Alors maintenant, quelques séquences "kült" d'un de mes films fétiches. Shane, "L'homme des vallées perdues", de George Stevens, 1953, oui. L'année du premier film en cinémascope, "The Robe" ("La Tunique", d'Henry Koster, mais nous y reviendront, notamment pour son Caligula survitaminé à la cocaine, Jay Robinson). Et qui aurait tant profité au film de George Stevens, dans les décors naturels inouis du Wyoming.
C'est l'histoire d'un justicier, solitaire et pacifiste, dont on devine peu à peu au cours du film les failles et les pêchés, de poudre et de sang, de meurtre !, et qui ne veut plus toucher un colt de sa vie ; et qui se retrouve impliqué dans un conflit opposant un gros rancher face à de petits paysans venus s'installer dans une vallée pour y faire de l'agriculture quand le rancher, lui, veut continuer à y faire paître, et boire, ses milliers de bêtes à cornes en dépit des cultures et des barrières.
Un homme dont on ne connait que le prénom.
Shane - Alan Ladd, s'installe pour quelques temps, pour se reposer mais aussi faire un peu d'argent, dans la ferme d'une gentille famille américaine, idéalisée, avec le papa, courageux et obstiné,
Joe Starret - Van Heflin. La maman, obéissante et soumise, mais avec ce zeste d'hystérie qui fait la femme américaine si remarquablement... Pénible
,
Marian - Jean Arthur ; et le fiston de 10 ans qui veut déjà être un homme,
Joey - Brandon De Wilde. Rapidement, les emmerdes arrivent quand Shane prend connaissance du conflit dans la vallée et s'associe aux petits paysans. Il s'oppose à
Rufus Ryker - Emile Meyer, le rancher, et se bagarre à coups de poings dans le saloon de la petite ville avec ses hommes. Au point que le rancher, devant cette opposition, en appelle à un tueur professionnel.
Jack Wilson. Première apparition, fulgurante de violence et de mort, de Jack Palance à l'écran. Quelques minutes de bobine, notamment dans la séquence inoubliable de sa première apparition dans le film, son entrée dans le saloon, qui feront dire à Woody Allen : "S'il n'y a qu'un acteur à être parvenu à créer la personnification du mal absolu, c'est Jack Palance dans Shane".
Alors je vais pas faire dans le détail. Ou plutôt si. Plusieurs extraits de ce film que je considère comme le plus beau western de tous les temps. Et qui constitue une vraie rupture dans le genre du western, puisqu'on y dépeint un grand ouest pour la première fois, boueux. Sanglant. Et amer. Les racines des westerns réalistes à venir dans les années 60 sont là. Dans ce film.
La sublime séquence d'ouverture.
Le début de la séquence de la bagarre dans le saloon avec les hommes de Rufus Ryker.
L'entrée de Jack Wilson... Glissant à l'écran dans une vibration de faux... Bête vicieuse, méfiante, qui n'entre jamais nulle part sans savoir comment elle va en ressortir. Vivante et victorieuse...
(dont l'allure hiératique inspirera directement "Phil Defer", en 1954, un ennemi de Lucky Luke)
L'énorme séquence "
mouchoir"... Les adieux du héros à Joey. Pour aller vers son destin...
Alors, c'est pas
KÜLT ?