie ne sera alors qu’une effroyable Passion pour Franz et Fani. Vaut-il mieux subir l’injustice que de la commettre ? Par une succession de discussions Malick interroge la résignation et la certitude de Franz. Dans les montagnes, Fanni affronte le regard des autres. Le film construit ainsi une correspondance entre les deux amoureux – les voix off se superposent, s’interrogent – sans être verbeux ou didactique car toujours nuancé, sublimé par une caméra virtuose et des acteurs prodigieux. Avec eux, Malick fond le romanesque et le métaphysique en un creuset brut d’émotion, un récit profond et essentiel. Une expérience pure d’Humanité et de beauté. Un chef-d’œuvre, donc.


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 13 Déc 2019, 20:40



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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 13 Déc 2019, 23:19

http://www.chaosreign.fr/critique-une-vie-cachee-hidden-life-de-terrence-malick-film-du-mois-12-19-review/

Convoquant les peintres du romantisme allemand comme Caspar David Friedrich ou celle du mouvement de l’Hudson River School, Malick reste définitivement le roi de l’émotion subjective: « Il voulait que nous soyons des explorateurs, capables de tourner comme une équipe de documentaires, la plupart du temps avec une lumière naturelle» explique le chef opérateur Jörg Widmer. La place manque, il faudrait aussi parler du reste, ce qui nous explique notre emballement d’ado surexcité… Le lyrisme et la musicalité, la plasticité, l’harmonie discrète des corps, la structure délicate et foudroyante du montage, les silences et les voix douces, cette partition sublime de James Newton Howard… Tout ce qui fait d’Une vie cachée une symphonie chuchotée, délicate, apaisante où l’on observe des visages angéliques comme s’il s’agissait des jeux furtifs de nuages dans le ciel. Comme si le cinéma faisait apparaitre soudain à tous les yeux une valse de la réalité la plus étroitement concrète et de l’imagination la plus sensible.


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 13 Déc 2019, 23:19

http://metrograph.com/edition/article/136/things-we-lost-in-the-fire-a-hidden-life-and-the-films-of-terrence-malick
(Metrograph Edition)

In approaching Jägerstätter’s story, Malick faced the same question that his religious painter struggles with: how can he show suffering that he hasn’t lived? The answer is that he cannot, not wholly, not beyond the threshold of the charnel house. Jägerstätter’s choice was his own, his hidden death his private property. But Malick can, in describing with such tender detail the thrum of life at St. Radegund, the abundance hidden in every homely gesture, convey something of the enormity of that which Jägerstätter left behind. This doesn’t alter history, but to us, the living, it is a gift.



https://www.vulture.com/2019/12/a-hidden-life-review-terrence-malicks-new-movie.html
(New York Magazine / Vulture.com)

Indeed, an early visit Franz has with a church painter might serve as Malick’s clearest statement about what he’s trying to do in A Hidden Life : “I help people look up from those pews and dream,” the painter says. “They look up and they imagine that if they lived back in Christ’s time, they wouldn’t have done what the others did.” Is this a sly nod to those who might wonder what the point is in 2019 of watching a man oppose the greatest evil of the 20th century? The painter’s not having it: “They would have murdered those whom they adore,” he scoffs, and we suspect that he’s correct. We shouldn’t be so smug as to assume that we would always know the right thing to do, or even be brave enough to do it, Malick seems to say. A true act of resistance should crack our universe open.




https://mubi.com/notebook/posts/review-terrence-malick-s-ecstatically-anti-fascist-a-hidden-life

In St. Radegund, Malick’s approach is nearly as fresh as it was in The New World, genuinely breathtaking at times and evoked through two touching, genuine embodiments by the actors. In prison, the film becomes as frustrated as its protagonist and far more trying an experience for the audience, yet it easily conjures for Franz and for us the absence of the outdoors, of freedom, of play, of fulfillment, and of lightness. Shot all the way back in the summer of 2016, during the American presidential campaigns and the increased popularity of Austria's far-right political party, the film’s central protest, which is in fact a very private one—Jägerstätter is constantly told no one will hear of his moral stance, that “no one will be changed” by his sacrifice—speaks with unusual direct address to this present moment. “This is what happens when the world dies, but men survive,” remarks St. Radegund’s Nazi-sympathizing mayor. Going to the bishop to protest her husband’s imprisonment, Fani is told of the Church's collaborative position: “let every man be subject to the power above them,” referring to the Third Reich. From this utterance, Malick cuts to a shot of monks carefully tending the church garden, and it is quite clear what power we should be exalting.



