Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Damien le 24 Fév 2016, 11:16

c'est toujours mignon ces graphiques parcellaires.
finalement, ça en apprends bien plus sur ceux qui les font et les diffusent que sur la réalité
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede meg le 24 Fév 2016, 13:19

Damien a écrit:c'est toujours mignon ces graphiques parcellaires.
finalement, ça en apprends bien plus sur ceux qui les font et les diffusent que sur la réalité


L'endettement lybien n'a pas explosé depuis la guerre en Libye ?
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Maverick le 24 Fév 2016, 16:24

Exactement parce que tout le monde sait que ça va mieux en Libye depuis la chute de Kadhafi. #spock
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede DCP le 24 Fév 2016, 16:44

Je suis quand même curieux de savoir comment on arrive à calculer une dette publique alors que le pays est en guerre civile, avec deux gouvernements différents occupant chacun une partie du pays.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede meg le 25 Fév 2016, 12:37

DCP a écrit:Je suis quand même curieux de savoir comment on arrive à calculer une dette publique alors que le pays est en guerre civile, avec deux gouvernements différents occupant chacun une partie du pays.


Il me semble qu'il puisse en aller pour un pays comme pour un ménage. Si le débiteur est inéluctablement dans le souci, les créanciers doivent être eux très au fait de la dite créance.
Dans un couple, ce n'est pas parce que le père s'est fait jeter de son boulot et se noie dans l'alcoolisme pendant que madame tapine pour tenter de faire survivre ses gamins que le banquier a perdu lui le fil des dettes de la famille... hélas.

De toutes façons, la Libye exploite sa capacité pétrolière/gaz au mieux à 25 % de ses capacités antérieures avec un prix du pétrole qui de plus a chuté de façon spectaculaire dans un pays où ces capacités sont partagées entre deux gouvernements... et l'état islamique désormais.
Pour un état qui n'était pas endetté, avait le plus fort PIB/habitant, pouvait même prêter à ses voisins et même envisager de financer une banque africaine ou un fond de développement africain, la chute est cruelle.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede DCP le 25 Fév 2016, 13:16

Que la situation économique en Libye soit pire maintenant qu'avant la guerre, on est bien d'accord.

Pour le reste, tu es quand même au courant qu'un ménage peut avoir plusieurs banques, des cartes de crédit auprès de divers magasins/entreprises, des factures impayées de plusieurs sources, emprunter de l'argent à des amis...etc....donc qu'UN banquier puisse connaître sa situation, cela me paraît difficile.

Pour les États, c'est, si je ne m'abuse, un organisme publique de l'Etat en question, qui établit le 'bilan' de d'Etat et donc ses dettes....curieux de savoir si un tel organisme fonctionne encore en Libye ou si les chiffres que tu as cités sont des estimations d'un organisme extérieur....et comment ont-ils fait pour les obtenir ?
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Damien le 25 Fév 2016, 13:18

meg a écrit:
Damien a écrit:c'est toujours mignon ces graphiques parcellaires.
finalement, ça en apprends bien plus sur ceux qui les font et les diffusent que sur la réalité


L'endettement lybien n'a pas explosé depuis la guerre en Libye ?


tu publies un graphique sur un ratio dettes/pib qui montre une augmentation de ce ratio.
Primo, cela ne nous informe guère si cela est du à un endettement qui augmente, un pib qui chute ou les deux à la fois.
Secundo, cela ne nous informe guère sur le contexte ni sur les causes possibles.
Tertio, ce ratio est revenu à des niveaux comparables aux années antérieures à 98. Pourquoi une telle chute du ratio ensuite ? Mystère avec ce seul graphique.
Enfin, le graphique se projette au-delà de 2015, ce qui tend à faire passer des estimations pour des chiffres réels, et accentuant ainsi une certaine lecture du graphique.

