de Shoemaker le 24 Avr 2018, 09:53
Rien n'est terminé, loin de là. Les buts des adversaires de la Syrie sont toujours des buts actifs. Destruction de l'Iran, du Hezbollah, et malgré la quasi défaite en Syrie, saboter toute tentative de reconstruction du pays.
Et au final, faire de telle sorte que la Russie s'embourbe comme en Afghanistan, ne pouvant faire face aux multiples provocations systématiques (sous risque de provoquer une conflagration tragique).
La situation est même hautement volatile.
- La Turquie joue un jeu complètement incontrôlable, ce qui qui est la signature stratégique des Frères Musulmans. Taper à droite, à gauche, s'allier avec les USA, avec les Russes, avec le diable même, pourvu que, croient-ils, cela les rapproche d'un pouvoir fantasmatique "califal" (dire que c'est la Turquie qui, dans les années 20, avait mis fin au Califat historique !). Il est évident que la Turquie rêve de devenir une puissance hégémonique sur les pays Arabes de la région, avec Erdo en tant que grand pacha sunnite. Ce dernier joue alors toutes les cartes qu'il a en main : l'OTAN, Israel, les hordes dites "djihadistes", les Russes, un œil sur la Saoudie et l'Iran, les migrants menaçant l'Europe, etc.
Jusqu'ici il tient le coup, et il sait pourquoi : l'OTAN n'arrive pas à se faire à l'idée que la Turquie soit perdue pour l'OTAN, ça serait un échec grave. La Russie, saturée de patience, essaye de tirer la Turquie doucement vers elle. Etc. Et Erdogan joue malicieusement avec le feu. Par exemple, il a approuvé la frappe récente des 3 gangsters contre la Syrie. On imagine aisément comment Poutine a pris l'insulte, lui qui a pourtant permis à Erdogan d'aller faire le rat contre les Kurdes (lesquels, en matière de traitrise en tiennent aussi une sacrée couche)
- La Russie... Poutine a cramé ses dernière cartouches dans le mode "la coalition d'Occident bombarde mon allié sous mon nez, même symboliquement, mais je dois me la fermer...". C'est une position intenable à moyen terme. Les 3 Gangsters le savent et leur boss de TelAviv encore plus.
- Oui, comme dit dans l'article de MoA, les va-t-en-guerre néocons n'ont pas eu leur dose. Ils ont compris que si Trump leur a "fait plaisir" en lançant quelques vieux Scuds-US réformés, en fait, il ne veut pas en faire plus que ça. Alors, oui, les néocons vont redoubler d'audace, de folie, de démence, pour le pousser à aller plus loin, plus fort. Aller vraiment titiller l'Ours Russe et l'Iran. Bref, provoquer une situation, encore une fois, qui pousse la Russie à intervenir, mais conventionnellement. Et que du coup, elle coule (la Russie ne peut se comparer à l'immense force de frappe de l'Empire qu'en réduisant la planète en bouillie ; en combat conventionnel, loin de ses frontières, elle n'a aucune chance).
- L'IRan, grande inconnue. Peut-on toucher (gravement) à ce pays, sans provoquer une catastrophe ? Nethanyahou et ses prêtres messianistes en sont convaincus. Normal, la venue du Messie d'Israel est concomitante avec une déflagration totale. Je ne plaisante pas : les illuminés de TelAviv en sont là en ce moment ! Même s'ils sont plus pop, plus rock"n roll que les foldingos de Daesh, leur psychologie fonctionne de la même manière : profonde croyance en une eschatologie illuminée, avec des histoires de Eretz Israel Biblique promise par Dieu, venue du Messie, et tout le toutime... Le sionisme dit "laïque" a vécu. C'est terminé. Il a fait son heure, son job (principalement avec les Travaillistes). Maintenant, on travaille au grand jour, et c'est le Sionisme "messianique" qui a pris la main.
- Hilary devait être l'instrument ultime pour le feu d'artifice final (Obama, au dernier moment, a refusé de toucher à l'Iran). Trump, homme d'affaire et animateur de télé, se tâte. Il semble convaincu que l'Iran "delenda est". Mais sur quelles bases pense-t-il cela ? Des arguments absurdes que lui ont susurrés les néocons (l'Iran serait derrière le terrorisme international !!!). Jusqu'à quel point croit-il à une telle fable ? On ne le sait pas. Vers la mi-mai, il doit décider du sort du Traité entre l'Iran et les 5. Soit il s'en retire, et on peut penser alors que le pire peut advenir. Soit il confirme le Traité, et c'est un rude coup pour les foldingos de Telaviv, ce qu'ils n'avaleront jamais, puisqu'ils pensent qu'ils sont à deux doigts du but extatique.
- Je ne parle pas des Arabes, des Saoudiens, etc. Ils sont totalement out. L'Histoire est en train d'essuyer ses pieds sur leur cadavre, sans même s'apercevoir de leur présence. Ils ont été les gros abrutis idiots utiles de toute "l'affaire" ("affaire" qui est un mélange de messianisme, de pétrole, de vente d'armes, de désir d'hégémonie mondiale, de folie, de capitalisme en phase finale...).
Etc etc.
On en est en gros, à ce stade des choses : des gens, un peu fous, ont une envie irrépressible de plonger le monde dans une merde totale.
Ca ne sert même plus à rien de choisir un camp, les forces en action s'en foutent.
Prions.
"c'est quoi le blues". Toujours les mêmes histoires, celles qui font vaciller les mondes et les empires.
John Lee Hooker