LeFigaro.fr Le Scan Politique a écrit:Les populistes français récupèrent la victoire de Virginia Raggi à la mairie de RomeLE SCAN Les verbatims
Par Louis Nadau
Mis à jour le 20/06/2016 à 20:01 Publié le 20/06/2016 à 18:53
La nouvelle maire de Rome, Virginia Raggi.LE SCAN POLITIQUE - Le Front national et la gauche radicale voient dans la victoire de la candidate du Mouvement 5 étoiles un signe de l'effondrement des partis traditionnels dont ils espèrent profiter.L'élection de Virginia Raggi, candidate novice en politique issue du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, a été largement saluée par les représentants de l'extrême droite française et, plus largement, par les souverainistes hexagonaux. Sur twitter, les félicitations pleuvent: «La victoire de Virginia Raggi à Rome est une nouvelle claque pour le système, écrit le conseiller régional de Bourgogne FN Julien Odoul. La caste aboie, les peuples tracent le chemin de la liberté.»
Le député Rassemblement bleu Marine Gilbert Collard ajoute sa pierre à l'édifice: «Le sale système la qualifie de populiste: et alors? Dans ce beau mot, le Peuple y est, au moins!» De même, le maire de Béziers Robert Ménard y va de son compliment, percevant dans cette victoire une confirmation de «la chute des partis traditionnels».
«Ce sont les craquements du système, analyse Gilbert Collard, il y a des fissures psychologiques et idéologiques. L'essentiel de mon adhésion tient au non-conformisme de ce mouvement. On crève de ce conformisme, et les peuples sont en train de sortir de leur léthargie», dit-il au Scan.
Récupération populisteTous prennent la victoire de Virginia Raggi dans la ville éternelle comme un exemple d'un refus grandissant de l'Union européenne. Le secrétaire général du Front national, Nicolas Bay, bien qu'il mentionne les «divergences» qui séparent son parti du mouvement de Beppe Grillo, considère le triomphe de la romaine (élue avec environ 65 % des voix) comme «une belle claque pour l'UE».
En dépit du soutien unilatéral apporté à Virginia Raggi au second tour de l'élection par la Ligue du Nord, la nouvelle élue est loin d'appartenir à l'extrême droite italienne, d'ailleurs présente et battue (20 % des voix) au premier tour du scrutin municipal. Bien qu'elle appartienne à un mouvement hostile à l'Union européenne, Virginia Raggi faisant essentiellement campagne sur la critique des élites politico-financières et l'appel à un renouveau démocratique. Elle n'a pas développé de ligne claire susceptible de dépasser le cousinage populiste avec le Front national.
Comme lors de la présidentielle autrichienne, le parti hexagonal se sert ainsi de la victoire du «Movimento 5 Stelle» pour nourrir l'idée d'une vague populiste, prête à déferler sur la France après avoir touché ses voisins. Une attitude «très opportuniste» selon le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière.
Un «désaveu» du social-libéralisme pour la gauche radicaleS'il se revendique lui aussi du populisme, Alexis Corbière accueille avec beaucoup plus de prudence la victoire de Virginia Raggi. L'ancien conseiller de Paris interprète le résultat du vote romain comme l'expression d'une «volonté d'un grand coup de balai», mais prend garde aux «éruptions» électorales. La prise de distance est nette: «Le Mouvement 5 étoiles a une dimension contradictoire, ce n'est pas ce que nous cherchons à construire en France.» Cette prudence s'explique notamment par les prises de position anti immigration de la figure tutélaire du mouvement, le comédien Beppe Grillo.
Au Parti socialiste, c'est le député frondeur Pascal Cherki, qui salue sur Twitter «une femme de caractère» dont l'élection «confirme la lame de fond en cours». Alexis Corbière et Pascal Cherki retiennent surtout du succès de Virginia Raggi le rejet du gouvernement italien. Derrière le premier ministre transalpin Matteo Renzi, étoile montante du social-libéralisme européen, c'est bien le président de la République François Hollande qui se trouve dans le viseur des deux partisans d'une gauche «dure». Tandis que le premier parle de «désaveu pour Matteo Renzi, pourtant pris en exemple par nos dirigeants», le second affirme: «En Italie aussi, la ligne sociale-libérale du gouvernement ne recueille aucune adhésion populaire.» Virginia Raggi s'est en effet imposée au second tour contre un candidat du Parti Démocrate italien, dont le premier ministre est issu.