Kadoc a écrit:Ben il me semble que ça fait longtemps que la Russie en a plus que les USA.
Je croyais que c'était l'inverse et assez largement, pourtant.
Kadoc a écrit:Ben il me semble que ça fait longtemps que la Russie en a plus que les USA.
Noam Chomsky: Les USA accélèrent l’Apocalypse
By willsummer on juin 9, 2013 • ( 10 )
Par Noam Chomsky, le 4 juin 2013
Que va vraisemblablement nous apporter l’avenir? Un point de perspective approprié pourrait être d’essayer de contempler l’humanité de l’extérieur. Imaginez donc que vous être un observateur extra-terrestre qui essaye de comprendre ce qui se passe ici, ou imaginez que vous êtes un historien de dans 100 ans – et vous regardez en arrière sur ce qui s’est passé maintenant. Vous verriez quelque chose d’assez remarquable.
Pour la première fois dans l’histoire de l’espèce humaine, nous avons clairement développé la capacité de nous détruire nous-mêmes. Cela est vrai depuis 1945. Il a maintenant enfin été reconnu qu’il y a d’autres processus à long terme comme la destruction environnementale qui se dirige dans la même direction, peut-être pas vers la destruction totale, mais au moins l’incapacité d’avoir une vie décente.
Et il y a d’autres dangers comme les pandémies, qui sont du fait de la mondialisation et de ses interactions. Il y a ceux qui essayent dur d’agir à propos de ces menaces, et d’autres qui essayent de les intensifier. Si vous regardiez qui ils sont, cet historien du futur ou observateur extra-terrestre verrait quelque chose de vraiment très étrange. Ceux qui essayent de pallier ou de surmonter ces menaces sont les sociétés les moins développées, les populations indigènes ou ce qu’il en reste, les sociétés tribales et premières nations au Canada. Ils ne parlent pas de guerre nucléaire mais de désastre environnemental, et ils essayent véritablement d’y faire quelque chose.
En fait, tout autour du monde – en Australie, en Inde, en Amérique Latine – il y a des batailles en cours et parfois des guerres. En Inde, c’est une guerre ouverte contre la destruction environnementale directe, avec des sociétés tribales tentant de résister à des opérations d’extraction de ressources qui sont localement extrêmement nuisibles, mais également globalement dans leurs conséquences. Dans des sociétés où des populations indigènes ont une réelle influence, beaucoup d’entre elles adoptent des positions fermes, et tiennent bon. Le plus fort de tous les pays eu égard au dérèglement climatique est la Bolivie, qui a une majorité indigène et des règles constitutionnelles protégeant les "droits de la nature".
L’Équateur, qui a aussi une grande population indigène, est le seul exportateur de pétrole que je connaisse où le gouvernement recherche de l’aide pour conserver le pétrole dans le sol, plutôt que pour l’extraire et pour l’exporter – et la terre est là où elle doit être.
Le président vénézuélien Hugo Chavez, qui est passé ad Patres récemment et avait été l’objet de moqueries, d’insultes et de haine à travers le monde occidental, avait assisté à une Assemblée Générale de l’ONU voici quelques années où il s’était attiré toutes sortes de railleries pour avoir appelé George W. Bush un démon. Il y livra également un discours qui était plutôt intéressant. Bien sûr, le Vénézuela est un producteur majeur de pétrole. Le pétrole fournit presque tout son produit intérieur brut. Dans ce discours, il avertissait des dangers d’un usage excessif des sources d’énergie fossiles, et pressait les pays producteurs et consommateurs de celles-ci à se réunir pour essayer de trouver des moyens d’en réduire l’usage. C’était assez incroyable venant de la part d’un pays producteur de pétrole. Vous savez, il était en partie Indien, d’origine indigène. À l’inverse des choses "drôles" qu’il a pu faire, cet aspect de ses actions à l’ONU ne fut même pas rapporté.