https://film.avclub.com/however-improbably-the-2010s-became-the-decade-of-terr-1840136114

It may be that Malick’s influence in the wake of his 2010s films will be more subtle—his collaborators bringing some of his techniques to other films, rather than future filmmakers galvanized by Christian Bale’s ocean-gazing. But while his filmography didn’t need any extra titles to burnish his reputation (and it would have been very Malick to skip from 2011 to 2019), those interim projects hold a special place in his body of work. They serve as a reminder that his searching, free-associative approach to filmmaking means something to him, not just to enterprising ad execs, filmmakers who love Badlands, or the social media posts that accidentally resemble his work. In a decade of movie-studio consolidation, Malick continued to make films that only he could make, some of which feel more intensely personal than anything he’s ever done (sometimes to the point of bafflement), at a pace unprecedented in his career. He could have disappeared after Tree Of Life, and no one would have faulted him for it. He might well have ended the decade more beloved for his absence, his earlier films more than enough to secure a legacy and a bunch of ripoff Levi’s ads. But he pressed on, and asserted his presence with a decade’s worth of movies, a weird little feed of floating-camera reveries and unspoken sadnesses. In 10 or 20 years, they may look more like the 2010s than they do now.


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 14 Déc 2019, 01:22

Last but not least...

https://www.rogerebert.com/reviews/a-hidden-life-movie-review-2019

And yet, improbably, “A Hidden Life” is a tragic story that doesn’t play solely as a tragedy. The misery endured by Franz, Fani and their children is presented as a more extreme version of the pain everyone suffers as the byproduct of life on earth. The rumbling buzz of bombers passing over the village are of a piece with the arrival of the American warships in Malick's "The Thin Red Line" to take Pvt. Witt away from his pacifist paradise and into the war zone, and the English galleons signaling the impending colonization of Powhatan lands in "The New World," and the shots of cops and Pinkertons creeping up on the fugitive heroes of "Badlands" and "Days of Heaven" just as they were able to lose themselves in personal paradise.

Did God create suffering, and evil? If so, why? And why do suffering and evil inflict themselves arbitrarily and unequally? Is the test of endurance and faith the point of injustice and pain? If so, is that point a defensible one? Why be moral at all if morality can be neutered by force, and if the powerful are inoculated against consequences that sting rest of us?

These are the questions. Malick offers no answers. As Fani tells us near the end of this story, all questions will be answered in time.

So we wait.


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 15 Déc 2019, 20:04

Comme le film conquiert pratiquement tout le monde... même Philippe Bilger (oui le Philippe Bilger) se sent mu d'une impérieuse nécessité d'aller défendre le film.

Etonnant, non !?


https://www.bvoltaire.fr/pauvre-de-moi-pauvres-de-nous/


J’abandonne tout ce que j’avais prévu. Notamment la scandaleuse contestation du prix Nobel de Peter Handke à cause de ses positions pro-serbes.

Je viens d’avoir un choc et tout ce qui est de l’écume d’aujourd’hui peut être remis à demain.

Je sors du film de Terrence Malick
Une vie cachée.

C’est long – trois heures -, lourd, lent, appuyé mais c’est magnifique.

C’est une histoire vraie, un moment inconnu de la résistance au nazisme, avec une fin à tirer les larmes.

C’est la tragédie glorieuse d’une famille qui s’aime, un couple autrichien avec trois enfants. Le mari est un agriculteur qui va refuser, au nom de sa foi chrétienne et de son horreur du nazisme, de prêter le serment de fidélité à Hitler. Jusqu’au bout. Avec l’accord admirable et douloureux de son épouse déchirée mais fière.

Franz Jägerstätter, condamné à mort, sera décapité.

Pourquoi ai-je été aussi bouleversé par cette œuvre nous restituant avec grandeur une destinée ignorée, « une vie cachée », dans leur prélude heureux avant l’effrayante suite ?

Les temps tranquilles. L’harmonie et la splendeur de la nature. Les travaux des champs. Les bêtes. Les ruisseaux. L’enfance. L’amour. Les jours qui passent et ne laissent rien craindre. La lenteur est simplement celle d’existences accordées à ce rythme.

La raucité brutale de Hitler, des images de lui discourant en public et plaisantant en privé, les hurlements nazis, contraste absolu avec le monde d’avant.

Les tentatives pour convaincre Franz d’abandonner sa résolution en lui disant qu’il pouvait prêter serment mais n’en penser pas moins.

L’hostilité odieuse que les villageois lui ont manifestée ainsi qu’à son épouse, parce que les autres maris se battaient.