Tout ça me parait un peu court comme élément pour en tirer des conclusions.
Ce n'est du moins pas ma façon de faire ni de penser, c'est tout.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Cortese le 27 Mar 2016, 11:41

«Le monde arabe est divisé entre l’occidentalisation et l’obscurantisme»

Adonis est considéré comme le plus grand poète arabe vivant. Il s’insurge contre la place de la religion «institutionnalisée»

«Un créateur doit pouvoir affronter Dieu»

Monde arabe Adonis est considéré comme le plus grand poète arabe vivant

Il s’insurge contre la place de la religion

Le Syrien Adonis, né Ali Ahmed Saïd Esber, est considéré comme l’un des plus grands auteurs arabes vivants. Ses ouvrages de poésie, auxquels se sont identifiées plusieurs générations, ont circulé sous le manteau dans tout le monde arabe. Vivant aujourd’hui en France, Adonis, né en 1930, a été contesté pour ses prises de position récentes relatives aux conséquences des Printemps arabes. Il était de passage à Genève dans le cadre du Festival du film oriental qui se tient ces jours.

Le Temps: Les grandes réserves que vous avez énoncées vis-à-vis des révolutions arabes vous ont valu des critiques acerbes…

Adonis: J’ai écrit de nombreux textes en soutien aux Printemps arabes, mais je suis très sévère envers la pratique. Les révolutions, à mon avis, doivent remplir trois conditions principales. Tout d’abord, je ne peux pas imaginer une révolution arabe si le statut de la femme et sa libération de la loi islamique ne sont pas placés au centre. Ensuite, il y a la question de l’indépendance vis-à-vis de l’extérieur. Ces révolutions ne peuvent se produire si elles sont le fait de satellites de l’Europe ou des Etats-Unis. Enfin, troisième condition, il nous faut adopter une éthique différente, en séparant notamment la mosquée et l’Etat. Or, sur tous ces plans-là, rien ne s’est produit. Ce qui se passe, c’est l’arrivée de gens qui sont en quelque sorte l’autre face des régimes précédents. Ce sont les mêmes discours, les mêmes références, les mêmes comportements qui sont à l’œuvre.

–Pourtant, en Syrie, en Tunisie, en Egypte, des gens ont été tués alors qu’ils s’opposaient à ces comportements que vous dénoncez…

Ce qui s’est passé dans les pays que vous mentionnez a été extraordinaire. Mais ce mouvement a été brisé, détourné. Dès que la révolution est devenue armée, c’est-à-dire violente, cela a tout faussé. C’est devenu autre chose.

–Les régimes arabes ne sont-ils pas les premiers responsables de cette dérive? Les régimes arabes sont à changer radicalement, c’est indiscutable. Mais s’il s’agit de les remplacer par des gens qui partagent la même culture politique et les mêmes idéaux, nous sommes devant un simple conflit d’intérêts pour le pouvoir et non d’une révolution. Le problème, c’est de refonder la société, de changer la culture, les mentalités, dans l’horizon de la citoyenneté, de la laïcité, du respect de l’autre. Or cela n’a jamais été posé de cette manière.

Croyez-vous que le concept d’un «monde arabe» soit encore d’une quelconque utilité?

Le problème, c’est qu’au-delà de la religion, il n’y a pas d’autre point commun dans cet espace. Or, de mon point de vue, la religion n’est pas productrice d’identité. C’est en créant sa propre œuvre que l’être humain crée son identité particulière. On n’hérite pas d’une identité, on la crée. La religion vient du passé, tandis que l’identité est dans l’avenir. Et dans cette optique, le poids de la religion ne peut être qu’une entrave à penser l’avenir. Dans cette manière de concevoir l’identité, comme le font par exemple les mystiques, l’autre prend une place essentielle. Il n’est plus un élément extérieur, mais il devient constitutif de moi-même.

