Comme tous les ans, l'exercice d'écrire un laïus sur un film vu il y a un an est un peu difficile (la vieillesse, tout ça).
(Comment ça j'ai que 28 ans ?
)
On va commencer par les films sortis en salle en 2016 :
Accessits :- 10 Cloverfield Lane, Dan Trachtenberg. Censé être initialement un film indépendant scénaristiquement parlant, 10 Cloverfield Lane a été rattaché tardivement à l’univers de Cloverfield, ce qui a nécessité le tournage de scènes supplémentaires ; on s’en rend un peu compte en visionnant le film. Malgré tout, le résultat est plutôt impeccable, John Goodman absolument parfait dans son rôle de geôlier à la fois protecteur, paranoïaque et effrayant. Les cartes sont sans cesse brouillées, jusqu’à un final plutôt inattendu qui pose la question suivante : peut-on avoir raison à propos d’une menace mais tort dans la manière de s’en protéger ?
- Dernier Train pour Busan, Sang-ho Yeon. Film de zombies se passant quasi-exclusivement à bord d'un train (à destination de Busan, aussi incroyable que cela puisse paraître ), Dernier Train pour Busan, s'il n'a pas une originalité folle, parvient à se montrer particulièrement ludique en plaçant ses personnages dans des situations de plus en plus inextricables, dont ils ne peuvent se sortir qu'au prix d'idées et de risques proportionnels à la menace. Très efficace et distrayant.
- Elle, Paul Verhoeven. Le trublion néerlandais tourne désormais en France, après être devenu persona non grata aux États-Unis (qui ont fini par se rendre compte qu'il se foutait de leur gueule à chaque film). Cette fois-ci, il s'attaque à la bourgeoisie française, et il n'y va pas avec le dos de la cuillère. Tout commence par un viol, et par une victime qui ne réagira pas du tout de la manière attendue... Isabelle Huppert, comme souvent, est absolument admirable dans son rôle.
- Jodorowsky's Dune, Frank Pavich. Jodorowsky’s Dune est un documentaire décrivant la tentative d’Alejandro Jodorowsky d’adapter le roman Dune, de Frank Herbert, au cinéma. À travers les interventions des différents acteurs du projet et surtout de Jodorowsky en personne, ce film parsemé de dessins et d’animations nous met l’eau à la bouche devant l’un des plus célèbres projets cinématographiques avortés.
- Le Monde de Dory, Andrew Stanton & Angus MacLane. Bonne surprise que cette suite au Monde de Nemo, puisque, loin de s'appuyer sur ses acquis, Pixar décide de nous prendre par surprise en proposant un film très différent du premier. S'il suit le schéma de la quête initiatique, c'est à la recherche de sa mémoire que part Dory, dans un maelström de rencontres toutes plus improbables les unes que les autres. Le résultat est peut-être même supérieur au précédent film.
- Les Ardennes, Robin Pront. Un thriller violent et sans concession qui nous est venu de Flandre. Jusqu’au-boutiste dans sa représentation d'une frange sociale délaissée, livrée à elle-même, d'où les personnages semblent ne pas pouvoir s'extraire.
- The Neon Demon, Nicolas Winding Refn. S'il a sans conteste un indéniable talent pour l'image, Winding Refn a un peu trop tendance à se regarder le nombril, et ça se voit. The Neon Demon montre l'ascension fulgurante d'une jeune fille dans l'univers du mannequinat, mais mélange très bonnes idées visuelles et branlette graphique. Pas déplaisant à regarder, mais pas non plus le film le plus subtil du réalisateur.
Allez, c'est parti pour les dix :
10 : The Witch, Robert Eggers.
Situé à l'époque de la colonisation de l'ouest américain,
The Witch suit une famille de mormons expulsés de leur communauté. Livrés à eux-mêmes pour bâtir leur maison et faire fructifier tant bien que mal leurs quelques possessions terrestres et animales, ils vont rapidement être confrontés à des phénomènes de nature à bouleverser leur foi et à faire voler en éclat leurs liens familiaux. Maladroitement catégorisé comme "film d'horreur" dans sa promotion,
The Witch pourrait plutôt être désigné comme un film mélangeant fantastique et angoisse : rien de réellement effrayant, mais plutôt une ambiance de plus en plus pesante.
