(écrit ça au cours de l'après-midi en brouillon - en dehors du navigateur, là où je suis assuré de retrouver le texte.. et puis oublié ou pas trouvé le temps de le poster)
Marlaga a écrit:Hugues a écrit:Bref, non seulement ces gens pouvaient porter plainte devant les autorités si ça leur chantait et si c'est trop tard, ce n'est pas à Polanski de subir leur erreur à vie... (la subir puisque on le prive de toute possibilité de se défendre et d'avoir un jugement ).
Mais en plus au moins trois de ces personnes sont des menteuses ou quasiment surement des menteuses.
On franchit un cap là. "Ce n'est pas au violeur de subir à vie l'erreur de la victime de ne pas porter plainte."
Vaut mieux pas te répondre en fait.
On ne franchit rien du tout. C'est toujours la même chose, toujours la jurisprudence Papon. Déjà en 2003, on nous disait ici, nous traitant de tous les noms qu'un pas était franchi.
On est juste dans un monde où les monstres n'existent pas et où tout le monde est humain.
Par humanité, personne n'a à subir sa propre erreur à vie.
Et personne n'a à subir la propre erreur de sa victime à vie.
Même le plus détestable des personnages mérite un traitement humain et équitable. Même Papon, même je ne sais quel dictateur (oui on va éviter le point Godwin). Personne n'est en dehors de l'humanité.
Et dans l'humanité, il y a l'idée que le temps et l'expérience change les hommes. D'où l'idée de prescription (liée aussi au fait que la vérité devient impossible à trouver), qui je comprends te gêne grandement. Mais c'est moi qui suis civilisé et non barbare en ce cas: c'est le fruit de millénaires d'évolution de la pensée, d'essais et d'erreurs, dont on a appris, tu voudrais juste réessayer les mêmes erreurs passées, avec les mêmes résultats.
D'où le discours de Geimer lié à la prescription, sur le fait qu'agir ainsi envers des gens si longtemps après, niant leur rédemption, leur évolution, considérant qu'un homme sera toujours un monstre même 40/50 ans après, c'est dire à ceux qui ont changé "ne changez pas... car même si vous changez, on vous considérera toujours comme des monstres." Pourtant que recherche la société. A cracher sur les délinquants, à les torturer, leur arracher les ongles, à répandre leur sang, c'est à dire la vendetta la plus bestiale ou disons moins hystériquement (ça reste hystérique) les mettre au banc de la société toute leur vie ... Ou à ce qu'ils changent ?
Quant à ton raccourci, violeur et victime sur des faits dont tu ne sais pas la réalité... ce sont des raccourcis aisés pour faire dire ce que tu veux à ton interlocuteur. Pour trouver une cause pour t'en indigner.
Ta phrase tordant mes propres mots, devient déjà moins convaincante quand on remplace violeur/coupable par accusé et victime par plaignante ou victime alléguée/supposée/revendiquée.
En réalité, tu me reproches simplement d'être rationnellement fidèle à des principes que j'ai énoncé il y a longtemps comme cardinal pour moi et à mon sens pour la civilisation. Et sur lesquels je n'ai pas varié depuis la première fois où je les ai énoncé ici.
Bref, je ne suis pas politiquement correct peut-être. Mais la raison parfois n'est pas nécessairement politiquement correcte. Et la déraison parfois l'est politiquement correcte comme de nos jours où le fascisme, celui qui censure est applaudi, et où les fascistes s'ignorent et le font au nom du bon sentiment, reproduisant les gestes des vrais Fascistes historiques, sans le comprendre.
Le politiquement correct, c'est l'émotion et sa dictature :
"Comment Voltaire, mais tu défends ce protestant de Calas qui a tué son fils pour qu'il ne devienne pas catholique?! Quelle honte!"
"Comment Picquart, toi qui hais ces juifs autant que moi, mais tu défends ce Dreyfus ?"
"Comment Hugues, mais tu dis que Le Pen a raison durant le débat d'entre deux tours ?"
La raison n'a rien à voir avec l'émotion, et donc rien à voir avec le politiquement correct. Parfois les deux vont dans le même sens, parfois les deux sont orthogonaux ou opposés. Il n'y a, en un mot, pas de corrélation.
Donc sois choqué, soit... Sois-le, vraiment sois-le. Indigne toi puisque c'est la mode, l'indignation permanente jusqu'au non sens.
Mais assume alors d'être dirigé entièrement par l'émotion et d'avoir déserté la raison. Et donc que ta vérité émotionnelle soit comme toute les émotions: impartageable puisque hors de tout argument. Alors qu'avec la raison, on peut sans partager forcément toutes les conclusions - parce qu'on a peut-être un a priori émotionnel qui lutte avec le discours argumenté de l'interlocuteur - au moins comprendre le raisonnement de son interlocuteur. Et comprendre si on a un a priori qui nous souffle qu'il a tort, que si on veut démontrer qu'il a tort, alors il faut juste lui démontrer que ses arguments sont faux ou mauvais. Et non lui dire qu'il dit des choses honteuses (morale, émotion). C'est ça l'intérêt de la discussion argumentée.
Changer d'avis par soi même, en découvrant que son discours ne tient pas (ne fus-je pas, très jeune européiste? )... ou découvrir plus précisément encore qu'on l'imaginait pourquoi la raison nous a amené à telle opinion, à travers l'intensité de la contradiction.Mais si on reste dans le jugement moral et dans l'expression de ses émotions, tout ça est impossible. La discussion ne sert à rien.
Hugues