von Rauffenstein a écrit:Je ne parlerai pas d'empire, concernant els Américains. Ils ont juste été les seuls hyperpuissants et en roue libre pendant 20 ans. Pour le reste, oui, ils ont quand même assuré une sécurité globale au monde, notamment face au Pacte de Varsovie.
La
Pax Americana était autant une menace pour la sécurité "globale" que le régime soviétique. La confrontation des empires procurait une relative sécurité pour qui acceptait de sacrifier sa liberté politique. C'était un choix, mais sans liberté que vaut la sécurité ? Enfin, ce n'était pas un choix, car l'Europe était occupée, de chaque côté du mur.
Quant à la sécurité globale, voyons: guerre de Corée, guerre d'Indochine, guerre d'Algérie, guerre du Viêt Nam, guerres d'Irak, guerre en Yougoslavie, guerre en Afghanistan, guerre en Libye, guerre en Syrie, guerre au Mali... En conclusion, nous n'avons ni la liberté, ni la sécurité.
von Rauffenstein a écrit:Je ne vois pas l'essence de 2001 comme toi. Ou je ne comprends pas ce que tu veux me dire. Je pense que le sujet de 2001, c'est quand même l'idée de l'outil et de l'homme. L'outil qui devient de plus en plus sophistiqué au point qu'il dépasse son concepteur. La fin étant l'allégorie du chemin que l'humanité doit trouver désormais, au-delà de l'outil qui, d'asservi, devient compagnon.
Oui, et qui contraint à poser la question de l'humanité. Elle n'est pas donnée une fois pour toutes: vers l'infini, puis
retour (l'enfant des étoiles).
von Rauffenstein a écrit:Je ne disqualifie personne. Et il ne me semble pas avoir opposé à ta vision, une qui serait mienne et serait fondamentalement opposée à la tienne. Une humanité globalisée, pour moi, c'est une humanité qui coopère à un projet commun.
À condition de ne pas se tromper sur le projet et sur la manière. Lutter contre l'impérialisme américain est une nécessité, celle de la liberté politique qui doit primer sur tout. Qui privilégierait une humanité future à l'humanité vivante au nom d'un avenir qui n'existe pas ? Ce serait la barbarie la plus sophistiquée possible.
von Rauffenstein a écrit:Tu me parles de Dieux. Je rebondissais là-dessus. C'est plutôt un professionnel, le pilote. Un ingénieur qui exploite un système dans un cadre très complexe.
D'un côté, la technique, de l'autre l'art de la guerre. Ainsi le tueur du ciel est un professionnel, le terroriste un barbare. Entre les deux, il y a la guerre. Dans ta conclusion (paragraphe suivant), l'un vaut l'autre, puisque c'est la guerre. Et puis finalement tu en préfères un, parce que c'est comme ça.
von Rauffenstein a écrit: Et je n'ai jamais évoqué la guerre comme une fin en soi. Je parle d'art de la guerre. La façon de la faire pour porter des coups à son adversaire. Le porteur de pétoire à 200$ n'est pas démuni par rapport à celui qui sert une machine à 100 millions. Ils sont les phalanges de chefs qui s'affrontent et exploitent les possibilités qui leurs sont offertes avec chacun de ces systèmes. Et je préfère juste mon monde à celui que nous proposent ceux qui viennent égorger nos fils et nos compagnes jusque dans nos lits. Quand bien même ils seraient à tes yeux, les avatars d'une juste révolte.
Si tu t'étais contenté d'une préférence personnelle, c'était ton affaire. Tu n'as pas fait que ça, tu sommes tes interlocuteurs de choisir un camp (logique impériale: qui n'est pas avec nous est contre nous), et tu as justifié moralement ta préférence, en raison de la barbarie du terroriste (manière de faire la guerre). J'ai répondu à tes arguments.
von Rauffenstein a écrit:je n'ai jamais dit que la guerre était une finalité en soi. Par contre, oui, on fait la guerre à la barbarie. Je le conçois parfaitement.
La guerre à la barbarie. C'est un slogan. Tu l'as écrit plus haut, la guerre est un art, une question politique et culturelle.
Tu te trompes. Tu sous estimes l'intelligence du barbare. Qui pense la guerre aussi. Et sait répondre à ce qu'il ne peut pas atteindre en frappant là où il peut porter un coup. Ce qu'il fait. Par l'attentat ou la mine. En pour ce qui est de la confrontation directe, le "corps à corps", il y a un reportage intéressant sur vice.com, lors de combats entre l'Armée Française et AQMI à Gao en février 2013. C'est une question d'entrainement.
On en revient au point de départ, à une barbarie sophistiquée répond une autre barbarie. Tu le démontres de manière systématique avant de refuser la conclusion qui s'impose. Et comme tu ne définis pas la barbarie, tu es bien avancé. Et ne me refais pas le coup de la morale, tu l'as balayé en un argument dans le paragraphe auquel je réponds (j'ai souligné).
Les Français ne "protègent" plus la Syrie en y stationnant, depuis les années 40. et à priori, ils tirent sur les ennemis d'El Assad.
J'ai loupé plusieurs épisodes alors. La France fait la guerre à l'étranger (la Syrie n'est pas la France), sans mandat et sans autorisation légale dans un pays déchiré par la guerre civile (où la légitimité du régime est en question, la preuve hier encore la France voulait bombarder Assad après l'avoir invité à Paris l'avant veille). Quand tu arbitres un conflit, tu examines la situation. Quand un Palestinien tue un Israélien, je distingue l'occupant de l'occupé. C'est bien normal. Pendant la guerre d'Indochine, le Viêt-Minh était brutal, les soldats français prisonniers sont parfois morts d'épuisement, victimes de mauvais traitement et de tortures. Deux camps étaient en guerre, chacun avait de bonnes raisons, et pourtant le principe de justice était d'un seul côté. La France avait tort, au nom même de ses principes, au nom du
droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Je suis Française, je défends nos principes. Nous n'avons pas le droit de nous ingérer dans les affaires syriennes, et si après l'avoir fait, en soutenant partout désormais l'impérialisme américain contre la diversité des nations nous sommes attaqués en retour, voilà les grands mots et la barbarie. La France a tort et c'est au nom de la France, au nom de ses principes que je dois lui donner tort et non raison. En Syrie comme en Irak en ou en Afghanistan personne n'aime les "missionnaires armés", personne n'aime l'envahisseur ou l'occupant de ton pays, d'autant plus s'il te bombarde du ciel et te fait la morale.
Le premier devoir est de combattre l'envahisseur et de lui résister. Cette résistance c'est le droit des peuples, c'est la justice ultime, le principe révolutionnaire français contre l'impérialisme, sous toutes ses formes historiques. La France a tort, je ne choisis pas pour autant un autre camp, celui des terroristes ou de la Syrie. Pour une raison très simple, je ne suis pas Syrienne ou Irakienne.