9 : Saint Amour, Benoît Delépine & Gustave Kervern.
Dernier film en date du duo Delépine-Kervern,
Saint Amour est une virée à travers la France d’un père éleveur et de son fils sur la route des vins, à bord d’un taxi conduit par Vincent Lacoste. Poelvoorde campe un alcoolique particulièrement peu à l’aise avec les femmes et Depardieu son père, qui tente ce qu’il peut pour se rapprocher de son fils et l’aider, en laissant régulièrement des messages sur le répondeur de son épouse décédée. Suivant le même principe que
Mammuth, celui du voyage initiatique, le film nous entraîne d’une rencontre à l’autre, avançant de plus en plus loin dans l’absurdité touchante. Comme souvent avec Delépine et Kervern, Saint Amour ne se contente pas de faire rire, c’est aussi (surtout ?) une réflexion sociale à travers des personnages qui, bien qu’à peine esquissés, ont une profondeur que le spectateur capte au premier coup d’œil. Une vraie réussite.
8 : Comancheria, David Mackenzie.
Pensé comme un western,
Comancheria se déroule au fin fond du Texas, dans des petites villes à l’écart du temps, délaissées par les grandes mégapoles de l’est américain. Braquages de banques, poursuites, mais aussi calme plat et mortifère de ces espaces abandonnés, tout y est. Jeff Bridges, comme souvent, est excellent dans son rôle de texas ranger nonchalant qui vanne sans cesse son partenaire, Gil Birmingham, sur ses origines indiennes. Quelques séquences sont vraiment marquantes, faisant du film une petite réussite.
7 : Kubo et l’armure magique, Travel Knight.
Très bonne surprise que ce film d’animation du studio Laika (
Coraline,
L’Etrange pouvoir de Norman,
Les Boxtrolls) ! Réalisé en stop-motion,
Kubo et l’armure magique est un petit exploit de mise en scène, tout en ne cédant pas un pouce de terrain à une excellente narration ne tombant jamais dans la facilité. L’animation est si fluide qu’il est quasiment impossible de repérer la stop-motion ! Très beau visuellement comme scénaristiquement, ce film est clairement un immanquable de 2016 pour les amateurs d’animation.
6 : Tu ne tueras point, Mel Gibson.
Engagé volontaire lors de la 2nde Guerre Mondiale, Desmond Toss est également profondément croyant, et, à ce titre, il refuse de toucher à une arme. Néanmoins, voulant aider ses compatriotes, il devient infirmer militaire et va faire preuve d’un dévouement hors-pair pour sauver les siens. Inspiré d’une histoire vraie,
Tu ne tueras point aurait pu être un film banal voire idiot sur la foi chrétienne, mais il n’en est rien : n’épargnant aucun détail de la brutalité du conflit au Pacifique, il n’impose à aucun moment un quelconque point de vue sur les faits. Toss est persuadé d’être aidé par son dieu, mais Gibson, bien que très croyant lui-même, ne fait que montrer ses actes avec une vision extérieure : Toss est habité et, quelle que soit sa motivation, elle le pousse jusqu’à l’épuisement. Très fort.
5 : Les Huit Salopards, Quentin Tarantino.
Pour son deuxième (et probablement dernier) western, Tarantino change totalement de sujet pour choisir un huis-clos lors d'une tempête de neige, où aucun personnage ne fait confiance aux autres. Très dialogué, bien plus proche du style d'un
Reservoir Dogs que de
Django Unchained, le récit n'en est pas moins captivant. L'influence de
The Thing sur l'ambiance est palpable, puisqu'il s'agit d'un huis-clos où tous les personnages se soupçonnent les uns les autres (ce n'est pas un hasard si certains titres de la B.O. proviennent de pistes de
The Thing inutilisées). Construit en deux parties (séparées par une entracte dans la version pellicule 70mm), le film est ainsi fracturé entre une première partie de mise en place, à l'atmosphère tendue, et une deuxième partie totalement folle et imprévisible. Du bon Tarantino.
4 : The Revenant, Alejandro González Iñárritu.