L’enfermement et, jusqu’au dernier moment, la tentation de signer le document libérateur, les objurgations de son avocat, l’ultime rencontre avec celle qui va le perdre mais en le soutenant. Des scènes dignes de l’antique.

Je n’ose pas avouer le fond de ma pensée ni la vérité de ma sensibilité. Car ce que j’ai retenu de cette existence plus qu’héroïque – massacrée le mois et l’année de ma naissance – est l’impression qu’elle m’a donnée de n’être rien qu’infiniment quotidien, ordinaire. Tristement humain avec des limites et des impuissances.

En effet, comment peser face à cette obstination surhumaine, quasiment inhumaine par sa roideur inflexible, avec sa constance éthique, sa certitude inébranlable d’être du côté du bien parce que le mal est à combattre et qu’on sait où il est, cette épopée discrète de courage et d’opposition, cette audace anonyme – on a beaucoup joué auprès de lui sur cette corde-là – pour se tenir debout, sans faillir, contre toutes les tendresses et douceurs de la banalité des jours ?

Pauvre de moi englué dans les peurs, les petitesses, les accommodements, les ambitions, les sinuosités, les jalousies, la gestion au jour le jour d’une existence aspirant à l’élan mais trop souvent plombée par l’appel du bas. Non pas que j’imagine, comme on pourrait parfois le concevoir pour des héroïsmes plus accessibles, quoi que ce soit de commun entre cette démonstration inouïe d’humanité et nos épisodes plus familiers ; mais il n’empêche qu’elle projette une lumière irradiante sur mes ombres, sur nos obscurités. Elle nous contraint à nous considérer tels que nous sommes.

Pauvres de nous, donc, avec notre pluriel médiocre et nos combinaisons d’épiciers pour surmonter tant bien que mal le « dur métier de vivre », confrontés à cette singularité éblouissante, inconcevable, qu’on admire mais d’une manière presque distanciée : comme si, au fond, on était heureux que ce Franz Jägerstätter ait été des nôtres mais à des années-lumière de nous.

Une conclusion douce et amère.

Sa foi l’a aidé, l’a animé, lui a permis, ainsi qu’à son épouse, de tenir, de porter au plus haut une dignité arc-boutée contre le mal, d’assumer une mort inéluctable. Mais pourquoi Dieu en qui il croyait, s’il est bienveillant et tout-puissant, a-t-il permis le surgissement de démons contre lesquels, à sa place humble, Franz a lutté et qui l’ont fait mourir ?

Cette interrogation troublante laisse toute sa place à ma respectueuse empathie pour cet homme décapité au mois d’août 1943.


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 17 Déc 2019, 18:19

"Oh putain."
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 20 Déc 2019, 14:39

A quelques jours de sa sortie française, le jour de Noël, bien meilleure à mon sens que la bande-annonce française, pour traduire l'esprit du film...

Voilà la bande-annonce américaine toute chaude de ces dernières heures de

La Vérité de Hirokazu Kore-eda
Avec Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Ethan Hawke, Ludivine Sagnier.
Mais aussi Roger Van Hool (complètement fantasque), Alain Libolt et Christian Crahay. Et même Jackie Berroyer.
Et la révélation de Manon Clavel, dans le rôle éponyme de la mère contemporaine du personnage de Catherine Deneuve ( :gratte: vous comprendrez en voyant le film :D )


Ou quand, en quelque sorte, le cinéma de Kore-eda rencontre celui de Pascal Thomas.


Bande-annonce américaine   Compatible plein écran


Et pour rappel...

Bande-annonce française   Compatible plein écran


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Rainier le 20 Déc 2019, 15:37

dans la VF "Quelle actrice vous a le plus fortement transmis son ADN ?"

dans la Version US "A quelle actrice avez vous transmis un peu de votre ADN ?" (To what actress have you imparted some of your DNA ?)

:gratte:
la démocratie et la souveraineté nationale sont comme l’avers et le revers d’une même médaille.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 20 Déc 2019, 15:54

Si je me souviens bien.

Les deux questions sont posées (l'interview est un peu balourde, exprès, pas de la part du journaliste mais de la part du cinéaste)
Et la réponse qu'on entend tient à la question "A quelle.."

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 20 Déc 2019, 23:42

Sur Une Vie Cachée, Un extrait montrant une voix off coupée du film, sur des prises de vues parfois absentes du film (pratiquement pour moitié )...
Sachant un peu comment ça se passait, je dirais que cette séquence provient de clips/extraits qui était préparé durant le long montage, ou bien pour convaincre des distributeurs d'acquérir le film, ou bien pour calmer l'impatience de certains distributeurs. Et que même si Fox Searchlight est un acquéreur très tardif, il a eu accès à ce matériel.

