Je vous met quelques extraits d'un éditorial paru dans Le Devoir cette semaine..
"Le recours au language de la vertu comme solution politique aux problèmes de la société est caractéristique de la droite. (...) La droite, en effet, fonde toute son idéologie sur l'individu, son initiative, son action personnelle, dans un contexte où l'autorité politique et les contraintes juridiques sont censées être réduites au minimum.
Il lui faut par conséquent remplacer les normes et les règles par autre chose, qui assurera encore un certain ordre social, qui protégera contre l'arbitraire et contre le chaos. Cette autre chose, ce ne peut être que la vertu chez les individus.
(...)
Or quelle est la nouvelle vertu prétendument découverte et mise en avant par la pensée de droite ? C'est la responsabilité. Et pour mieux nous convaincre qu'elle est nouvelle, (...), on laisse subtilement porter l'idée qu'elle était étrangère à l'État-providence auquel nous allons bientôt mettre fin. L'État-providence était, nous assure-t-on, paternaliste, bureaucratique, tutélaire. Et parce qu'il avait tous ces défauts, et bien d'autres, il nous empêchait d'être des citoyens responsables. (...) Il nous faut maintenant se responsabiliser : que le citoyen se responsabilise, que le patient se responsabilise, que la famille se responsabilise.
Depuis le vent de droite sur lequel plane l'ADQ, le discours de la vertu de la responsabilité se répand au Québec de la droite à la gauche. (...)
(...) c'est précisément à la responsabilité personnelle de chaque citoyen que faisait nécessairement appel l'État-providence lorsqu'il offrait à chacun les moyens de s'instruire à tout âge, de se faire soigner, d'assurer sa retraite, de promouvoir ses intérêts individuels et collectifs. (...)
Sous le règne de Maurice Duplessis, populiste et de droite, le discours de la vertu était courant. (...) la Révolution tranquille, l'État-providence et l'idéologie de la démocratie participative nous ont obligés à pratiquer le sens des responsabilités, personnelles et collectives, mais sans en faire un étendard comme c'est le cas aujourd'hui.
Si nous sommes sortis, en quatre décennies, d'un Québec dominé par les intérêts étrangers, d'un état de sous-scolarisation de la majorité des Québécois de langue française, d'un système de santé qui était le privilège des plus nantis, ce n'est pas parce que des bureaucrates nous ont pris par la main. C'est plutôt parce que des institutions ont été mises en place et ont permis à chacun d'en profiter, que ce soit pour s'instruire, se faire soigner ou devenir entrepreneur. Je me souviens de cet étudiant qui m'a un jour expliqué qu'il était, disait-il, un enfant de l'État, non pas parce que l'État l'avait pris en charge, assurait-il, mais plutôt parce que les ressources mises à sa disposition par l'État et dont il avait su profiter lui avaient permis de réaliser un rêve que la condition modeste de ses parents aurait autrement interdit, celui de poursuivre des études jusqu'au doctorat.
(...) Mais je me méfie de la récupération politique de cette vertu de la responsabilité à laquelle on assiste.
En politique, le discours de la vertu - fût il celui de la responsabilité - ne fait que camoufler au mieux la vacuité de la pensée, au pire le démantèlement des institutions qui ont précisément favorisé le sens des responsabilités chez les citoyens et un peu plus de justice dans la société. Est-il besoin de rappeler tout ce qui fut fait depuis la révolution dite tranquille, laquelle a permis à la nation québécoise de récupérer ses biens dont on l'avait dépossédée, de les faire fructifier et de développer ainsi une société moderne et moins inégalitaire ?"
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Voilà... Ne vous laissez donc pas avoir par les beaux discours d'un jeune homme adepte des politiques à la George Bush et à la Maurice Duplessis !! Ne le laissez pas démolir notre Québec pour en faire un Texas francophone....