silverwitch a écrit:Xave a écrit:Garion, c'est l'un des talents de ce film : chacun y voit ce qu'il a envie d'y voir sans forcément qu'il y ait de "bonnes" ou de "mauvaises" interprétations.
Certains comme toi y voient simplement du sado masochisme, d'autres de la schizophrénie, d'autres encore une façon de rejeter la société consumériste superficielle actuelle...
J'aime beaucoup ces fins qui incitent à la réflexion.
Xave,
Moi j'y vois du foutage de gueule, c'est grave? Parce qu'inciter à la réflexion je veux bien, mais quelle réflexion? Parce que tous les thèmes dont tu parles sont plus ou moins abordés dans le film, mais que nous apporte le film par rapport à ces thèmes?
Silverwitch
Je crois que le film a juste la volonté de nous dresser un tableau de la société capitaliste actuelle... une vie à la con bouffée par le consumérisme sans perspective, sans rêve, sans avenir... la société est tellement sclérosée que le seul moyen de rompre avec le conformisme ambiant et l'ennui qu'il suscite réside dans les comportements déviants, la virtualité (le "Fight Club" crée son propre monde virtuel... la baston n'étant qu'un substitut des paradis artificiels marijuanesques ou héroïnesques). Et que derrière tout ça se profile le spectre du terrorisme nihiliste, voire du fascisme (que l'on voit se dessiner à travers la militarisation du "Fight Club").
Le message du film - qui est aussi celui de Palaniuk dans son bouquin - c'est que la société capitaliste occidentale est aujourd'hui dans une impasse qu'elle contient en elle les germes de l'ultra-violence et du fascisme (et/ou du terrorisme).
Attention, ni Palaniuk ni Fincher ne cautionnent le "Fight Club"... disons qu'au départ, le regard est amusé (comme on peut être amusé par le fumeur de oinj ou l'acoolo sympa), puis tout s'assombrit jusqu'à ce que ce "Fight Club" ne devienne une grosse machine effrayante prête à tout foutre en l'air (les mecs au gueule ravagé qui répète comme des robots des machines à la con).
Ce film est une prophétie pessimiste sur le déclin inexorable de la civilisation occidentale et sur la nature même de l'être humain, animé de pulsions auto-destructrices incapable de créer, de réfléchir et de fonder une alternative crédible au monde à la con dans lequel il vit. C'est une remise en cause assez violente de l'idée de génie de la civilisation occidentale et même une remise en cause de l'intelligence humaine.