Il reste que ce personnage a été complètement coupé du montage final.

Une vie cachée - Monologue coupé - Montage inédit   Compatible plein écran


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 21 Déc 2019, 15:05

Plusieurs traduction d'un même passage du livre 11 de L'Odyssée d'Homère.
Le passage qui est justement évoqué dans la vidéo qui précède...

Je m'empresse de lui répondre par ces mots :
« Achille, fils de Pélée, toi le plus illustre d'entre les Achéens, je suis venu consulter Tirésias en ces lieux, afin qu'il me dise comment je pourrai retourner à Ithaque. Je n'ai point encore revu l'Achaïe ni touché aux terres paternelles, mais j'erre toujours sur les mers et je souffre mille douleurs. Noble Achille, nul homme n'a jamais été ni ne sera jamais plus heureux que toi. Durant ta vie nous t'honorions comme un immortel ; et maintenant que tu as cessé d'exister, tu règnes en ces lieux sur les âmes des morts. Noble Achille, ne t'afflige point d'être descendu dans les sombres demeures ! »
Il me répond aussitôt :
« Illustre fils de Laërte, ne cherche point à me consoler du trépas ! J'aimerais mieux, simple cultivateur, servir sous, un homme pauvre qui ne posséderait qu'un faible bien, que de régner sur toutes ces ombres ! [...]



Il dit, et je riposte à sa demande vive :
« Pélide Achille, ô toi qui nous extasias,
J’étais venu savoir du vieux Tirésias
Comment de l’âpre Ithaque enfin toucher la rive.
Car je ne suis jamais en Grèce retourné
Ni sur mon sol, mais j’erre encore ; pour Achille
Nul ne fut, ne sera plus que lui fortuné.
En haut, ainsi qu’un dieu, l’honore chaque ville ;
À cette heure, il commande aux peuplades d’en bas.
Ne t’afflige donc point d’être mort, Péliade. »

À ces mots, le vaillant : « Ne me console pas
Du néant de la mort, noble Laërtiade.
J’aimerais mieux servir, en simple laboureur,
Un rural qui n’aurait qu’une maigre chevance,
Que de régner sur tous dans ces lieux de terreur. [...]


Il parla ainsi, et je lui répondis :

— Ô Akhilleus, fils de Pèleus, le plus brave des Akhaiens, je suis venu pour l’oracle de Teirésias, afin qu’il m’apprenne comment je parviendrai dans l’âpre Ithakè, car je n’ai abordé ni l’Akhaiè, ni la terre de ma patrie, et j’ai toujours souffert. Mais toi, Akhilleus, aucun des anciens hommes n’a été, ni aucun des hommes futurs ne sera plus heureux que toi. Vivant, nous, Akhaiens, nous t’honorions comme un Dieu, et, maintenant, tu commandes à tous les morts. Tel que te voilà, et bien que mort, ne te plains pas, Akhilleus.

Je parlai ainsi, et il me répondit :

— Ne me parle point de la mort, illustre Odysseus ! J’aimerais mieux être un laboureur, et servir, pour un salaire, un homme pauvre et pouvant à peine se nourrir, que de commander à tous les morts qui ne sont plus. [...]


"And I said, ‘Achilles, son of Peleus, foremost champion of the Achaeans, I came to consult Teiresias, and see if he could advise me about my return home to Ithaca, for I have never yet been able to get near the Achaean land, nor to set foot in my own country, but have been in trouble all the time. As for you, Achilles, no one was ever yet so fortunate as you have been, nor ever will be, for you were adored by all us Argives as long as you were alive, and now that you are here you are a great prince among the dead. Do not, therefore, take it so much to heart even if you are dead.’

"‘Say not a word,’ he answered, ‘in death's favor; I would rather be a paid servant in a poor man's house and be above ground than king of kings among the dead. [...]


I answer’d him: ‘I was induc’d t’ invade
These under-parts, most excellent of Greece,
To visit wise Tiresias, for advice
Of virtue to direct my voyage home
To rugged Ithaca; since I could come
To note in no place, where Achaia stood,
And so liv’d ever, tortur’d with the blood
In man’s vain veins. Thou, therefore, Thetis’ son,
Hast equall’d all, that ever yet have won
The bliss the earth yields, or hereafter shall.
In life thy eminence was ador’d of all,
Ev’n with the Gods; and now, ev’n dead, I see
Thy virtues propagate thy empery
To a renew’d life of command beneath;
So great Achilles triumphs over death.’
This comfort of him this encounter found;
‘Urge not my death to me, nor rub that wound,
I rather wish to live in earth a swain,
Or serve a swain for hire, that scarce can gain
Bread to sustain him, than, that life once gone,
Of all the dead sway the imperial throne. [...]