Iñárritu situe son western au début du XIXe siècle en Alaska, une époque et un lieu assez peu traités dans le genre. Au milieu d’étendues enneigées, des trappeurs essaient d’échapper à une tribu indienne hostile. Blessé gravement suite à un corps-à-corps avec un ours, sommairement soigné mais finalement abandonné par ses pairs, Hugh Glass (Leonardo Di Caprio) doit aller au bout de lui-même pour survivre. À travers une quête initiatique le menant à une véritable renaissance, Glass veut pouvoir venger son fils, assassiné par John Fitzgerald (Tom Hardy), un trappeur sans scrupules. Une image magnifique, des plans-séquences virtuoses menés de main de maître par Emmanuel Lubezki (également directeur de la photographie de Malick et de Cuaron),
The Revenant est une grosse claque en pleine gueule.
3 : The Tenants Downstairs, Adam Tsuei.
Adam Tsuei est l’ancien directeur de Sony Music Entertainment en Chine, et producteur de chanteurs de pop chinois. Il a également été producteur de trois films de romance :
You Are the Apple of My Eye,
Tiny Times et
Café. Waiting. Love. Bref, quand on connaît le CV du monsieur, et qu’on entend qu’il va réaliser son premier film, à quoi peut-on s’attendre ? Certainement pas à
The Tenants Downstairs, en tous cas ! Cette histoire du propriétaire d’un immeuble qui espionne ses locataires grâce à un réseau de caméras part en effet très vite en vrille, lorsqu’il décide de bouleverser leur routine à leur insu. Le résultat est totalement inclassable, avec des scènes de comédie mais en virant parfois dans l’horreur ou le gore. Un film totalement fou, à un degré rarement vu.
2 : Demolition, Jean-Marc Vallée.
Davis Mitchell (Jake Gyllenhaal) ne comprend pas la totale absence de tristesse qu’il éprouve devant le décès de son épouse. Totalement décalé face au monde qui l’entoure, et en particulier ses proches, il rencontre une mère célibataire (Naomi Watts) et son fils (Judah Lewis) et décide de tout démolir, en commençant par sa propre maison. Loin d’un facile tire-larmes,
Demolition aborde le thème du deuil sous un angle intéressant et assez tabou, lui donnant un aspect exploratoire. Dans la construction du récit, d’autres thèmes sont également abordés de manière intelligente et efficace (l’homosexualité, notamment). Une vraie bonne surprise en ce qui me concerne.
1 : Premier Contact, Denis Villeneuve.
Ca y est, les extra-terrestres sont arrivés sur Terre. Mais il s’agirait maintenant de pouvoir communiquer avec eux ! C’est sur cette intrigue d’apparence basique que démarre
Premier Contact, avant de partir sur un terrain auquel on ne s’attendait pas. Visuellement magnifique, montage parfait, mise en scène travaillée, ce film est LA pépite de 2016 qu’il ne fallait pas rater. Il est bon, ce Denis Villeneuve.
Et maintenant, les films découverts cette année :
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Accessits : : (j'ai fait court pour certains, parce que la flemme)
- Coup de tête, de Jean-Jacques Annaud (et allez Trincamp !). Dans Coup de tête, Jean-Jacques Annaud s’attaque au milieu du football et en particulier de ses supporters. François Perrin (Patrick Dewaere) joue dans l’équipe de football de Trincamp, petite ville française où tout tourne autour du ballon rond. Lors d’un entraîntement, il blesse le « joueur-vedette » de l’équipe : à partir de là, les ennuis s’enchaînent pour lui. Successivement radié de l’équipe et licencié de son travail (le patron de son usine étant aussi le président du club), il se retrouve même accusé à tort d’un viol et est emprisonné. Mais lorsqu’un accident de la route arrive à l’autocar emmenant les joueurs à un match de Coupe de France, le club se retrouve à devoir bricoler une équipe à la hâte, à laquelle il manque un joueur. Évidemment, Perrin se trouve être la seule option restante. Ce qui va lui donner l’occasion de se venger…
- Duel, de Steven Spielberg. Premier (télé)film de Spielberg, un duel sous forme de course-poursuite à travers les routes perdues de l’ouest américain. Très efficace.
