Accessits :
- 9 mois ferme, Albert Dupontel. Une petite comédie sociale comme sait si bien les faire Dupontel, toujours aussi intenable lorsqu'il est à la fois devant et derrière la caméra, et des seconds rôles aussi impayables que d'habitude, mention spéciale à Bouli Lanners en spécialiste de la vidéosurveillance, que l'on imagine passer ses journées à épier les gens d'une caméra à une autre.
- Assaut, John Carpenter. Adaptation moderne de Rio Bravo, Assault on Precinct 13 se situe cette fois dans un poste de police sur le point d'être abandonné, et où se réfugie un homme poursuivi par des individus violents et armés jusqu'aux dents. Assez réussi, mais le principal problème, à mon sens, est que l'on ne ressent pas assez les séquences d'assaut (plutôt dommage vu le titre du film).
- Baby Cart : L’enfant massacre, Kenji Misumi. Moins connu que la série des Zatoichi, mais issu également d'un manga, l'hexalogie Baby Cart lui est peut-être supérieure, ne serait-ce que par la maîtrise impressionnante de l'art du sabre par son acteur principal, Tomisaburo Wakayama (par ailleurs frère de Shintaro Katsu, acteur principal des Zatoichi et producteur des Baby Cart, la boucle est bouclée). Il s'agit ici du deuxième volet et sans doute du meilleur, avec un rôle plus important donné à Akihiro Tomikawa, qui incarne le jeune fils du héros (et qui est donc trimballé partout dans le fameux landeau donnant son titre à la série). Une véritable pépite pour les amateurs de sabre japonais.
- Casino, Martin Scorcese. Film jumeau des Affranchis (qu'on pourrait aussi comparer au Scarface de De Palma), et qui en reprend donc certains ingrédients, dont le moindre n'est pas le duo De Niro/Pesci. On préfèrera quand même l'original à la copie.
- John Rambo, Sylvester Stallone. Les films de Stallone auront toujours été un reflet de sa carrière personnelle : lorsqu'il peine à décoller dans le milieu du cinéma, il tourne un boxeur perdant dans Rocky puis un soldat perdu dans Rambo. Devenu célèbre, il prend la grosse tête dans des nanars hallucinants tels que Cobra ou Over the top, avant de chuter irrémédiablement pour devenir véritablement has-been. Avec successivement Rocky Balboa puis John Rambo, il retrouve l'humilité de ses débuts tout en adressant un regard acerbe sur la personne qu'il était devenu dans les années 80-90.
- Les Feebles, Peter Jackson. Le Muppet Show version sexe & drogue, à l'époque où Peter Jackson, encore méconnu, n'hésitait pas à aller dans le trash et le politiquement incorrect.
- Les Premiers les Derniers, Bouli Lanners. Petite pépite, sorte de western moderne situé dans la Bauce où deux chasseurs de primes (Lanners et Dupontel) sont mandatés pour retrouver un téléphone portable volé à un gros bonnet et contenant des données compromettantes ; ils croiseront sur leur chemin deux paumés partis à la rencontre de leur fille et un individu christique aux actes désintéressés.
- Sicario, Denis Villeneuve. Film nerveux sur l'interventionisme américain au Mexique dans sa lutte contre les cartels de drogue.
- The Movie Orgy, Joe Dante. Une véritable rareté, totalement introuvable par ailleurs, projetée à la cinémathèque dans le cadre d'une rétrospective Joe Dante (plus précisément lors d'une "nuit Joe Dante") et restaurée par Dante lui-même à partir d'une copie personnelle, The Movie Orgy est un montage de 4h30 d'extraits de films, de séries, de publicités et d'émissions télévisées qui était projeté sur les campus dans les années 60. Le principe était que n'importe qui puisse prendre la projection en cours de route. Le résultat est assez indescriptible mais très amusant, entre séries B copiant de manière grotesque les Universal Monsters, émissions télévisuelles improbables (notamment un orchestre de faux animaux au regard dépressif) et publicités hallucinantes (dont de la propagande pour l'armée), le montage aux petits oignons nous gratifiant parfois d'enchaînements désopilants. Si seulement ça pouvait sortir en DVD !... (ce qui est très peu probable, car Joe Dante lui-même, en présentation de la séance, confirmait qu'il s'agissait d'un film créé dans l'idée de le projeter devant un groupe de gens avec une bière à la main et non de le regarder tout seul dans son salon...)
10 : Les Galettes de Pont-Aven, Joël Séria.
Jean-Pierre Marielle dans un rôle taillé sur mesure, où il incarne un représentant en parapluie et peintre à ses heures perdues, fasciné par les culs des femmes qui jalonnent son existence. Comme souvent, Marielle se retrouve donc dans la peau d’un parfait idiot à la beaufitude exacerbée, genre de personnage qu’il joue toujours à merveille.
9 : Grand Prix, John Frankenheimer.