Donc, d’un côté vous avez les sociétés tribales et indigènes qui essayent de ralentir la course au désastre. Et de l’autre, les sociétés les plus riches et les plus puissantes de l’histoire mondiale, comme les USA et le Canada qui mettent le pied au plancher pour détruire l’environnement aussi rapidement que possible.
Les deux faces de la politique – le bipartisanisme, le président Obama, les médias et la presse internationale semblent attendre avec beaucoup d’enthousiasme ce qu’ils appellent "un siècle d’indépendance énergétique" pour les USA. L’indépendance énergétique est un concept presque vide de sens, mais laissez cela de côté. Ce qu’ils entendent, c’est: nous allons avoir un siècle pendant lequel maximiser l’utilisation des énergies fossiles et contribuer à la destruction du monde.
Et c’est à peu près pareil partout. Il faut le reconnaître, quand il s’agit de développement d’énergies alternatives, l’Europe fait quelque chose. Pendant ce temps-là, les USA, la nation la plus riche et la plus puissante de l’histoire mondiale, est la seule nation parmi peut-être une centaine qui comptent à ne pas avoir de politique nationale pour la réduction de l’usage des énergies fossiles, et qui n’a même pas d’objectifs d’utilisation d’énergies renouvelables. Ce n’est pas parce que la population n’en veut pas. Les États-Uniens sont assez proches de la norme internationale, en ce qui concerne leur inquiétude face au réchauffement climatique. Ce sont les structures institutionnelles qui empêchent le changement. Les intérêts du capital et du commerce n’en veulent pas et ils sont d’une puissance déterminante dans l’élaboration des politiques; vous obtenez donc un grand écart entre l’opinion et la politique sur une foule de thèmes, dont celui-ci.
Voilà donc ce que verrait un historien du futur – s’il y en a un. Il lirait peut-être aussi les journaux scientifiques actuels. Presque chacun d’entre eux contient une prédiction plus noire que la précédente.
"L’instant le plus dangereux de l’histoire"
L’autre problème, c’est la guerre nucléaire. Il est connu depuis longtemps que s’il devait y avoir une première frappe par une grande puissance, même sans réplique, elle détruirait sans doute la civilisation uniquement à cause des conséquences de l’hiver nucléaire qui s’ensuivrait. Vous pouvez le lire dans le Bulletin of Atomic Scientists. C’est uns chose entendue. Le danger a donc toujours été beaucoup plus grand que nous l’avons cru.
Nous venons de passer le 50e anniversaire de la crise des missiles de Cuba, qui avait été surnommée "le moment le plus dangereux de l’histoire" par l’historien Arthur Schlesinger, conseiller du président John F. Kennedy. Ce qu’elle était. Il s’en est vraiment fallu de peu, et cela n’a pas été la seule et unique fois. Et les pires aspects de ces graves événements, en quelque sorte, sont les leçons que nous n’avons pas apprises.
Ce qui s’est passé pendant la crise des missiles en octobre 1962 a été enjolivé pour faire croire que des actes de courage et d’empathie avaient eu lieu. La vérité est que l’épisode entier frise avec la folie furieuse. Il vint un point, alors que la crise atteignait son apogée, où le Premier Secrétaire soviétique Nikita Kruschchev écrivit à Kennedy lui proposant une issue par l’annonce publique du retrait des missiles soviétiques de Cuba en même temps que des missiles US de Turquie. En réalité, Kennedy ne savait même pas que les USA avaient des missiles en Turquie à l’époque. Ils étaient en train d’être retirés de toute façon, parce qu’ils se faisaient remplacer par les sous-marins nucléaires Polaris plus redoutables, de surcroît invulnérables.
Telle était donc l’offre. Kennedy et ses conseillers la prirent en considération – et la rejetèrent. À ce moment-là, Kennedy lui-même considérait la possibilité d’une guerre nucléaire entre 33% et 50%. Kennedy était donc prêt à accepter un risque très élevé de destruction massive afin d’établir le principe selon lequel nous – et seulement nous – (les USA, ndt) avons le droit à des missiles offensifs au-delà de nos frontières, en fait là où nous le voulons, et quel qu’en soit le risque pour les autres – et à nous-mêmes, si la situation se déréglait. Nous avons ce droit, mais personne d’autre.