- Evil Dead, de Sam Raimi. Avec Evil Dead, Sam Raimi réalise son premier long-métrage avec très peu de moyens mais beaucoup d'idées. Ce film d'horreur pose ce qui vont devenir des gimmicks du cinéma d'horreur : la bande de jeunes qui vont en vacances dans une maison isolée de tout, un vieux cimetière amérindien hanté, etc. Grâce à une débauche d'énergie et une tension palpable allant crescendo, Evil Dead est une véritable réussite, se révélant à la fois angoissant et divertissant de par les facéties morbides des démons ayant pris possession du corps de leurs victimes.
- Frankenstein Junior, Mel Brooks. À la fois parodie et hommage aux adaptations des années 30, ce film est notable en particulier pour la performance de Marty Feldman, irrésistible dans le rôle du valet Igor.
- Le Corsaire Rouge, Robert Siodmak. Même après La Classe Américaine et Le Triomphe de Bali-Balo, il est encore possible de voir ce film en étant un minimum concentré. Enchaînant les situations burlesques et le comique de répétition, on pourrait voir dans ce films d’acrobates (Burt Lancaster y est associé à Nick Cravat, son ancien partenaire de cirque) une réelle filiation avec le cinéma comique muet.
- Le Fanfaron, de Dino Risi. Réalisé par Dino Risi, Le Fanfaron offre à Vittorio Gassman un rôle sur-mesure. Critique sociale de l’Italie insouciante des années 60, le film nous entraîne à travers la région romaine dans une série de rencontres, inventant le modèle du « road movie ». Roberto (Jean-Louis Trintignant), étudiant timide et réservé, est entraîné par Bruno (Gassman) dans des situations ubuesques et folles, jusqu’à une tragique fin sur une route de montagne. Adoptant parfois un ton presque documentaire, Risi critique ici férocement son époque, pour conclure qu’elle détruira finalement les gens honnêtes et naïfs et que s’en sortiront les rusés et les insouciants.
- Les Griffes de la nuit, de Wes Craven. Avec ce film, Wes Craven s’attaque au slasher sans en respecter nécessairement tous les codes. L’idée de tuer dans les cauchemars est excellente, puisqu’elle permet un jeu de mise en scène qui brouille régulièrement les pistes. Très réussi.
- Les Monstres, de Dino Risi. Film à sketchs de Dino Risi, Les Monstres est, pour l'époque, très novateur dans les thèmes qu'il aborde. Même si tous les gags ne font pas exploser de rire (sans doute parce que, depuis la sortie du film, la plupart sont devenus des classiques dans la culture populaire et ont donc perdu l'effet de surprise), ils sont systématiquement bien trouvés et joués avec brio par Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman qui enchaînent les métamorphoses d'un rôle à l'autre (au moins l'un des deux est systématiquement présent dans chaque sketch). À travers ses saynètes à but humoristique, Dino Risi transmet une critique sociale de l'Italie de son époque, et qui a relativement bien vieilli.
- Live like a cop, die like a man, de Ruggero Deodato. En plein milieu de la mode des polars urbains italiens, Ruggero Deodato réalise ce chef d’œuvre du genre. Ultra-violent, suivant un rythme effrené, Live like a cop, die like a man scotche le spectateur à son siège pendant une heure quarante, sans ressentir la moindre fatigue. Les deux personnages principaux semblent certes un peu interchangeables, mais l’intérêt est ailleurs, bien davantage dans les scènes d’action et dans les dialogues ironiques que dans une introspection en profondeur des personnages. Un film quasiment indispensable pour les amateurs du genre.
- New Police Story, de Benny Chan. Lassé par les comédies américaines à grand succès dans lesquelles il tourne depuis 1996, et où les assurances le contraignent systématiquement à avoir recours à une doublure, Jackie Chan se décide à revenir au genre qui a fait sa célébrité, à savoir le film d'action hongkongais. New Police Story signe donc le retour de la série de films à succès, en mettant en scène, dans sa première heure, un Jackie Chan devenu alcoolique et dépressif suite à la perte de son équipe entière dans une opération où il aura pêché par orgueil, symbole de sa « déchéance américaine » et de son repentir vis-à-vis de ses fans. À cinquante ans passés, on retrouve Chan virevoltant, certes moins rapide qu'à ses débuts mais toujours aussi fou, entre une descente en rappel le long d'un gratte-ciel (tête en avant !), un combat de kung-fu incroyable au milieu de jouets Lego et une chute le long des toits arrondis du palais des congrès de Hong-Kong.
