Sylex a écrit:L'engagement social et moral est très fort dans le modèle que j'appelle de mes vœux. A vie.
Engagement social et moral très fort, soumis aux caprices du temps, c'est-à-dire à la
mode. Il y a comme une contradiction dans les termes, contradiction qui s'explique, voir plus bas.
Sylex a écrit:En quoi le mariage homosexuel serait nuisible à l'intérêt général? Je veux dire, rapporté à ces quelques pas qui nous séparent de l'équité?
Je vois des personnes libres de fonder un foyer, de bâtir un patrimoine, d'élever des enfants, d'être protégés en cas de disparition du conjoint.
Je ne vois que la correction d'une anomalie.
Tu prends le problème à l'envers. Ce qui constitue la norme, c'est
l'absence de distinction sociale. Je n'ai pas plus de droits que je sois hétérosexuelle, homosexuelle ou que je vive dans une communauté où l'on pratique l'amour à plusieurs, les yeux bandés. Que j'ai la peau blanche ou non, que je sois née Française ou pas, que je sois athée ou chrétienne, tout ça ne me donne droit à aucune distinction, dans un sens positif ou négatif.
En revanche, en instituant le mariage, la République fait une distinction sociale entre les citoyens français, distinction qui repose sur une utilité commune.
Sylex a écrit:Si c'est la deuxième partie de mon message qui te choque, à savoir de rapporter que les mœurs évoluent (bizarrement pour un vieux comme moi), je ne m'en réjouis pas mais je me dis qu'il en ressortira des conséquences. Et ce n'est pas l'évolution de l'institution du mariage qu'il faudrait mettre à l'amende à ce sujet, mais plutôt l'avènement de la technologie sans limite, la consommation débridée, la promotion de la médiocrité. Comment ne pas trouver logique que le mariage soit ringardisé sous sa forme "ancienne" par une génération élevée à la télé et internet, qui nous abreuvent de toutes les déviances possibles.
Plutôt que des imprécations générales (dont la portée est souvent fumeuse), on détermine collectivement l'intérêt général, selon une fin. Croire à la République, c'est croire que la Vérité existe, et que le débat a vocation à la faire émerger (la vérité définie comme une réalité cachée). Quand apparaît l'utilité commune, on met en place des moyens qui favorisent cette fin.
Un modèle de société reposant sur le
consensus qui accompagne toutes les revendications tribales, individuelles ou communautaires, où la seule valeur serait le refus de toute distinction (identifiée à une contrainte ou une discrimination pesante), ça ressemble furieusement à une société de
palabre, où sous un arbre on discute jusqu'au retour à la paix sociale. À titre personnel, je crains que l'on traite le mariage comme une simple
convenance sociale, sans caractère sacré et sans
hétéronomie.
Sans rapport moral, politique et sans fin, le mariage est alors l'envers du crime: une simple norme sociale, quand le crime est une simple déviance sociale.
Une société qui se définit uniquement par le lien entre les hommes est une société qui normalise tout, puisqu'elle ne saurait avoir d'autre fin que de garantir la cohésion sociale. On en arrive ainsi à la logique décrite par Huxley dans
"Le Meilleur des mondes": le seul crime consiste à sortir de la norme.