Kennedy convint par contre d’un accord secret pour retirer les missiles que les USA étaient déjà en train de retirer, tant que celui-ci n’était pas rendu public. Kruschchev, en d’autre termes, devait retirer les missiles soviétiques ouvertement tandis que les USA retiraient les leurs obsolètes dans le secret; en gros, Kruschchev devait être humilié et Kennedy conserver son image de vainqueur. Il est encensé pour cet épisode: le courage et le calme sous la menace, et caetera. L’horreur de ses décisions n’est jamais mentionnée – essayez d’en trouver la trace dans les archives.
Et pour en rajouter une couche, quelques mois avant que la crise de Cuba ne se déclenche, les USA avaient envoyé des missiles avec des têtes nucléaires à Okinawa. Ceux-ci étaient orientés vers la Chine, pendant une période de tensions régionales fortes.
Et alors, qui s’en soucie? Nous avons le droit de faire tout ce qui nous plaît, où que ce soit sur la planète. C’était une terrible leçon de cette époque, mais il devait y en avoir d’autres.
Dix ans plus tard, en 1973, le Secrétaire d’État US (ministre des affaires étrangères, ndt) Henry Kissinger déclencha une alerte nucléaire de haut niveau. C’était sa façon d’aviser les Russes de ne pas interférer dans la guerre israélo-arabe en cours et, en particulier, de ne pas interférer après qu’il ait dit aux Israéliens qu’ils pouvaient violer un cessez-le-feu sur lequel les USA et la Russie venaient tout juste de s’accorder. Heureusement, rien ne se passa.
Dix années plus tard encore, le président Ronald Reagan était à la Maison Blanche. Peu après qu’il y soit entré en fonctions, ses conseillers et lui firent pénétrer à l’Air Force l’espace aérien russe pour tenter d’y obtenir des informations sur les systèmes d’alerte des Russes, l’opération Able Archer. Il s’agissait essentiellement d’attaques simulées. Les Russes avaient des doutes, quelques officiels de haut rang craignant qu’il s’agissait là d’une première étape vers une véritable première frappe. Heureusement, ils ne réagirent pas, bien qu’il s’en fut fallu de peu. Et cela continue ainsi.
Que penser des crises iranienne et nord-coréenne
En ce moment, la question nucléaire fait régulièrement les unes dans le cas de la Corée du Nord et de l’Iran. Il y a des manières de traiter ces crises en cours. Elles ne fonctionneraient peut-être pas, mais méritent largement d’être tentées. Elles ne sont, cependant, même pas prises en considération, même pas commentées.
Prenez le cas de l’Iran, qui est considéré en Occident – pas dans le monde arabe, pas en Asie – comme la plus grande menace à la paix mondiale. C’est une obsession occidentale et il est intéressant d’en étudier les causes, mais je vais laisser cela de côté, ici. Y a-t-il un moyen de traiter avec la supposée plus grande menace à la paix du monde? En réalité il y en a quelques-uns. L’un d’entre eux, qui est plutôt raisonnable, avait été suggéré il y a un mois ou deux lors d’une réunion des pays non-alignés à Téhéran. En fait, ils étaient simplement en train de réitérer une proposition qui existe depuis des décennies, particulièrement appuyée par l’Égypte, et qui a été approuvée par l’Assemblée Générale de l’ONU.
La proposition est d’avancer vers l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région. Cela ne serait pas la réponse à tout, mais constituerait une avancée plutôt significative. Et il y avait des moyens de le faire. Sous les auspices de l’ONU, il devait se tenir une conférence internationale en Finlande, en décembre dernier afin de mettre en œuvre des plans d’action pour y parvenir. Que s’est-il passé?