- Re-Animator, de Stuart Gordon. Un étudiant en médecine, passionné par le fonctionnement du cerveau, invente un sérum permettant de réactiver les fonctions cérébrales de cadavres peu de temps après leur mort. Mais, bien évidemment, les cadavres ainsi ressuscités n’ont pas tout à fait le même comportement que de leur vivant… Une comédie gore absolument géniale.
10 : Le Vent se lève, Hayao Miyazaki.
Une nouvelle fois, Miyazaki est à l’origine d’un dessin animé aux accents poétiques. Mais, ici, point d’univers féérique ni de magie : il s’agit de l’histoire du concepteur du Zero, le célèbre avion japonais utilisé lors de la 2nde Guerre Mondiale. Largement romancé, le film prend un parti pacifique, Horikoshi voulant en premier lieu fabriquer de beaux avions et non spécialement des avions de guerre. Comme souvent avec Miyazaki, le charme s’opère et le résultat est bon.
9 : Garde à vue, Claude Miller.
Huis-clos entre Lino Ventura et Michel Serrault, avec Romy Schneider et Guy Marchand dans des rôles secondaires,
Garde à vue raconte l'interrogatoire d'un riche notaire (Serrault) par un inspecteur de police (Ventura) qui le soupçonne de viol et meurtre sur deux mineures. Bien loin de ses rôles comiques exubérants, Serrault prouve ici toute la finesse de son jeu d'acteur, campant un personnage calme, cynique et provocateur (ce qui lui vaudra un César). Ventura, lui, est toujours aussi bon lorsque les dialogues sont signés Audiard.
8 : Mélodie en sous-sol, Henri Verneuil.
Verneuil, Gabin et Delon réunis, ça a donné deux films : l’excellent
Clan des Siciliens, et cette
Mélodie en sous-sol, avec en plus Michel Audiard aux dialogues. Moins sérieux que
Le Clan des Siciliens,
Mélodie en sous-sol met en scène un duo assez attendu entre un vieux briscard sortant du mitard et qui veut tenter un dernier coup pour se payer une bonne retraite, et un jeune loup fougueux et indiscipliné qui veut se faire un nom dans le métier. Évidemment, ce schéma classique est sublimé par le talent des deux acteurs et par les dialogues d’Audiard, toujours aussi inspiré : « T'extasie pas sur la mer, elle a toujours été là. » « - Un jour, c'est ton père et moi que tu tueras ! De chagrin !
- Et bien, comme ça, on retrouvera pas l'arme du crime ! »
7 : THX 1138, George Lucas.
Premier long-métrage de George Lucas,
THX 1138 est une dystopie située dans un futur indéterminé. L’humanité est enfermée dans des villes souterraines, rappelant
Les Cavernes d’Acier d’Isaac Asimov, et est complètement surveillée et contrôlée à longueur de journée (à l’image de
1984). Les humains sont désignés par des immatriculations, tel le personnage principal, THX 1138, interprété par Robert Duvall ou encore l’inusable Donald Pleasence, qui interprète SEN 5241. Leurs comportements sont contrôlés par la prise régulière de pillules (ce qui peut rappeller
Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley) et par une religion monothéiste qui leur rappelle à chaque occasion qu’ils ne sont que des pions parmi les masses populaires. Sans doute le meilleur film de Lucas.
6 : Les Proies, Don Siegel.
Le film s’ouvre sur une chanson aux paroles sans équivoque : « Come all you young fellows take warning by me / Don't go for a soldier, don't join no army / For the dove she will leave you, the raven will come / And death will come marching at the beat of a drum ». Pourtant, il ne s’agit pas vraiment d’un film anti-militariste mais d’un huis-clos abordant des thèmes assez transgressifs (rapport sexuel avec une mineure, inceste entre un frère et sa sœur, ledit frère qui viole la servante noire), dans un pensionnat sudiste pour filles où est recueilli un soldat yankee. Pour une fois, Clint Eastwood n’interprète pas un héros mais plutôt un personnage qui s’avère de plus en plus détestable avant de connaître une fin tragique.
