Compromis majeur à Kiev
Le Parlement a adopté deux réformes essentielles pour une sortie de crise, qui confortent l’opposition avant le scrutin présidentiel.
Le pas est important, peut-être décisif pour le règlement de la crise qui agite l’Ukraine depuis plusieurs semaines : les députés ont voté hier deux réformes constitutionnelles controversées. La première concerne le transfert de certaines prérogatives du président au profit du Parlement. L’opposition considérait la réforme comme une manoeuvre du président sortant, Leonid Koutchma, pour limiter les pouvoirs de son probable successeur et adversaire, Viktor Iouchtchenko. Il a finalement été décidé que la révision constitutionnelle ne serait appliquée que dans les derniers mois de 2005 ou début 2006, c’est-à-dire juste avant les législatives du printemps 2006. Cela laisse le temps à Iouchtchenko d’asseoir son autorité après sa victoire annoncée lors du second tour de la présidentielle rejoué le 26 décembre.
La seconde réforme était plus consensuelle mais était devenue le moyen de pression du camp Koutchma : il s’agit d’un amendement de la loi électorale censée limiter les fraudes après les violations massives constatées lors du scrutin invalidé du 21 novembre dernier. L’opposition a aussi obtenu la mise en place d’une nouvelle commission électorale plus indépendante. Toutes ces décisions ont été promulguées dans la foulée par le président Koutchma.
Le chef de l’État a donné le ton des réactions en jugeant que ce compromis reflétait la force d’une « volonté politique » commune. Un de ses proches, le président du Parlement, Volodymyr Litvine, y a vu un « acte de consolidation et de réconciliation qui prouve que l’Ukraine est une et indivisible ». Mais c’est du côté de l’opposition que se trouve le véritable vainqueur. Viktor Iouchtchenko a jugé que son camp avait « réussi à faire ce que peu de gens espéraient pouvoir réussir ». Pour lui, le compromis d’hier « ouvre la voie » à sa victoire à la présidentielle.
Il est indéniable que la position du leader de l’opposition s’est renforcée : le pouvoir central semble définitivement rallié à sa cause (on se souvient que Leonid Kout- chma a conseillé à son poulain Viktor Ianoukovitch de se retirer de la course), ce qui devrait limiter les risques de fraudes organisées. Et politiquement, la dynamique est plus que jamais du côté des « oranges », les partisans de l’opposition. Il faudra toutefois attendre la tonalité de la campagne électorale (ouverte cette semaine, mais que la poursuite du bras de fer politique a jusque-là reléguée au second rang) pour avoir une idée plus précise du rapport de forces dans le pays. Déjà, Viktor Ianoukovitch s’est mis en retrait : après avoir prétexté une mystérieuse maladie, il a obtenu de Leonid Koutchma des « vacances », qui lui évitent provisoirement d’être limogé de son poste de premier ministre après la motion de censure votée la semaine dernière.
Au sein de la communauté internationale, les réactions ont été très positives dans les chancelleries européennes et américaine, qui ont soutenu depuis le début Viktor Iouchtchenko. Colin Powell s’est dit « très content » des réformes tandis que le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, a salué des « décisions importantes ».
Paul Falzon
Fatcap a écrit:Dans tout ça le plus sympathique pour moi était Ianoukovitch. Peut-être parce que tout le monde l'a lâché y compris Kouchma, comme les rats quittent le navire. Il est vénéré dans la partie de l'Ukraine qui travaille, l'Est et le Sud, les mineurs notamment. J'espère qu'il n'a pas dit son dernier mot.
On ne peut pas en vouloir aux 52% d'Ukrainiens (mon Dieu quelle majorité écrasante !) qui ont voté pour Iouchtchenko. Ils ont voulu changer le système, sans se rendre compte qu'ils tombent dans un autre système, version aggravée du premier. Qu'ils méditent simplement sur ces ex-chouchous du FMI et des pontes du libéralisme, la Thaïlande, l'Argentine, le Mexique, et qu'ils ne viennent pas se plaindre plus tard s'ils connaissent la même situation. Ou qu'ils se demandent si tous les pays qui sont dans la sphère d'influence américaine connaissent la prospérité sans nuages. Et encore, eux ils l'ont cherché. C'est les 48% restants que je plains...
hakki a écrit:Les noms exacts sont Victor Yushchenko, Victor Yanukovich et Leonid Kuchma. Ce serait un minimum de respect que d'écrire correctement leurs noms quand le cas se présente.
silverwitch a écrit:Fatcap a écrit:Dans tout ça le plus sympathique pour moi était Ianoukovitch. Peut-être parce que tout le monde l'a lâché y compris Kouchma, comme les rats quittent le navire. Il est vénéré dans la partie de l'Ukraine qui travaille, l'Est et le Sud, les mineurs notamment. J'espère qu'il n'a pas dit son dernier mot.