Superproduction américaine tournée dans les années 60, ce film s'immisce dans le monde des grands-prix de Formule 1 avec une sincérité et un amour du sport automobile visible à l'écran. Les grands moyens alloués à Frankenheimer sont utilisés à la perfection pour donner un accent authentique indéniable au film, tout en n'oubliant pas de raconter une histoire (ce qui, sur ce point, le distingue de Le Mans avec Steve McQueen, à mon sens moins réussi précisément pour cette raison). Et c'est ce mélange entre prises de vues révolutionnaires (et qui n'ont pas vieilli, finalement) et personnages bien dessinés qui fait de ce film une franche réussite.
8 : Appel d’urgence, Steve De Jarnatt.
Ayant eu un succès très limité à sa sortie en 1988, ce film était tombé dans l'oubli avant de ressurgir 24 ans plus tard grâce à un critique de cinéma. Traitant du sujet de l'apocalypse nucléaire, alors même que la guerre froide touche à sa fin, Steve De Jarnatt ne raconte pas un monde post-apocalyptique, ce qui était courant à l'époque, mais les instants qui précèdent la frappe balistique, alors qu'un couple d'habitants de Los Angeles, avertis par hasard de l'imminence de l'attaque, tentent de s'enfuir, répandant au passage la nouvelle qui fait basculer le quartier de Miracle Mile dans le chaos. Une vraie pépite.
7 : Les Diaboliques, Henri-Georges Clouzot.
Film noir de Clouzot, très bien servi par son trio d'acteurs principaux (Paul Meurisse, Simone Signoret et Véra Clouzot) et ayant par moment des fulgurances artistiques, notamment une fin évoquant l'expressionnisme allemand.
6 : Le Pacha, Georges Lautner.
Un bon polar de Georges Lautner et Michel Audiard mettant en scène Jean Gabin, dans un rôle d'inspecteur de police cherchant à mettre la main sur un tueur de flic (incarné par André Pousse). La musique est presque uniquement composée du titre Requiem pour un con de Serge Gainsbourg (qui fait pour l'occasion une apparition dans son propre rôle), et plus spécifiquement de sa partie instrumentale entêtante.
5 : Nuit et brouillard, Alain Resnais.
Moyen métrage documentaire sur le système concentrationnaire du 3ème Reich, ce film d'Alain Resnais est resté fameux aussi bien pour son propos et ses images que pour la polémique qu'il a engendré à l'époque : en 1957, la France et l'Allemagne ne sont pas encore prêtes pour leur devoir de mémoire, et tentent d'interdire ou de censurer le film lors de son passage à Cannes. Il faut dire que la voix off conclut en rappelant que la majorité des acteurs de la déportation sont sans doute passés entre les mailles du filet et se promènent encore en liberté et totalement incognito dans les deux pays. Quand on sait le rôle des industriels en 39-45 et le pardon dont ils ont bénéficié ensuite, on comprend que ce film ait pu faire grincer des dents...
4 : Massacre à la tronçonneuse, Tobe Hooper.
Contrairement aux préjugés véhiculés par son titre, ce film n'est pas tellement gore mais particulièrement dur psychologiquement. Ce qui est assez fascinant, c'est de constater que Tobe Hooper y invente le genre slasher, tout en donnant l'impression de le réinventer puisqu'il ne s'agit pas d'un tueur qui poursuit des ados, mais des ados qui s'introduisent dans la maison du tueur (qui, de son côté, ne comprend pas pourquoi). Le plus surprenant, finalement, est de constater qu'aucun des nombreux slashers qui ont suivi n'ont réussi à faire aussi bien que celui-ci, tant au niveau de la manière de montrer la terreur à l'écran (sans nécessiter de gore outre mesure) que dans la description de son tueur principal, qui cache une vraie humanité derrière sa barbarie.
3 : Le Juge et l’assassin, Bertrand Tavernier.
Sans doute le meilleur rôle de Galabru au cinéma, pour une fois que lui était donnée l'occasion d'exprimer son talent d'acteur dans autre chose que des comédies navrantes. Cette confrontation entre un tueur en série et un juge (Philippe Noiret) dans la France de l'Affaire Dreyfus (on notera, au passage, une affiche hallucinante titrant fièrement "Lisez La Croix, le journal le plus antisémite de France !") permet de s'interroger sur le rôle de la justice et les conflits d'intérêts que peut avoir un juge carriériste dans ce genre d'affaires médiatisées.
2 : Room, Lenny Abrahamson.
À partir d'une affaire absolument sordide d'un père ayant séquestré et violé sa fille pendant 24 ans (l'affaire Fritzl), Emma Donoghue, auteure du livre et de son adaptation au cinéma, imagine le quotidien d'un garçon de 5 ans ayant passé toute sa vie en captivité dans quelques mètres carrés, et de son choc lorsqu'il découvre le monde extérieur. Loin d'être glauque, l'histoire trouve plutôt une vraie poésie.
En parlant de glauque...
1 : Old Boy, Chan-wook Park.
Outch. Un film bien vénère qui, non content de nous arracher la tête pendant ses scènes d'action (dont le fameux plan-séquence du marteau), nous la retourne lors de ses scènes dialoguées. Pas étonnant qu'il ait frôlé la palme d'or en 2003...