LeMonde.fr avec AFP et Reuters a écrit:Le pirate de l'air turc voulait adresser un message au pape Benoît XVILEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 03.10.06 | 18h41 • Mis à jour le 04.10.06 | 08h29
Un Boeing 737-400 de la Turkish Airways assurant la liaison entre Tirana et la Turquie a été détourné vers l'Italie, mardi 3 octobre, par un turc converti au christianisme qui semble avoir agi seul et voulait remettre un message au pape Benoît XVI.
L'homme, Hakan Ekinci, est un déserteur dont la demande d'asile politique venait d'être rejetée par l'Albanie et qui risquait d'être arrêté à son arrivée en Turquie, ont indiqué des sources officielles turques. Expulsé et placé de force dans l'avion pour Istanbul, il a réussi à faire croire à la présence à bord d'un autre pirate de l'air.
Il s'est rendu à la police italienne peu après 20 heures locales (et à Paris), deux heures environ après l'atterrissage de l'avion sur l'aéroport de Brindisi, dans le sud de la Péninsule, et après s'être excusé auprès des passagers. Avant de pouvoir quitter l'avion, ces derniers ont été minutieusement contrôlés par la police, qui voulait s'assurer qu'aucun complice ne se cachait parmi eux.
UN MESSAGE AU PAPE
L'avion, qui avait à son bord 107 passagers et 6 membres d'équipage, a été détourné au-dessus de la Grèce vers 18 h 45 locales (17 h 45, heure de Paris) et le pirate a demandé à aller à Rome. L'avion a été pris en chasse par quatre F-16 grecs qui l'ont escorté jusqu'à la frontière albanaise, puis a été intercepté par deux avions de chasse F-16 italiens qui l'ont contraint à se poser sur l'aéroport de Brindisi vers 18 heures locales (et à Paris).
Le pirate, qui n'était pas armé et dont le comportement n'était pas agressif, a demandé à parler à la presse et déclaré vouloir adresser un message au pape. Rapidement, le ministre des transports turc, Binali Yildirim, a annoncé que rien n'indiquait qu'il s'agissait d'une forme de protestation contre la prochaine visite du pape en Turquie, fin novembre. La chaîne de télévision turque NTV a indiqué, un peu plus tard, que l'auteur du détournement s'est converti au christianisme en 1998, et qu'il est un objecteur de conscience. Elle révélait aussi que le pirate avait déjà écrit au pape dans le passé.
Après l'atterrissage à Brindisi, des négociations ont été engagées depuis la tour de contrôle de l'aéroport de la ville, et le ministre de l'intérieur italien, Giuliano Amato, a constitué à Rome une cellule de crise.
LE VOYAGE DU PAPE EN TURQUIE NON REMIS EN CAUSE
Le gouverneur d'Istanbul a indiqué qu'Ekinci n'avait pas regagné sa caserne à Istanbul après une permission d'une journée en mai et avait fui en Albanie, où il a déposé sans résultat une demande d'asile politique. L'ambassade de Turquie à Tirana avait informé les autorités, plus tôt dans la journée, du retour forcé d'Ekinci. "Nous l'aurions arrêté à l'aéroport et livré aux autorités militaires", a expliqué le gouverneur.
La nationalité du pirate de l'air a d'abord fait croire que le détournement était destiné à protester contre le prochain voyage du pape en Turquie, après la polémique provoquée par les propos de Benoît XVI sur l'islam durant son voyage en Allemagne. Benoît XVI, qui est attendu en Turquie du 28 au 30 novembre, avait évoqué, dans son discours de Ratisbonne (sud de l'Allemagne), un rapport entre l'islam et la violence.
Avant le dénouement du détournement, le Vatican a fait savoir qu'il suivait l'événement et qu'il attendait "d'avoir plus d'éléments", selon son porte-parole, Federico Lombardi. Par ailleurs, le Vatican a rappelé que le voyage du pape n'était pas remis en cause.