On ne peut pas en vouloir aux 52% d'Ukrainiens (mon Dieu quelle majorité écrasante !) qui ont voté pour Iouchtchenko. Ils ont voulu changer le système, sans se rendre compte qu'ils tombent dans un autre système, version aggravée du premier. Qu'ils méditent simplement sur ces ex-chouchous du FMI et des pontes du libéralisme, la Thaïlande, l'Argentine, le Mexique, et qu'ils ne viennent pas se plaindre plus tard s'ils connaissent la même situation. Ou qu'ils se demandent si tous les pays qui sont dans la sphère d'influence américaine connaissent la prospérité sans nuages. Et encore, eux ils l'ont cherché. C'est les 48% restants que je plains...
Fatcap,
Ton analyse est très juste, mais tu ne peux comprendre le cas de l'Ukraine (ou de la Géorgie par exemple), si tu n'envisages pas la relation avec la Russie. Une majorité des ukrainiens a choisi de tourner le dos à la Russie qui à leurs yeux a été le fossoyeur de leur idée nationale et de leur culture. On ne peut comprendre aujourd'hui l'attitude des polonais ou des ukrainiens si on ne saisit à quel point les russes ont un lourd passé dans ces pays.
Silverwitch
Fatcap a écrit:aux habitants des républiques d'Europe centrale aux élections cent mille fois plus truquées, si vraiment ils sont au paradis maintenant...
Tu peux me dire en quoi les élections dans les états du centre de l'Europe sont "truquées" ? Rolling Eyes
En tout cas, j'espère que le premier acte de Viktor Yushchenko sera de demander l'adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne Smile
Maintenant il ne reste plus qu'à aider les biélorusses à retrouver leurs libertés pour qu'ils puissent rejoindre l'Europe également
Fatcap lors de la Révolution Orange à propos des acteurs principaux a écrit:-Youchchenko est le candidat favori du FMI et des USA. C'est un ex-apparatchik, qui a travaillé à la Banque centrale d'Ukraine depuis 1993, en tant que président depuis 1997. De 1999 à 2001 il a été premier ministre. En 2001 il est renvoyé par le Parlement ce qui place l'Ukraine sur la liste noire (crédits coupés) du FMI. Ce n'est cependant pas un anti-Russe pathologique puisqu'il a souvent aidé des firmes russes. Il est soutenu par une moitié de la population, bien que sa politique libérale ait frappé durement les classes moyennes.
-Julia Timoschenko, est peut-être le cerveau du parti de Youchchenko. C'est une ex-apparatchik, enrichie illégalement (multimillionnaire) lors des grandes privatisations après la chute de l'URSS. Son patron de l'époque purge une peine à vie à Los Angeles.
-Kouchma est également un dinosaure soviétique, corrompu et pro-Russe. Cependant il a donné également des gages à l'Otan et a envoyé des troupes ukrainiennes en Afghanistan
-Janoukovitch a été choisi par les Russes plus qu'il ne les a choisis. Il bénéficie du soutien d'une moitié de la population ukrainienne également. Principalement les populations ouvrières de la moitié industrielle du pays (Donbass, Donetzk).
Fatcap le 31 décembre 2004 suite à la Révolution Orange a écrit:Dans tout ça le plus sympathique pour moi était Ianoukovitch. (...) J'espère qu'il n'a pas dit son dernier mot.
Nuvolari a écrit:Quel repêchage !
Que de chemin parcouru depuis. Une belle arnaque la révolution "orange". Et il faut voir comment nos journaux présentent l'affaire...
Mufasa a écrit:Bon, bah Ianoukovitch vient de gagner les présidentielles face à Timoschenko (résultats provisoires: 48%-45%), avec Iouchtchenko déjà éliminé au premier tour. Cinglant désaveu de la Révolution Orange. Il y a quelqu'un ici qui devrait être content:Fatcap le 31 décembre 2004 suite à la Révolution Orange a écrit:Dans tout ça le plus sympathique pour moi était Ianoukovitch. (...) J'espère qu'il n'a pas dit son dernier mot.
Mufasa a écrit:La soi-disante "révolution orange"
Aym a écrit:Mufasa a écrit:La soi-disante "révolution orange"
Techniquement, on ne peut pas dire "soi-disante" pour la révolution. Ça revient à sous-entendre que la révolution est une personne capable de s'exprimer et de se nommer elle-même "révolution orange".
On ne peut dire "soi-disant" que pour une entité capable de s'exprimer. Donc une personne humaine uniquement.
C'était la minute culturelle de français, merci pour votre attention.
Mufasa a écrit:Aym a écrit:Mufasa a écrit:La soi-disante "révolution orange"
Techniquement, on ne peut pas dire "soi-disante" pour la révolution. Ça revient à sous-entendre que la révolution est une personne capable de s'exprimer et de se nommer elle-même "révolution orange".
On ne peut dire "soi-disant" que pour une entité capable de s'exprimer. Donc une personne humaine uniquement.
C'était la minute culturelle de français, merci pour votre attention.
Bien vu ! J'aurais plutôt pu mettre "dite."
Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 77 invités