Cette vision que vous défendez n’est pas très répandue à l’heure actuelle…

C’est l’un des aspects du vide culturel qui règne actuellement dans les pays arabes. Ils sont entièrement soumis à la religion institutionnalisée. Je n’ai rien contre les croyances individuelles, et j’accepte l’idée que l’être humain puisse avoir besoin d’une certaine doctrine pour gérer son rapport avec l’inconnu. Mais lorsque cela se transforme en religion institutionnelle, le danger c’est qu’il n’y ait plus d’autres références que religieuses. Or, ce cadre est complètement étranger aux préoccupations de la jeunesse. Dans le monde arabe, cela ne laisse plus aucune place à une culture créatrice qui pourrait participer aux autres cultures du monde. Il n’y a pas une seule université arabe à figurer parmi les grands établissements mondiaux. Si le savoir est lié à la seule religion institutionnelle, il n’y a plus de science et plus de création.

C’est ce problème qui est à l’origine de l’irruption l’Etat islamique?

Il n’y a plus, désormais, un noyau d’identité arabe. Le monde arabe est aujourd’hui divisé entre l’occidentalisation et l’obscurantisme, et ceux qui essaient d’exister entre ces deux pôles sont systématiquement marginalisés. Les Arabes sont devenus comme des pantins sans personnalité, manœuvrés par le jeu de plus puissants qu’eux.

Les créateurs arabes sont donc en panne?

L’interlocuteur d’un écrivain, d’un auteur, d’un artiste, cela doit être Dieu. Un petit créateur ne peut être fécond que s’il peut se permettre d’interroger le grand Créateur. Or cela est devenu impossible dans le monde arabe actuel, on ne peut même pas l’envisager… Je raconte souvent que, dans le Coran, certains versets relatent une discussion tenue entre Satan et Dieu. Or Dieu n’a pas effacé cette discussion, il ne l’a pas censurée! Dieu a donc laissé parler le diable, mais il n’en est rien des régimes arabes, dans lesquels on ne cherche que la répétition du dogme. Sur les 6213 versets que compte le Coran, on n’en retient que quelque 150 pour faire croire que le texte coranique est un tout cohérent et indivisible. On écarte tout ce qui ne colle pas, et ainsi tout ce qui est science, connaissance, ouverture sur l’autre, création, individualité, humanité, finit par ne plus exister.

Vous vous montrez également très sévère quant à la responsabilité de l’Occident…

En réalité, il n’y a pas moyen de parler du monde arabe sans évoquer le monde occidental. Un pays comme la France, qui est aussi en un sens mon pays, ne peut pas se dire du côté de la révolution et être, de fait, l’allié absolu de la régression et de la décadence tels que les incarne par exemple le régime saoudien. Comment peut-on prétendre s’appuyer sur ces pays pour libérer le monde arabe, alors que c’est précisément d’eux qu’il doit se libérer avant toute chose?


De manière générale, la valeur culturelle n’est pas prise en compte et s’efface devant les intérêts pétroliers ou stratégiques. Je suis d’ailleurs très frappé par l’absence d’esprit critique en Occident. Où sont aujourd’hui les penseurs qui, à l’instar de Sartre ou Deleuze, sont capables de formuler une critique radicale envers leur propre société?


http://www.letemps.ch/monde/2015/03/22/ ... curantisme
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede von Rauffenstein le 27 Mar 2016, 13:46

Encore un Maçon. :D

Mais je trouve cela formidable, si je peux me permettre mon Cortie, mon camarade, que l'on reproche à l'Etranger de ne pas produire de penseurs en rupture radicale avec les fonctionnements et les modes d'action de la société étrangère, quand soi-même, à priori, n'est capable de les faire émerger. Adonis est un poète. S'il était un intellectuel voulant faire bouger le slignes dans sa propre société il aurait réfuté cette dernière question pour la faire placer en introduction. Car là, c'est la conclusion de son discours. Quand elle aurait du ouvrir sur la réflexion qui précède.
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Cortese le 27 Mar 2016, 14:32

ça tombe bien il a un pays à reconstruire
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede von Rauffenstein le 27 Mar 2016, 14:39

Cortese a écrit:ça tombe bien il a un pays à reconstruire

Avec son petit tablier et sa petite truelle.
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Cortese le 15 Oct 2017, 22:19

Israël Shamir est un juif israélien originaire de Russie. Il a une réputation plutôt sulfureuse. Les sionistes le traitent d'anti-semite (la fameuse et si commode "haine de soi") et les Palestiniens le trouvent encombrant. Bref, un infrequentable. Mais ce qu'il nous raconte ici est fort intéressant et rejoint ce que j'avais signalé dans l'émission de France-Inter "Monsieur X" au sujet de la guerre du Kippour.



