de Shoemaker le 26 Oct 2019, 13:58
J'ai du mal à voir en quoi tu n'es pas d'accord.
Je suis entièrement ok que, monnayer son corps, en supposant bien entendu que cet acte s'opère sans aucune coercition extérieure (proxénètisme, etc), est un droit pour tous et toutes ***, quoi qu'on en pense du point de vue moral, la morale, comme la religion, ne devant pas sortir de la sphère strictement privée, ou intime. Ce qui doit régir les rapports entre les citoyens, ce n'est certainement pas la morale, mais des lois, dont certaines sont tacites, comme l'acceptation par exemple d'un dénominateur commun minimum pour qu'il y ait "sociabilité" dans l'espace public, nécessaire pour ce qu'on appelle en novlangue, le "vivre ensemble", en suivant pour cela des codes tacitement admis (politesse, minimum de solidarité, habillement, comportements globaux, etc.)
Oui, donc, ce n'est pas le fait de monnayer son corps en soi, qui "me pose problème", mais c'est :
- le fait de le faire, et, dans un second temps, parce qu'en l'occurrence, en ce moment, le sociétal à le vent en poupe, se plaindre de l'avoir fait en déguisant la chose en une sorte "d'agression ... acceptée ... sans consentement" (sic) et sans y avoir été obligée, argument d'une incroyable absurdité.
- le fait de se victimiser, alors que ces mêmes femmes auraient envoyé valdinguer quiconque (un père, une amie...) les aurait sagement et prudemment prévenues que monter seule dans la chambre ou le bureau d'un tel type, expose mathématiquement à ce que le "satyre" se comporte en ... "satyre". L'argument dans ces conditions particulières, d'une quelconque "sidération" de la pseudo victime, perso, ça ne me rentre pas dans le ciboulot.
Une jeune fille qui rencontre "un Weinstein" dans les conditions que l'on sait, n'est pas une victime, mais une dame qui cherche a obtenir certaines choses, quitte à en octroyer très possiblement d'autres. Une sorte de marché "gagnant gagnant". Un bon vieux troc, même si c'est entre un vrai puissant et une fausse faible (la jeune actrice sait/pense qu'elle possède un truc que le mâle moyen rêve en bavant de posséder, et elle s'imagine que cela est une force dont la nature l'autorise à en user et à abuser. Charme, séduction, désir, tout ça... C'est comme ça, les humains sont ainsi faits).
Se victimiser dans ces conditions, est une insulte envers les vraies victimes, celles qui sont violées avec violence, réellement et SANS AUCUN consentement de quelque sorte que ce soit.
Quelque part, ces femmes-là qui s'adonnent à de tel procédés (appelés vulgairement "promotion canapé), ont joué, gagné ou perdu, et, à la faveur d'un certain vent politique, essayent de se donner bonne conscience.
Pourquoi pas.
Mais pas en mentant, et en exposant la vie d'autrui à la vindicte que l'on sait, et Dieu seul sait combien les Weinstein me sont détestables. Et encore, pour un Weinstein, puissant riche et qui saura certainement rebondir sur ses deux pattes bien souples, combien de gars auront réellement leur vie médiatiquement brisée, injustement, parce qu'un jour, ceci cela etc etc... On a déjà parlé de tout ça.
Et je le répète encore, ces jeunes femmes, qui sont en général dans le combat hyper féministe vociférant, font un grand mal à l'ensemble des autres femmes, en dévoyant la vraie lutte pour l'égalité h/f. Parce qu'elles veulent manger à tous les râteliers, aussi bien celui de la féministe hard et vindicative (souvent instrument/idiote utile de vraies puissances occultes) que celui de la femme réellement victime du machisme violent (ça va du callage dans le métro jusqu'au viol proprement dit, et parfois au meurtre).
En cela, elles donnent une image détestable de l'ensemble des luttes authentiques pour l'égalité (et la "tranquillité" des femmes), en en présentant un aspect très médiatisé, injuste, frôlant la pure escroquerie malsaine.
Ne parlons pas du fait que ces jeunes femmes participent à la dégradation globale de la situation des femmes, lorsqu'elles acceptent contre argent et notoriété, de jouer dans toutes sortes de productions (films, publicité...) qui donnent de la femme l'image qu'on sait, un bon gros tas de bonne viande, mais pour ceux qui en ont les moyens : pour les prolo, y a les sites pornos ! En quelque sorte, la version en creux des nanas en hidjab, qui elles, sous couvert de "liberté", clament à la face du monde, leur soumission à des machos barbares (quoi qu'elles présentent comme argument, puisque l'argument de base, c'est qu'elles suivent des préceptes édictés à l'origine par ... des machos de chez machos !) (je parle de celles qui mettent le voile en "toute liberté"...)
(Cela dit, une société où la femme est souvent instrumentalisée en tant qu'objet sexuel mais où la lutte pour l'émancipation est possible, reste "moins pire", si j'ose dire, et de loin, qu'une société où la femme est globalement assimilée à un être ontologique ment inférieur. Y a pas photo, là-dessus).
*** Dans le cas de la prostitution, la vraie (celle dans la rue froide et mal éclairée, pas la "chic" dans les salons feutrés de Weinstein) : monnayer son corps est certes un droit, mais on sait bien que celles (ou ceux) qui passent à l'acte sont la plupart du temps issues du bon vieux prolétariat. C'est d'ailleurs le problème politique (au-delà de la morale) que pose la GPA : qui imaginerait une rombière du 16eme monnayant son corps à une prolo pour que cette dernière puisse accéder à la maternité ? C'est tout simplement inimaginable.
Donc oui, monnayer son corps est un libre choix, mais un libre choix déplorable, en général...
"c'est quoi le blues". Toujours les mêmes histoires, celles qui font vaciller les mondes et les empires.
John Lee Hooker