LeMonde.fr a écrit:L'Etat deviendra le principal actionnaire d'AlstomLe Monde.fr avec AFP | 22.06.2014 à 12h44 • Mis à jour le 23.06.2014 à 10h42
Les jeux sont faits dans le dossier Alstom. Après trois jours d'intenses tractations, le ministre de l'économie, Arnaud Montebourg, a annoncé dimanche 22 juin sur France 2 que l'Etat et Bouygues étaient parvenus à un accord permettant à l'Etat de devenir le principal actionnaire d'Alstom, dès que l'alliance avec General Electric sera finalisée.
Selon les termes de cet accord, Bouygues propose gratuitement à l'Etat une option sur les 20 % de parts qu'il convoite pendant une période de vingt mois. L'Etat ne pourra exercer son option auprès de Bouygues que si le cours de Bourse est à ce moment là « supérieur ou égal » à 35 euros par action, moins une décote qui, a précisé Bouygues, sera comprise entre 2 % et 5 %.
Entretemps, Bouygues – actuellement premier actionnaire d'Alstom avec 29,4 % des parts – lui cède ses droits de vote au conseil d'administration, précisent Bouygues et Bercy dans des communiqués séparés.
Sur son compte Twitter, le ministre de l'économie s'est félicité de la tournure des événements.
BOUYGUES A LE DERNIER MOT SUR LE PRIX
Le principal point d'achoppement des négociations portait sur le prix. L'Etat avait en effet fait part de son souhait de racheter les parts du groupe au prix du cours actuel, soit 28 euros par action, selon la dernière cotation vendredi à la clôture de la Bourse de Paris. Mais Bouygues en demandait environ 35 euros, soit la valorisation que le groupe fait lui-même de sa participation dans ses comptes (3,07 milliards d'euros).
Il semblerait donc que sur ce point, c'est finalement Bouygues qui a obtenu le dernier mot. Selon le communiqué du groupe, « l'Etat dispose d'une option d'achat d'un maximum de 20 % (...) sous réserve que ce prix soit supérieur ou égal à l'équivalent d'un prix théorique de 35 euros ajusté ».
Dans le même temps, ce mécanisme d'option permet à Bouygues d'éviter de constater une nouvelle moins-value sur Alstom. En 2013, il lui en déjà coûté 1,4 milliard d'euros pour ramener à 34 euros la valeur de l'action Alstom dans ses comptes.
Arnaud Montebourg a indiqué pour sa part que l'Etat rachètera à Bouygues ses parts dans Alstom « quand l'Etat jugera le moment opportun », c'est-à-dire quand « le prix sera le plus bas possible car nous ne souhaitons pas dépenser inconsidérément le patrimoine des Français ».
Alors que l'Etat est engagé dans un plan de réduction des dépenses publiques, le ministre de l'économie avait assuré au Parisien samedi soir que cette opération « coûtera zéro euro aux contribuables » et sera financée par la vente de « certaines » participations de l'Etat dans des grands groupes français.
L'Etat a vendu ces derniers mois des actions qu'il détenait dans Safran, Airbus et Aéroports de Paris, ce qui lui permet de disposer « de 2,7 milliards d'euros en caisse ». Ces négociations sont décisives pour l'avenir du projet d'alliance d'Alstom avec General Electric sur ses activités énergie. « S'il n'y a pas d'entrée de l'Etat [au capital d'Alstom] parce que M. Bouygues ne veut pas vendre ses actions, l'opération avec GE ne se fera pas », a expliqué Arnaud Montebourg.
ALSTOM A VALIDÉ L'OFFRE DE GE
Vendredi, le gouvernement s'était prononcé en faveur du projet de l'américain face à celui du tandem germano-nippon Siemens et Mitsubishi Heavy Industries. Il avait annoncé, dans le même temps, qu'il comptait devenir l'actionnaire principal d'Alstom afin d'exercer sa « vigilance patriotique », selon les mots d'Arnaud Montebourg.
De son côté, réuni samedi, le conseil d'administration d'Alstom « a unanimement décidé d'émettre un avis favorable à l'offre de GE », pour la vente sous conditions de ses activités énergie, valorisée 12,35 milliards d'euros, mettant presque fin à un dossier qui défraie la chronique économique depuis avril. GE offre de créer trois coentreprises à parité (turbines à vapeur, réseaux et énergies renouvelables) avec Alstom et de lui céder son activité de signalisation ferroviaire.
Surtout, dans l'alliance à 50-50 dans les turbines à vapeur (qui équipent les réacteurs des centrales nucléaires d'EDF), l'Etat français aurait un droit de veto assorti de droits de gouvernance. L'accord prévoit également que GE s'engage à payer une pénalité de 50 000 euros pour chaque emploi non créé sur les 1 000 promis, a confirmé lundi Arnaud Montebourg.