"FOR ONE DEMOCRATIC STATE
IN THE WHOLE OF PALESTINE (ISRAEL)
FOR FULL EQUALITY OF NATIVE AND ADOPTIVE PALESTINIANS

FOR ONE MAN, ONE VOTE

Que s'est-il réellement passé lors de la "Guerre de Kippour"?
par Israel Shamir
http://www.counterpunch.org/2012/02/22/ ... ippur-war/
 
 
J'ai récemment reçu à Moscou une chemise bleu-marine datée de 1975, qui contenait l'un des secrets les mieux gardés de la diplomatie  du Moyen Orient et  des USA. Le mémoire rédigé par l'ambassadeur soviétique au Caire Vladimir M. Vinogradov,  apparemment le brouillon d'un rapport adressé au Politbureau soviétique décrit la guerre d'octobre 1973 comme un complot entre les dirigeants israéliens, américains et égyptiens, orchestré par Henry Kissinger. Cette révélation va vous choquer, si vous êtes un lecteur égyptien. Moi qui suis un Israélien et qui ai combattu les Égyptiens dans la guerre de 1973, j'ai été choqué aussi, je me suis senti poignardé, et je reste terriblement excité par l'incroyable découverte. Pour un Américain cela pourra être un  choc.
 
A en croire le dit mémoire (à paraître in extenso dans le magazine prestigieux Expert de Moscou), Anouar al Sadate, qui cumulait les titres de président, premier ministre, président de l'ASU, commandant en chef des armées, avait conspiré de concert avec les Israéliens, avait  trahi la Syrie son alliée, condamné l'armée syrienne à sa perte, et Damas à se retrouver bombardée, avait permis aux tanks de Sharon de s'engager sans danger sur la rive occidentale du Canal de Suez, et en fait, avait tout simplement planifié la défaite des troupes égyptiennes dans la guerre d'octobre 1973.  Les soldats égyptiens et officiers se battirent bravement et avec succès contre l'armée israélienne -trop bien, même, au goût de Sadate, puisqu'il avait déclenché la guerre pour permettre aux USA de faire leur retour au Moyen Orient. Tout ce qu'il réussit à faire à Camp Davis, il aurait pu l'obtenir sans guerre quelques années plus tôt.
 
Il n'était pas le seul à conspirer: selon Vinogradov, la brave grand'mère Golda Meir avait sacrifié deux mille des meilleurs combattants juifs ( elle ne pensait pas qu'il en tomberait autant, probablement) afin d'offrir à Sadate son heure de gloire et de laisser les USA s'assurer de positions solides au Moyen Orient. Le mémoire nous ouvre la voie pour une réinterprétation complètement inédite du traité de Camp David, comme un pur produit de la félonie et de la fourberie.
 
Vladimir Vinogradov était un diplomate éminent et brillant; il a été ambassadeur à Tokyo dans les années 1960, puis au Caire de 1970 à 1974, co-président de la Conférence de Paix de Genève, ambassadeur à Téhéran pendant la révolution islamique, représentant au Ministère des Affaires étrangères de l'URSS et ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie. C'était un peintre de talent, et un écrivain prolifique; ses archives comportent des centaines de pages d'observations uniques et de notes qui couvrent les affaires internationales, mais son journal du Caire tient la place d'honneur, et parmi d'autres, on y trouve la description de ses centaines de rencontres avec Sadate, et la séquence complète de la guerre, puisqu'il l'observait depuis le quartier général de Sadate  au moment précis où les décisions étaient prises. Lorsqu'elles seront publiées, ces notes permettront de réévaluer la période post-nassérienne de l'histoire égyptienne.
 
