de Shoemaker le 26 Avr 2015, 08:48
Il y a une sorte de confusion, qui consiste à mettre sur le même pied, les réactions purement humaines, émotives... et ce que doit être la LOI.
Bien sûr que si on tue un de nos proches, on n'a qu'une envie, celle d'étriper le coupable. Le contraire serait anormal, inquiétant... Ca, c'est la réaction de chaque individu. Avec ses contradictions d'ailleurs, puisqu'effectivement, pour beaucoup, on ferait tout pour protéger sa propre mère, son propre enfant, si ces derniers sont de fait ... les coupables !
Et tout cela est normal !
Sauf qu'une société ne peut vivre sur ces bases, si elle recherche un minimum de stabilité, d'efficacité d'organisation.
Alors, la société va essayer de couper la poire en deux.
Elle punit le coupable, mais selon un barème, selon une hiérarchie des lois, selon un code juridique.
Il se peut que telle Justice applique, ou pas, la peine de mort.
Et dans le cas d'une justice qui l'applique, il y aura toujours un père ou une mère, qui trouvera la mort du coupable trop douce ! Il a tué mon enfant en le violant et le torturant ? Alors je veux violer et torturer (si possible par quelqu'un d'autre, hein, parce qu'on n'a pas souvent le courage de passer à l'acte soi-même !) ce coupable-salopard pendant quelques jours, avant de l'achever ! Pire : Je veux le torturer tout le reste de sa vie !
Il n'y a pas de limite.
Le talion, d'ailleurs, est déjà en soi, une limite à nos passions légitimes, nos justes émotions. Dent pour dent, pas plus, pas moins.
Le talion pouvait être suffisant, dans des sociétés à structures simples. Avec une économie de troc, par exemple. Mais les sociétés sont devenues de plus en plus complexes. Et de plus en plus "humanistes", allant d'ailleurs dans le sens d'une justice plus "humaine", moins violente, plus "juste", plus efficace, etc. Les religions (monothéistes) elles-mêmes, qu'on critique toujours comme étant violentes, au final, ont institué d'abord le talion pour freiner les abus de vengeances (la vengeance est un acte primitif, barbare, incontrôlé...), puis l'ont tempéré dans un deuxième temps, préférant le pardon, ou tout au moins, l'arrangement (le prix du sang), pour éviter la surenchère vengeresse (la vengeance, on sait où ça commence, pas où ça se termine, elle est donc chaotique !).
Bref, la justice n'a pas pour vocation à être parfaite. C'est impossible. Mais elle est constamment perfectible, elle doit faire au mieux, pour assurer la stabilité d'une société, et cette stabilité qui est nécessaire pour évoluer, ne peut être garantie que par des lois qui protègent le faible contre le fort, sans pour autant totalement laisser le faible s'en donner à cœur joie...
Reste précisément le problème de la peine de mort. On est pour ou contre. Le problème n'a pas encore été définitivement réglé par les Justices, mais force est de constater que le mouvement globale va vers sa suppression. La Justice se doit éviter les états d'âme, et on a bien vu que la peine de mort n'a jamais fait baisser la criminalité, nulle part. etc etc.
"c'est quoi le blues". Toujours les mêmes histoires, celles qui font vaciller les mondes et les empires.
John Lee Hooker