Tarod a écrit:OK en gros SpaceX a réussi de construire un lanceur plus puissant (avec une configuration encore plus grosse avec le Heavy) aussi fiable et beaucoup moins cher
Depuis 3 ans je bosse dans une boite de recherche dans le secteur pharmaceutique, je comprends que dans un domaine comme celui là c'est possible de faire un bond en avant énorme sans que personne ne s'y attende (comme c'est possible sur le web ou ailleurs) mais lancer des satellites ça mobilise toute une batterie de technologies différentes. J'ai du mal à comprendre comment en quelque années une entreprise privée avec des moyens limités comparés à ce dont a bénéficié Ariane ou même la Navette spatiale puisse sortir un lanceur de référence sans que personne n'ait le temps de voir venir quoi que ce soit.
Falcon 9 n'est pas plus puissante qu'Ariane 5, c'est dans la même catégorie.
Falcon Heavy emporte beaucoup plus par contre.
Pour donner une idée:

Les charges utiles sont variables pour SpaceX, selon s'ils récupèrent les premiers étages ou non. Récupérer les boosters a un "coût" en carburant que tu te fais chier à faire décoller, résultat, récupérer 2 (ou 3) premiers étages = emmener moins de charge utile. Quand tu ne te fais pas chier à récupérer les premiers étages, tu peux envoyer plus de charge utile, mais ça te coûte plus cher.
Pour l'avancée technologique, bien que ça soit impressionnant de voir les boosters se reposer, c'est pas là la grosse innovation à mes yeux. Si tu regardes le tableau, tu vois que même en mode "expendable" (donc une Falcon 9 dont on ne récupère pas le premier étage), ça reste 2 fois moins cher qu'Ariane 5.
SpaceX a depuis le début développé son moteur (Merlin) pour que ça soit le même moteur utilisé sur le premier et le second étage. Ce n'est le cas d'aucun autre lanceur, qui utilisent des moteurs différents sur les deux étages. Ca peut sembler anecdotique, mais les économies d'échelle que tu peux faire en produisant toujours le même moteur sont assez énormes. Sur une Falcon 9 ils utilisent 10 moteurs Merlin (9 sur le premier étage, puis un seul sur le second étage). Quand tu produis 10 fois la même chose pour une seule fusée, ça devient assez simple (même si la conception initiale est un enfer quand le but est de pouvoir récupérer les dits-moteurs). D'autre part, ce moteur (comme la plupart des composants chez SpaceX) est fait en interne, tu n'as pas 3.000 fournisseurs à gérer qui se prennent chacun des marges astronomiques. Le marché public américain est assez parlant, on parle souvent de "cost-plus", c'est à dire que si jamais un sous-traitant se retrouve avec des coûts supplémentaires pour X ou Y raison, sa facture est automatiquement validée. Autrement dit, un sous-traitant n'a strictement AUCUNE raison de baisser ses coûts (à moins d'être en compétition, mais sur le marché spatial pendant longtemps, la compétition était faible).
Pour l'effet de surprise, c'est surtout qu'Arianespace et les autres lanceurs du marché se targuait d'une expérience hors pair, avec une fiabilité à quasi 100% (suffit de voir la liste des lancements depuis 20 ans:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ariane_5# ... lancements ). Ils se reposent là dessus et ça fonctionne pour beaucoup de clients. Quand tu envoies un satellite militaire à 1 milliard, en vrai tu t'en fous que le lancement te coûte 100 ou 200 millions, tu veux être SUR que ton satellite sera en orbite sans emmerdes. Sauf que forcément, plus SpaceX envoie de de Falcon 9 avec succès, plus l'argument de fiabilité historique pour Arianespace perd de sa superbe.
La prochaine grosse évolution pour SpaceX c'est le BFR (Big Falcon Rocket ou Big Fucking Rocket, selon), là c'est un lanceur de la taille d'une Saturn V, récupérable/ré-utilisable, qui remplacera les Falcon 9 et Falcon Heavy complètement (l'idée étant de récupérer toute la fusée en intégralité, d'un bloc) avec pour objectif la colonisation de Mars. Le moteur Raptor qui va équiper la BFR est en phase de test il en aura 42 par fusée, SpaceX veut construire la première BFR de test cette année, la faire décoller en sub-orbital en 2019 (donc juste décoller sur 100km max, puis la faire se reposer), avant des premiers vols pour Mars en 2022, et vols habités pour Mars en 2024.
Bon, entre les annonces initiales de calendrier d'Elon Musk et la réalité, il y a toujours un gap, c'est un peu le running gag, mais la vérité est que ce qu'il annonce est toujours plus ou moins réalisé au final, avec du retard, mais ça se fait quand même.