Vous n’en entendrez pas parler dans les journaux parce que cela ne fut pas rapporté – seulement dans des publications spécialisées. Au début du mois de novembre, l’Iran convint d’assister à la réunion. Quelques jours après, Obama l’annula, prétextant que ce n’était pas le bon moment. Le Parlement Européen sortit une déclaration réclamant qu’elle ait quand-même lieu, comme le firent aussi les états arabes. Il n’en est rien advenu. Nous allons donc nous diriger vers des sanctions toujours plus dures à l’encontre de la population iranienne – elles ne font pas de mal au régime – et peut-être vers la guerre. Qui sait ce qui va se passer?
En Asie du Nord-Est, c’est à peu près la même chose. La Corée du Nord est peut-être bien le pays le plus dingue de la Terre. C’est certainement un candidat sérieux à ce titre. Mais il y a du sens à essayer de comprendre ce qui se passe dans les esprits des gens qui agissent de façon insensée. Pourquoi ont-ils ce comportement? Mettez-vous à leur place, juste un instant. Rendez-vous compte de ce que cela voulait dire, pendant les années de la guerre de Corée du début des années 50, de voir votre pays se faire complètement raser, tout se faire détruire par une énorme superpuissance, qui en plus se félicitait de ce qu’elle faisait. Imaginez l’empreinte que cela vous aurait laissé(e).
Gardez à l’esprit que la direction nord-coréenne a certainement lu les journaux militaires publics de l’époque de cette superpuissance, expliquant que, puisque tout le reste avait été détruit en Corée du Nord, l’armée de l’air avait été envoyée pour détruire les barrages hydrauliques de la Corée du Nord, d’énormes barrages qui contrôlaient l’alimentation en eau – un crime, au fait, pour lequel des gens ont été pendus à Nuremberg. Et ces journaux officiels parlaient avec excitation de combien c’était merveilleux de voir l’eau descendre en trombe, excavant les vallées, avec les Asiatiques qui couraient partout pour essayer d’y survivre. Les journaux exultaient de ce que cela impliquait pour ces "Asiatiques", des horreurs au-delà de notre imagination. Cela impliquait la destruction de leur récolte de riz, ce qui par conséquent voulait dire la famine et la mort. Que c’est magnifique! Ce n’est pas dans notre mémoire, mais c’est dans la leur.
Tournons-nous vers le présent. Il y a une histoire récente qui est intéressante. En 1993, Israël et la Corée du Nord se dirigeaient vers un accord par lequel la Corée du Nord cesserait d’envoyer des missiles ou de la technologie militaire au Moyen-Orient, et Israël ferait la reconnaissance officielle du pays. Le président Clinton est intervenu et l’a bloqué. Peu de temps après, la Corée du Nord procéda à un essai mineur de missiles, en représailles. Les USA et la Corée du Nord parvinrent par la suite à un accord-cadre en 1994, qui mettait un arrêt à ses travaux nucléaires et était plus ou moins respecté par les deux parties. Quand George W. Bush vint au pouvoir, la Corée du Nord disposait peut-être d’une seule arme nucléaire et n’en produisait plus, de façon vérifiable.
Bush lança immédiatement son militarisme agressif, menaçant la Corée du Nord – "l’axe du mal" et tout ça – et la Corée du Nord se remit donc à son programme nucléaire. Lorsque Bush quitta la présidence, ils avaient 8 à 10 armes nucléaires et un système de missiles, encore une autre grande réussite des néo-cons ("neo-conservative" – néolibéraux, ndt ). Entre-temps, d’autres événements eurent lieu. En 2005, les USA et la Corée du Nord parvinrent pour de bon à un accord, où la Corée du Nord devait stopper tout développement d’armes nucléaires et de missiles. En retour l’Occident, mais surtout les USA, devaient lui fournir un réacteur à eau légère pour ses besoins médicaux et cesser les déclarations agressives. Ils formeraient ensuite un pacte de non-agression et progresseraient vers l’entente.