“Through the thick gloom his friend Achilles knew,
And as he speaks the tears descend in dew.

“‘Comest thou alive to view the Stygian bounds,
Where the wan spectres walk eternal rounds;
Nor fear’st the dark and dismal waste to tread,
Throng’d with pale ghosts, familiar with the dead?’

“To whom with sighs: ‘I pass these dreadful gates
To seek the Theban, and consult the Fates;
For still, distress’d, I rove from coast to coast,
Lost to my friends, and to my country lost.
But sure the eye of Time beholds no name
So bless’d as thine in all the rolls of fame;
Alive we hail’d thee with our guardian gods,
And dead thou rulest a king in these abodes.’

“‘Talk not of ruling in this dolorous gloom,
Nor think vain words (he cried) can ease my doom.
Rather I’d choose laboriously to bear
A weight of woes, and breathe the vital air,
A slave to some poor hind that toils for bread,
Than reign the sceptred monarch of the dead. [...]


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 21 Déc 2019, 21:12

Ah et puis oui, c'est bien LE Jürgen Prochnow.
Longtemps lié au film, avant de disparaître du générique.

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 27 Déc 2019, 10:47

Hugues a écrit:Ca n'a pas grande signification, tous les avis ne se valent pas, je n'ai pas varié, mais c'est toujours mieux pour la vie commerciale du film:

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Et c'est rare pour un film du cinéaste:
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Dervi le 27 Déc 2019, 11:50

J'ai vu le dernier Terrence Malick, Une vie cachée. Il revient à un cinéma évident et accessible pour tout le monde.
Ce film ne trompera cependant personne, il est imprégné du style de Malick avec l'homme qui évolue dans une nature toujours aussi centrale dans son cinéma et ces voix off qui soulignent les sentiments et ressentis de ses personnages principaux.
Dans ce cadre, un homme plaçant le libre arbitre au-dessus de tout, va se poser la question de ce qui est juste pour un Autrichien appelé à servir pour l'armée allemande de Hitler durant la seconde guerre mondiale. Son choix l'amènera à en affronter les conséquences en s'opposant à son village, son église, son armée et son Etat. Tout ce parcours nous ramène à notre propre vie qui nous a confronté, nous confronte et nous confrontera sans relâche à des choix, parfois mineurs, parfois majeurs. Ils nous amènent toutefois toujours à nous interroger sur nos idées et comment les accorder avec les choix que la vie nous impose.
Les acteurs sont aussi grandioses et Malick capte leurs expressions avec génie, ce qui crédibilise d'autant plus leurs sentiments et leurs actes et happe le spectateur dans cette histoire assez simple mais qui s'élève tellement haut.

Voilà, vous pouvez aller le voir. Il est même possible que des lycéens apprécient. Ils sont allés le voir finalement Ouais_supère ?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 27 Déc 2019, 11:59

Oui, nous y sommes allés.

Le moins que l'on puisse dire est qu'il n'a globalement pas été très bien reçu.
La faute notamment à une contextualisation complètement ratée (les gamins croyaient aller voir un film sur les camps de concentration, puisque la 2ème GM, n'est-ce pas, ce ne sont que les camps), et à une absence totale de culture cinématographique pour la plupart (ils n'ont jamais vu ce type de cinéma, sans "dialogue", sans "action"...), c'est une première.

Ceux qui ont apprécié ont parfois eu peur de l'avouer devant l'ire de leurs camarades.

J'ai entendu de tout, en tout cas. :D
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Dervi le 27 Déc 2019, 12:29

Du coup, quelle proportion a aimé ?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 27 Déc 2019, 13:41

1/10ème environ.
Mais aimer reste un grand mot.

Pas détesté en tout cas.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 28 Déc 2019, 00:23

Je viens de voir Une affaire de famille, de Kore Eda.

Ce film est un chef d'œuvre, je suis terrassé.

Mais bon, on peut aussi s'écharper sur le dernier Star Wars, j'imagine...
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Feyd le 28 Déc 2019, 00:27

Bah en tout cas, Hugues considère que c'est un film de merde et le pire c'est que je suis d'accord avec lui sans l'avoir vu. :lol:

Mais on a le droit de s'écharper sur autre chose. 8-)
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