Le sioniste néo-conservateur (pléonasme), l'enragé JP Filliu serait-il en train de préparer l'opinion à une intervention directe d'Israël en Syrie ? On peut penser que face au danger mortel de paix dans la région que serait une entente Trump-Poutine, les faucons israéliens (pléonasme) pourraient jouer leur va-tout dans les semaines qui viennent dans une aventure militaire massive.
19 janvier 2017
Daech progresse aux portes d’Israël et de la Jordanie
La chute d’Alep a permis à Daech, non seulement de reprendre Palmyre et de progresser à Deir Ezzor, mais aussi de consolider ses positions dans le sud de la Syrie.
Daech apparaît chaque jour un peu plus comme le grand vainqueur de la bataille d’Alep, à laquelle il n’avait pourtant pas participé (les forces révolutionnaires, écrasées par le régime Assad et ses alliés en décembre 2016, avaient chassé Daech hors d’Alep dès janvier 2014). L’organisation d’Abou Bakr al-Baghdadi a en effet été épargnée par l’acharnement russe contre l’opposition à Assad et elle a pu relancer sa progression sur différents fronts de Syrie.
LE FRONT SUD
Daech a ainsi pu reprendre la ville de Palmyre, qui lui avait échappé en mars dernier, et elle continue de progresser en Syrie centrale (voir la carte ci-dessus établie par l’Agence France Presse au 23 décembre 2016). Elle a déclenché, le 14 janvier, une offensive majeure à Deir Ezzor, la principale ville de la vallée de l’Euphrate, et elle en contrôle déjà les deux tiers. Mais c’est sans doute dans le sud-ouest de la Syrie que l’implantation de Daech est la plus porteuse d’escalade régionale.
La province de Deraa, frontalière de la Jordanie, a été le berceau du soulèvement populaire contre le régime Assad en mars 2011. Les groupes armés qui y ont émergé, souvent dans une dynamique d’auto-défense, demeurent très marqués par cette histoire nationaliste, voire progressiste. Ils tirent leur force d’un ancrage local indéniable, qui les handicape en revanche lors de campagnes de plus grande ampleur.
Un « Front Sud » s’est progressivement constitué avec une cinquantaine de « brigades », rassemblant une vingtaine de milliers de combattants. Mais ce Front est très dépendant de l’aide attribuée de manière aussi irrégulière qu’arbitraire par le Military Operations Center (MOC), la cellule d’état-major installée par la coalition anti-Daech à Amman. La Jordanie exige ainsi que l’assistance militaire soit concentrée sur la lutte contre Daech plutôt que contre le régime. Cette position a été confortée par les Etats-Unis, sans doute après consultation avec Israël, qui ont refusé aux insurgés du Sud, même contre Daech, le soutien aérien qu’ils accordaient aux rebelles kurdes du Nord-Est de la Syrie.
Ces restrictions ont terriblement affaibli le « Front Sud » avec l’engagement direct de la Russie aux côtés du régime Assad en septembre 2015. Quatre mois plus tard, une offensive du Hezbollah, appuyée par des frappes russes massives, expulsait le « Front Sud » du carrefour stratégique de Sheikh Miskeen, entre Deraa et Damas. Cela permettait à Assad et à ses alliés de « nettoyer » le sud de la capitale, puis de resserrer l’étau sur les banlieues encore sous contrôle révolutionnaire, avec, notamment, la chute de Daraya en août 2016.
LA PERCEE DE DAECH
Daech, dans la foulée de sa reprise de Palmyre, en décembre dernier, a progressé dans toute la région désertique qui longe la frontière jordanienne jusqu’à l’angle des trois frontières entre la Syrie, la Jordanie et l’Irak. J’avais rapporté ici comment la « Nouvelle Armée Syrienne », l’appellation pompeuse de la milice locale anti-Daech, avait été privée en pleine bataille, en juin 2016, du soutien aérien des Etats-Unis, et ce après avoir subi… un bombardement russe.
Ces abandons ont naturellement contribué à l’affaiblissement de la résistance à Daech dans la zone, surtout quand les miliciens révolutionnaires étaient accusés, au mieux d’être des supplétifs de la Jordanie, au pire de ménager Assad, du fait des restrictions imposées par le MOC. Cette propagande jihadiste s’est accompagnée d’attentats de Daech contre les cadres révolutionnaires (ainsi à Ankhil, le 22 septembre 2016, avec 16 morts, dont le « ministre de l’administration locale » du gouvernement provisoire d’opposition).
C’est cependant dans le bassin du Yarmouk que l’implantation de Daech est la plus menaçante (il s’agit de la tache grise dans l’extrême sud-ouest de la Syrie sur la carte ci-dessus). Cette poche jihadiste est en effet fichée dans un triangle stratégique le long de la frontière jordanienne et au pied du Golan (territoire syrien occupé par Israël depuis 1967). Quelques centaines de combattants jihadistes de l’Armée de Khaled Ben Walid (du nom du conquérant de la Syrie à l’Islam en 636) y ont prêté allégeance collectivement à Daech.
La Jordanie et les Etats-Unis ont poussé le « Front Sud » contre ces partisans de Daech, mais la crise du camp révolutionnaire lui a interdit de remporter une victoire significative. En outre, la forte structuration tribale du bassin du Yarmouk rend le risque d’un cycle de vendettas très sérieux. La donne militaire s’est encore compliquée avec un raid israélien, le 27 novembre 2016, qui a tué quatre combattants de Daech, en bordure du Golan.
Quelles que soient les rodomontades du dictateur Assad et de ses soutiens à l’étranger, c’est bel et bien Daech qui tire les plus grand bénéfices de la chute d’Alep : il continue de menacer l’Europe, entre autres, à partir de Rakka ; il a pu frapper la ville jordanienne de Karak, la veille de la tuerie du marché de Noël de Berlin ; il consolide sa présence au carrefour des frontières entre Israël, la Jordanie et la Syrie, à l’Ouest, ainsi que dans le triangle Syrie-Jordanie-Irak à l’Est.
Un résultat aussi désastreux augure le pire pour 2017.