C’était plutôt prometteur, mais Bush se mit à le saper presque immédiatement. Il retira l’offre du réacteur à eau légère et initia des programmes visant à contraindre les banques à cesser de gérer toutes les transactions nord-coréennes, même celles qui étaient parfaitement légales. Les Nord-Coréens réagirent en ravivant leur programme nucléaire. Et c’est ainsi que cela a avancé jusqu’ici.
C’est un fait reconnu. Vous pouvez le lire dans les journaux de grande distribution. Ce qu’ils disent, c’est: c’est un régime assez toqué, mais il suit une espèce de politique de renvoi de la balle. Vous faites un geste hostile et nous répondrons avec un quelconque geste dingue à notre sauce. Vous faites un geste accommodant et nous répondrons de même.
Dernièrement, par exemple, il y a eu des exercices militaires conjoints entre les USA et la Corée du Sud sur la péninsule coréenne qui, du point de vue du Nord, doivent paraître menaçants. Nous penserions qu’ils ont l’air menaçants s’ils se passaient au Canada et étaient dirigés contre nous. Au cours de ces exercices, les bombardiers les plus sophistiqués de l’histoire, des B-2 et des B-52 furtifs, se livrent à des attaques d’entraînement de bombardement nucléaire tout juste le long de la frontière nord-coréenne.
Cela déclenche assurément des sirènes d’alerte issues du passé. Ils se souviennent de ce passé, et réagissent donc d’une façon très agressive, et extrême. Alors, ce qui arrive comme idée à l’Occident en rapport à tout cela, c’est combien les dirigeants nord-coréens sont fous et incompétents. Oui, ils le sont. Mais ce n’est pas toute l’histoire, loin de là, et c’est la course du monde de nos jours.
Ce n’est pas qu’il n’y ait pas d’alternatives. C’est juste que les alternatives ne sont pas prises. Ceci est dangereux. Alors si vous demandez à quoi va ressembler le monde, ce n’est pas un joli tableau. À moins que les gens réagissent. Nous le pouvons toujours.
Ouais_supère a écrit:On voit bien que ce missile a la forme d'un salut nazi inversé.
J'ai immédiatement contacté nos instances dirigeantes.
Michel Raimbaud contre les Etats voyous et les grandes voyoucraties
Le mardi 6 octobre 2015
Le point de vue de Michel Raimbaud, un ancien ambassadeur de France s’inscrivant dans la tradition de notre diplomatie gaullienne, nous a paru intéressant à faire connaître dans la situation actuelle.
On le savait déjà, il y a désormais deux camps dans la communauté des nations : celui du droit international œuvrant en faveur d’un nouvel ordre mondial multipolaire en gestation, et celui de l’hypocrisie et de l’arrogance qui cherche à préserver son hégémonie en installant le chaos partout où il rencontre de la résistance.
L’univers arabe et musulman et ses abords d’Afrique, d’Asie ou d’Europe sont le lieu d’une entreprise de destruction et d’asservissement conduite conjointement par l’empire atlantiste sous haute influence israélienne et ses clients islamistes radicaux. La Syrie est devenue le centre de gravité et l’enjeu d’une guerre inédite et perverse, mais aussi, pour ses promoteurs criminels, une cible emblématique.
La « mère de la civilisation », qui combat en première ligne les terroristes sauvages du soi-disant « Etat Islamique » et du front Al Nosra/al Qaida, est donc présentée comme « l’Etat voyou » par excellence par ceux-là mêmes qui financent, arment et soutiennent le gangstérisme sanglant des djihadistes. Dans nos « grandes démocraties », l’inversion des rôles est devenu si naturel que nul ne songe plus à s’en offusquer : c’est la base même du « false flag », omniprésent dans la narrative atlantiste.