Vinogradov était arrivé au Caire pour les funérailles de Nasser, et il y resta comme ambassadeur. Il a  rendu compte du coup d'État rampant de Sadate, le moins brillant des hommes de Nasser, qui allait devenir le président par un simple hasard, parce qu'il était le vice-président à la mort de Nasser. Il avait aussitôt démis de leurs fonctions, exclu et mis en prison pratiquement tous les hommes politiques importants de l'Égypte, les compagnons d'armes de Gamal Abd el Nasser, et démantela l'édifice du socialisme nassérien..
 
Vinogradov était un fin observateur, mais nullement un comploteur; loin d'être un doctrinaire têtu, c'était un ami des Arabes et il soutenait fermement l'idée d'une paix juste entre Arabes et Israël, une paix qui satisferaient les besoins des Palestiniens et assurerait la prospérité juive.
 
La perle de ses archives, c'est le dossier intitulé "La partie en jeu au Moyen Orient". Il contient quelques 20 pages dactylographiées, annotées à la main, à l'encre bleue, et il s'agit apparemment d'un brouillon pour le Politbureau et pour le gouvernement, daté de janvier 1975, juste après son retour du Caire. La chemise contient le secret mortel de la collusion dont il avait été témoin. C'est écrit dans un russe vivant et tout à fait agréable à lire, pas dans la langue de bois bureaucratique à laquelle on pourrait s'attendre. Deux pages ont été ajoutées au dossier en mai 1975; elles décrivent la visite de Vinogradov à Amman et ses conversations informelles avec Abou Zeid Rifai, le premier ministre, ainsi que son échange de vues avec l'ambassadeur soviétique à Damas.
 
Vinogradov n'a pas fait connaître ses opinions jusqu'en 1998, et même à ce moment, il n'a pas pu parler aussi ouvertement que dans ce brouillon. En fait, quand l'idée de collusion lui eût été présentée par le premier ministre jordanien, il avait refusé d'en discuter avec lui, en diplomate avisé.
 
La version officielle de la guerre d'octobre 1973 dit que le 6 octobre 1973, conjointement avec Hafez al-Assad de Syrie, Anouar al Sadat déclencha la guerre, avec une attaque surprise contre les forces israéliennes. Ils traversèrent le canal de Suez et s'avancèrent dans le Sinaï occupé, juste quelques kilomètres. La guerre se poursuivant, les tanks du général Sharon avaient traversé à leur tour le canal, et encerclé la troisième armée égyptienne. Les négociations pour le cessez-le feu avaient débouché sur la poignée de main à la Maison Blanche.
 
En ce qui me concerne, la guerre de Yom Kipour, comme nous l'avions appelée constitue un chapitre important de ma biographie. En tant que jeune parachutiste, j'ai combattu, pendant cette guerre, j'ai traversé le canal, j'ai pris les hauteurs de Gabal Ataka, j'ai survécu aux bombardements et aux corps-à-corps, j'ai enseveli mes camarades, tiré sur les chacals du désert mangeurs d'hommes et sur les tanks ennemis. Mon unité avait été amenée par hélicoptère dans le désert, où nous avons  coupé la ligne principale de communication entre les armées égyptiennes et leur base, la route Suez-le Caire. Notre position, à 101 km du Caire, a servi de cadre aux premières conversations pour le cessez-le-feu; de sorte que je sais que la guerre n'est pas un vain mot, et cela me fait mal de découvrir que moi et mes camarades en armes n'étions que des pions jetables dans le jeu féroce où nous, les gens ordinaires, étions les perdants. Bien entendu, je n'en savais rien à ce moment, pour moi, la guerre était la surprise, mais je n'étais pas général à l'époque.
 
Pour Vinogradov, aucune surprise: de son point de vue, tant la traversée du canal par les Égyptiens que les incursions de Sharon étaient planifiées, agréées à l'avance par Kissinger, Sadate et Golda Meir. Le plan comportait d'ailleurs la destruction de l'armée syrienne au passage.
 