5 : The Thing, John Carpenter.
Basé sur une nouvelle de John W. Campbell (
La Bête d'un autre monde),
The Thing est un film d'angoisse comme Carpenter sait si bien les faire. Un extra-terrestre métamorphe s'infiltre dans une base scientifique en Antarctique, installant un climat de paranoïa parmi les occupants, chacun soupçonnant l'autre d'être en réalité la « chose » extra-terrestre sous une apparence humaine. Très novateur pour ses effets spéciaux toujours aussi efficaces 30 ans après, et grâce à une gestion de la tension parfaitement maîtrisée, ce film est haletant jusqu'au bout, soutenu par l'excellente musique d'Ennio Morricone (qu'on pourra qualifier de très proche de l'univers de Carpenter). Un petit bijou qui n'a pas pris une ride.
4 : La Porte du Paradis, Michael Cimino.
Grande fresque comptant la Guerre du Comté de Johnson, ce western plutôt atypique suit deux anglais, diplômés de Harvard, qui suivront dans l’ouest américain des itinéraires radicalement opposé : tandis que James Averill (Kris Kristofferson) devient marshal du Comté, William C. Irvine reste « prisonnier de sa classe » et côtoie toujours le puissant syndicat des éleveurs de bétail. Ceux-ci décideront de chasser les immigrés est-européens du Comté, qu’ils accusent de voler leurs bêtes, déclenchant ainsi la guerre dont il est question. Film-fleuve (3h36 dans sa version director’s cut) passionant,
La Porte du Paradis met également en scène Christopher Walken, une gâchette des éleveurs, Isabelle Huppert, une prostituée amoureuse des personnages de Kristofferson et Walken, et Jeff Bridges, le patron d’un hôtel et d’une piste de danse dans la petite ville d’immigrés où se déroule l’action.
3 : Brazil, Terry Gilliam.
Rencontre improbable entre
1984 et les dessins de l'ancien Monty Python,
Brazil est une dystopie représentant une société dominée par une administration omniprésente et dictatoriale et par un besoin de consommation poussé à l'extrême. À la fois absurdement drôle et inquiétant, le film critique très clairement la société américaine (voire plus généralement occidentale), là où
1984 semblait davantage représenter un régime proche de l'URSS. La majorité des plans est très impressionnante pour l'époque, il est clairement visible que le film, très ambitieux, a dû être un calvaire à réaliser, ce que confirme le making-of. Une œuvre majeure.
2 : M le Maudit, Fritz Lang.
M le Maudit raconte l’atmosphère de paranoïa d’une ville où sévit un tueur d’enfants. Fritz Lang s’attaque ici pour la première fois au cinéma parlant, s’orientant pour l’occasion vers une réalisation assez bâtarde, entre des séquences parlées et d’autres sans le moindre son, ce qui donne une ambiance très particulière au film. Le propos est intéressant puisqu’il interroge aussi bien sur la justice populaire que sur la responsabilité d’un tueur schizophrène. Très bon, voire indispensable.
1 : Voyage au bout de l’enfer, Michael Cimino.
Terrible film sur la Guerre du Viêt Nam,
Voyage au bout de l’enfer suit une bande d’amis, américains d’origine russe, qui décident de s’engager dans l’armée. Le film est découpé en trois parties, la première montrant un mariage précédant le départ au front, la seconde se déroulant dans la guerre et la troisième étant le retour à la vie civile. Si l’on commence sur une note plutôt heureuse et insouciante, l’histoire s’ancre assez rapidement dans l’horreur du second segment, qui en corrompt le premier et entache définitivement le troisième. À partir de là, le film ne fait que descendre jusqu’à une terrible et inéluctable conclusion, ponctuée par une sinistre interprétation de
God Bless America. On notera une distribution de rêve : Robert De Niro, Christopher Walken, Meryl Streep, John Cazale et John Savage.
Et si j'ai le courage, j'essaierai de faire un petit top 10 des nanars que j'ai vus cette année.