L’Assemblée Générale des Nations Unies a consacré la journée du lundi 28 septembre dernier à la Syrie. Les puissants de ce monde ont utilisé cette tribune pour réaffirmer leurs positions sur l’interminable conflit. A la lumière des déclarations, il n’y a pas photo.
Obama dénonce la logique (russe) consistant à soutenir un « tyran » sous prétexte que l’alternative « serait pire ». Le tyran, c’est Bachar Al Assad, qui « massacre des enfants innocents ». Kerry, colombe repentie, précise : « Après tant de sang versé et de carnages, il ne peut y avoir un retour au statu quo d’avant la guerre ».
Le Nobel de la Paix ne manque pas d’air : s’il a peut-être apaisé les relations avec Cuba et anesthésié jusqu’à sa fin de mandat le dossier nucléaire iranien, s’il a renoncé aux « frappes punitives » en Syrie en raison de ses réticences et/ou devant la détermination de l’adversaire, il a allumé ou entretenu au moins autant de conflits que George Debeliou et il est à la tête d’un Etat responsable de la mort de millions d’enfants et d’adultes, de la destruction d’Etats et de sociétés entières, de dizaines de millions de vies brisées, sans même remonter aux centaines de milliers de victimes d’Hiroshima et Nagasaki.
Heureuse Amérique, bienheureuses « grandes démocraties », toujours sûres de leurs valeurs, plus souvent boursières que morales !
Il faut le répéter, il n’appartient pas aux maîtres occidentaux, à Erdogan l’apprenti calife, ou aux potentats pétroliers, de prescrire l’avenir de la Syrie après l’avoir détruite : c’est au peuple syrien et à lui seul d’en décider, sans ingérence étrangère. C’est ce principe de souveraineté que rappelle le Président chinois, Xi Jin Ping, clamant haut et fort que l’ère unipolaire est révolue et que le monde est désormais multipolaire.
Vladimir Poutine se place lui aussi dans le cadre de la légalité internationale et soutient l’Etat syrien et son gouvernement, ainsi que « les forces armées du président Al Assad qui sont les seules à combattre réellement l’Etat Islamique”. Il propose une « large coalition antiterroriste » en Syrie et en Irak, dans laquelle les pays arabes « joueraient un rôle clé » et qui devrait inclure le gouvernement syrien et l’Iran, son allié. Les décisions du Président russe suscitent la colère des Occidentaux, qui ont refusé la résolution déposée au Conseil de Sécurité par le Kremlin. Ils sont agacés par la référence appuyée à un droit international qu’eux-mêmes traitent avec légèreté.
Pour perpétuer leur hégémonie, les dirigeants atlantistes avancent à l’ombre des faux drapeaux de la démocratie, de la justice, de la morale et du droit. Ils diabolisent les pays qui font obstacle à leurs ambitions en les reléguant dans la géhenne des Etats « préoccupants » ayant vocation à être dépecés en entités « démocratiques » à la mode de l’Oncle Sam : en bref, les « Etats voyous ». Ce concept a joué un rôle essentiel dans la stratégie américaine plusieurs décennies durant, et c’est en jouant de cet épouvantail que les Etats-Unis, encourageant leurs alliés à faire de même, ont violé et violent systématiquement le droit international.
Ce droit est fondé sur la Charte des Nations-Unies qui, dans son article 51, attribue au seul Conseil de Sécurité le pouvoir de prendre les mesures adéquates qu’il juge nécessaires au maintien de la paix et de la sécurité internationales « une fois constatée l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression (…) ».
Mais les néocons de Washington se moquent de la légalité onusienne. Seules comptent « les menaces contre nos intérêts », qui sont le fait des « Etats voyous »et rendent nécessaires « des interventions militaires directes » et « le maintien de forces de projection considérables », particulièrement en direction du Proche-Orient. Pour ces faucons, le fondement du droit n’est pas la Charte de l’ONU, mais la Constitution américaine.