Pour commencer, il pose certaines questions: comment la traversée pourrait-elle avoir été une surprise alors que les Russes avaient évacué leurs familles quelques jours avant la guerre? La concentration des forces était facile à observer, et ne pouvait pas échapper à l'attention des Israéliens. Pourquoi les forces égyptiennes n'ont-elles pas avancé après avoir traversé, et sont-elles restées plantées là? Pourquoi n'y avait-il aucun plan pour aller plus loin? Pourquoi y avait-il un large espace vide de 40 km, non gardé, entre la deuxième et la troisième armée, une brèche qui était une invitation pour le raid de Sharon? Comment les tanks israéliens ont-ils pu ramper jusqu'à la rive occidentale? Pourquoi Sadate avait-il refusé de les arrêter? Pourquoi n'y avait il pas de forces de réserve sur la rive occidentale?
 
Vinogradov emprunte une règle chère à Ssherlock Holmes qui disait: quand vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, aussi improbable cela soit-il, doit être la vérité. Il écrit : on ne saurait répondre à ces questions si l'on tient Sadate pour un véritable patriote égyptien. Mais on peut y répondre pleinement, si l'on considère la possibilité d'une collusion entre Sadate, les USA et la direction israélienne. Une conspiration  dans laquelle chaque participant poursuivait ses propres objectifs. Une conspiration dans laquelle aucun participant ne connaissait tous les détails du jeu des autres. Une conspiration dans laquelle chacun essayait de rafler la mise, en dépit de l'accord commun.
 
 
Le plan de Sadate
 
Sadate était au point le plus bas de son pouvoir avant la guerre: il perdait son prestige dans son pays et dans le monde. Le moins diplômé et le moins charismatique des disciples de Nasser se retrouvait isolé. Il avait besoin d'une guerre, d'une guerre limitée avec Israël, qui ne se terminerait pas par une défaite. Une telle guerre l'aurait soulagé de la pression de l'armée, et il aurait retrouvé son autorité. Les USA étaient d'accord pour lui donner le feu vert pour la guerre, chose que les Russes n'avaient jamais fait. Les Russes protégeaient le ciel égyptien, mais ils étaient contre les guerres. Sadate devait s'appuyer sur les USA  et  se dégager de l'URSS. Il était prêt à le faire parce qu'il détestait le socialisme. Il n'avait pas besoin de la victoire, juste d'une non-défaite; il avait l'intention d'expliquer son échec par la déficience des équipements soviétiques. Voilà pourquoi il avait imparti à l'armée une tâche minimale: traverser le canal et tenir la tête de pont jusqu'à ce que les Américains entrent dans la danse.
 
Le plan des USA
 
Les USA avaient perdu leur emprise sur le Moyen Orient, avec son pétrole, son canal, sa vaste population, au cours de la décolonisation. Ils étaient obligés de soutenir l'allié israélien, mais les Arabes n'arrêtaient pas de se renforcer. Il aurait fallu obliger Israël à plus de souplesse, parce que sa politique brutale interférait avec les intérêts américains. Si bien que les USA devaient conserver Israël en tant qu'allié, mais au même moment il leur fallait briser l'arrogance d'Israël. Les USA avaient besoin d'une occasion de "sauver" Israël après avoir autorisé les Arabes à frapper les Israéliens pendant un moment. Voilà comment les USA permirent à Sadate d'entamer une guerre limitée.
 
 
Israël
 
Les dirigeants israéliens se devaient d'aider  les USA, leur principal fournisseur et soutien. Les USA devaient consolider leurs positions au Moyen Orient, parce qu'en 1973 ils n'avaient qu'un seul ami et allié, le roi Fayçal. (Kissinger avait dit à Vinogradov que Fayçal essayait de l'endoctriner sur la malignité des juifs et des communistes). Si les USA devaient retrouver leurs positions au Moyen Orient, les positions israéliennes s'en trouveraient fortifiées d'autant. L'Égypte était un maillon faible, parce que Sadate n'aimait pas l'URSS ni les forces progressistes locales, on pouvait le retourner. Pour la Syrie, il fallait agir au plan militaire, et la briser.
 