Selon Noam Chomski, « ce mépris de la primauté du droit est profondément enraciné dans la culture et les pratiques américaines ». Infiltrés au sein du « pouvoir profond », les néocons vont répandre chez les alliés occidentaux une idéologie dont le fondement reste simple : même si la guerre froide est terminée, les Etats-Unis conservent la responsabilité de protéger le monde face aux « Etats voyous ». En août 1990, Washington et Londres décrètent que l’Irak en est un, et ce ne sera que l’un des premiers d’une longue liste…
Une étude commandée en 1995 par le Strategic Command pose les « principes de base de la dissuasion dans l’après-guerre froide » : depuis que les Etats-Unis ont « remplacé l’Union soviétique par les Etats dits “voyous” », ils doivent projeter une image « irrationnelle et vindicative d’eux-mêmes », « certains éléments » du gouvernement apparaissant « comme potentiellement fous, impossibles à contrôler ». C’est une reprise de la « théorie du fou » de Nixon qui jugeait souhaitable que l’Amérique soit dirigée par « des cinglés au comportement imprévisible, disposant d’une énorme capacité de destruction, afin de créer ou renforcer les craintes des adversaires ».
Cette prose délirante justifie en quelque sorte la transformation des « grandes démocraties » en « voyoucraties », respectant les trois critères qui, selon l’un des « nouveaux historiens » israéliens, Avraham Shlaim, professeur émérite à Oxford, définissent l’Etat voyou, le « rogue state » des anglo-saxons :
Violer régulièrement la légalité internationale,
Détenir des armes de destruction massive,
Utiliser le terrorisme pour terroriser les populations civiles.
C’est ainsi que Robert McNamara, ex-secrétaire américain à la défense (de 1961 à 1968), estime en juin 2000 (The International Herald Tribune) que les Etats-Unis sont devenus un « Etat voyou ». Noam Chomski fera de même au début des funestes « printemps arabes », constatant que son pays « se place au-dessus du droit international ».
A l’heure où le Grand-Moyen Orient est ravagé par l’extrémisme islamiste, patronné par les Occidentaux et leurs affidés régionaux, le débat sur l’éthique dans les relations internationales est pipé. Le conflit n’est plus entre un monde « libre »et un monde « totalitaire », mais entre les partisans du droit international et du respect mutuel entre nations et ceux qui se comportent en Etats voyous, guidés par la « théorie du fou » et la stratégie du « chaos innovateur ».
Conviction réelle pour les uns, leurre pour les autres, la référence au droit international n’a pas la même valeur pour les deux camps : les prêcheurs de guerre jouent avec l’idée d’un conflit mondial qui assurerait leur triomphe… sauf si l’équilibre militaire des forces rend leur victoire trop incertaine.
La Russie vient donc de bouleverser la donne en proposant sa « grande coalition » et en se lançant dans une lutte globale contre les terroristes, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité et à la demande du gouvernement de Damas, tout en recherchant une solution politique entre Syriens, en application de l’accord de Genève. C’est un pavé dans la mare où depuis un an s’ébat presque seule la coalition US, dont les frappes homéopathiques détruisent la Syrie sans beaucoup nuire aux terroristes de Da’ech. C’est un pas important en direction de la paix, conforme au droit international. Les Européens saisiront-ils la perche ?
On l’a entendu à la tribune onusienne, le représentant du « pays des lumières », François Hollande, est plongé tout entier dans ses menées obscures et nourrit une obsession pathologique qui a nom Bachar, lequel doit être « neutralisé » et exclu de toute transition politique : « On ne peut faire travailler ensemble victimes et bourreau. Assad est à l’origine du problème : il ne peut pas faire partie de la solution ».
Droit dans ses bottes tordues, le grand chef de guerre fait valoir qu’il n’est pas seul sur cette position intenable : « Barack Obama s’y refuse, d’autres dirigeants (on sait lesquels – NDLR) s’y refusent. Les Russes doivent en tirer les conséquences », conclut-il, impérial. Prend-on des gants avec le chef d’un « Etat-voyou » quand on est soi-même aussi populaire ?
Mou face aux problèmes de l’Hexagone, Hollande aura fait preuve d’un activisme forcené face à des affaires qui ne le regardent pas, le conflit de Syrie par exemple, où la France a déjà un bilan accablant : mauvaise évaluation de la solidité de l’État syrien, de la crédibilité de l’opposition offshore, appui inacceptable à la rébellion armée débouchant sur la couverture du terrorisme, obsession de « neutraliser »Bachar Al Assad, volonté manifeste de casser la Syrie rebelle et acharnement dans la destruction de son identité.
Qu’on le veuille ou non, notre pays est partie prenante dans l’entreprise criminelle et prédatrice de ses alliés atlantistes, de ses amis turcs, saoudiens et qataris et des mercenaires qu’ils instrumentalisent. Il est coresponsable du résultat : des millions de réfugiés, déplacés, sinistrés, morts et blessés, des millions de familles dispersées, de vies brisées, le démantèlement du patrimoine, des infrastructures, des entreprises…
Il aura aussi fait preuve d’une approche très floue de la légalité internationale et d’un certain déficit de cartésianisme, les terroristes étant traités en ennemis au Mali et « faisant du bon boulot » en Syrie.
Dans les grands dossiers de ce début de millénaire – la glissade du Moyen-Orient vers le chaos, la déstabilisation de l’ex-glacis soviétique grâce à la sollicitude de l’Occident – la France est affaiblie comme jamais et a perdu sa crédibilité, car elle est en divorce avec les acteurs qui comptent. Son hypocrite diplomatie compassionnelle lui attire le mépris. Les écarts de langage font le reste. Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour réclamer le départ de Fabius, condition nécessaire mais non suffisante pour se refaire une virginité.
Fabius et Hollande étant ce qu’ils sont, on peut craindre que la France tarde à coopérer avec la Russie, l’Iran et la Syrie pour rétablir une paix juste et durable, dans le cadre d’un ordre mondial nouveau. Mais notre pays devra bien sortir de la triple impasse dans laquelle il s’est enfermé : l’entêtement à rester internationalement hors-la-loi devra céder la place à une politique plus décente et moins destructrice. En d’autres termes, il s’agira de reprendre son rôle traditionnel de faiseur de paix et non pas de fauteur de guerre.
Les citoyens des « grandes démocraties » finiront-ils par s’inquiéter de la dérive « voyoucratique » de leurs élites dirigeantes qui fait peu à peu de l’Occident arrogant une minorité honnie et haïe par le reste de la planète ? Comme on dit : ça urge.
Rainier a écrit:Une fois n'est pas coutume, un bravo d'encouragements à Plantu (mais peut mieux faire).
Car Plantu est bien loin de la réalité.
Depuis 1945 les Russes ont 100 fois moins de morts sur la conscience que les Américains.
Hugues a écrit:On le savait mais ... c'est encore mieux de le confirmer
Super recommandable le pantin georgien pro-Américain, le bon ami de Glucksman fils (et père) et de Levy, qui le téléguident en sous-main:
http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/01/05/l-ex-president-georgien-mikheil-saakachvili-condamne-par-contumace-a-trois-ans-de-prison_5237942_3214.html
Le truc le plus amusant, c'est qu'apparemment, pour l'Empire, en Ukraine l'autre pantin Porochenko n'est pas assez un pantin sans doute, quand on apprend que l'ancien Georgien (nommé du jour au lendemain gouverneur de province, juste par relations) a voulu fomenter un coup d'Etat en Ukraine (parce que oui, les élites mondialisées se sentent en droit de faire de la politique dans tous les pays où elles sont de passage):
http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/12/11/ukraine-l-opposant-mikheil-saakachvili-libere_5228209_3214.html
Hugues
sheon a écrit:Dunkerque ne montre que les Anglais, en oubliant quasi complètement les soldats français qui se sont sacrifiés pour permettre leur fuite par la mer en retenant les Allemands.
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