Les Israéliens et les Américains décidèrent donc de laisser Sadate s'emparer du canal tout en contrôlant les cols de Mittla et de Giddi, la meilleure ligne de défense de toute façon. C'était le plan de Rogers en 1971, et c'était acceptable pour Israël. Mais  cela devait être le résultat d'une bataille, et non pas une cession gracieuse.
 
Pour ce qui est de la Syrie, il fallait la battre à plate couture, au plan militaire. Voilà pourquoi l'État-major israélien envoya bien toutes ses troupes disponibles sur la frontière syrienne, tout en dégarnissant le Canal, malgré le fait que l'armée égyptienne était bien plus considérable que celle des Syriens. Les troupes israéliennes sur le canal allaient se voir sacrifiées dans la partie, elles devaient périr pour permettre aux USA de revenir au Moyen Orient.
 
Cependant, les plans des trois partenaires allaient se voir quelque peu contrariés par la réalité du terrain; c'est ce qui se produit généralement avec les conspirations, rien ne se passe comme prévu, dit Vinogradov, dans son mémoire...
 
Pour commencer, le jeu de Sadate se trouva faussé. Ses présupposés ne fonctionnèrent pas. Contrairement à ses espérances, l'URSS prit le parti des Arabes et commença à fournir par voie aérienne l'équipement militaire le plus moderne, aussitôt. L'URSS prit le risque d'une confrontation avec les USA; Sadate ne croyait pas qu'ils le feraient parce que les Soviétiques étaient réticents envers la guerre, avant qu'elle éclate. Son second problème, selon Vinogradov, était la qualité supérieure des armes russes aux mains des Égyptiens. Elles étaient meilleurs que l'armement occidental aux mains des Israéliens.
 
En tant que soldat israélien à l'époque, je ne puis que confirmer les paroles de l'ambassadeur. Les Égyptiens bénéficiaient de la légendaire Kalachnikov AK-47, le meilleur fusil d'assaut au monde,  alors que nous n'avions que des fusils FN qui détestaient le sable et l'eau. Nous avons lâché nos FN pour nous emparer de leurs AK à la première occasion. Ils utilisaient des missiles anti-chars Sagger légers, portables, précis, qu'un seul soldat pouvait charger. Les Saggers ont bousillé entre 800 et 1200 chars israéliens. Nous avions de vieilles tourelles de 105 mm  sans recul montées sur des jeeps, et il  fallait quatre hommes sur chacune ( en fait un petit canon) pour combattre les chars. Seules les nouvelles armes américaines redressaient quelque peu l'équilibre.
 
Sadate ne s'attendait pas à ce que les troupes égyptiennes entraînées par les spécialistes soviétiques surpassent leur ennemi israélien, mais c'est ce qui se passa. Elles franchirent le canal bien plus vite que ce qui était prévu, et avec beaucoup moins de pertes. Les Arabes battaient les Israéliens, et c'était une mauvaise nouvelle pour Sadate. Il était allé trop loin. Voilà pourquoi les troupes égyptiennes s'arrêtèrent, comme le soleil au-dessus de Gibéon, et ne bougèrent plus. Ils attendaient les Israéliens, mais à ce moment les Israéliens étaient en train de combattre les Syriens. Les Israéliens se sentaient relativement tranquilles du côté de Sadate, et ils avaient envoyé toute leur armée au nord. L'armée syrienne reçut de plein fouet l'assaut israélien et commença à battre en retraite, ils demandèrent à Sadate d'avancer, pour les soulager un peu, mais Sadate refusa. Son armée resta plantée là, sans bouger, malgré le fait qu'il n'y avait pas un Israélien en vue entre le canal et les cols de montagne. Le dirigeant syrien Assad était convaincu à l'époque que Sadate l'avait trahi, et il le déclara franchement à l'ambassadeur soviétique à Damas, Muhitdinov, qui en fit part à Vinogradov. Vinogradov voyait Sadate tous les jours et il lui demanda en temps réel pourquoi ses troupes n'avançaient pas. Il ne reçut aucune réponse sensée: Sadate bredouilla qu'il ne voulait pas parcourir tout le Sinaï pouraller à la rencontre des Israéliens, qu'ils arriveraient bien jusqu'à lui tôt ou tard.
 
Le commandement israélien était bien ennuyé, parce que la guerre ne sa passait pas comme ils s'y attendaient. Ils avaient de lourdes pertes sur le front syrien, les Syriens se retiraient, mais il fallait se battre pour chaque mètre; seule la passivité de Sadate sauvait les Israéliens d'un revers. Le plan pour en finir avec la Syrie avait raté, mais les Syriens ne pouvaient pas contre-attaquer efficacement.
 
Il était temps de punir Sadate: son armée était trop efficace, son avance trop rapide, et pire encore; il dépendait encore plus des Soviétiques, grâce au pont aérien. Les Israéliens mirent fin à leur avancée sur Damas et envoyèrent les troupes au sud, dans le Sinaï. Les Jordaniens pouvaient à ce moment-là couper la route nord-sud, et le roi Hussein offrit de le faire à Sadate et à Assad. Assad accepta immédiatement, mais Sadate refusa d'accepter l'offre. Il expliqua à Vinogradov qu'il ne croyait pas aux capacités de combat des Jordaniens. S'ils rentrent dans la guerre, c'est l'Égypte qui va devoir les tirer d'affaire. A un autre moment, il dit qu'il valait mieux perdre tout le Sinaï que de perdre un mètre carré en Jordanie: remarque qui manquait de sincérité et de sérieux, du point de vue de Vinogradov. Et voilà comment les troupes israéliennes marchèrent vers le sud sans encombre.
 
Pendant la guerre, nous les Israéliens savions aussi que si Sadate avançait, il s'emparerait du Sinaï en moins de deux; nous examinions plusieurs hypothèses pour comprendre pourquoi il ne bougeait pas, mais aucune n'était satisfaisante. C'est Vinogradov qui nous donne la clé à présent; Sadate ne jouait plus sa partition, il attendait que les USA interviennent. Et il se retrouva avec le raid de Sharon fonçant.
 
La percée des troupes israéliennes jusqu'à la rive occidentale du canal est la partie la plus sombre de la guerre, dit Vinogradov. Il demanda à l'État-major de Sadate au début de la guerre pourquoi il y avait une large brèche de 40 km entre les deuxième et troisième corps d'armées, et on lui répondit que c'était une directive de Sadate. La brèche n'était même pas gardée, c'était un porte grande ouverte, comme un Cheval de Troie tapi au fond d'un programme d'ordinateur.
 
Sadate n'accorda pas d'attention au raid de Sharon, il était indifférent à ces coups de théâtre. Vinogradov lui demanda de faire quelque chose, dès que les cinq premiers chars israéliens eurent traversé le canal, mais Sadate refusa, disant que ça n'avait pas d'importance militairement, que ce n'était qu'une "manœuvre politique", expression fort brumeuse. Il le redit plus tard à Vinogradov, lorsque l'assise israélienne sur la rive occidentale fut devenue une tête de pont incontournable. Sadate n'écouta pas les avertissements de Moscou, il ouvrit la porte de l'Afrique aux Israéliens.
 
Il y a place pour deux  explications, dit Vinogradov: impossible que l'ignorance militaire  des Égyptiens fût aussi grande, et improbable que Sadate eût des intentions cachées. Et c'est l'improbable qui clôt le débat, comme le faisait remarquer Sherlock Holmes.
 
Si les Américains n'ont pas stoppé l'avancée  aussitôt, dit Vinogradov, c'est parce qu'ils voulaient avoir un moyen de pression pour que Sadate ne change pas d'avis sur tout le scénario en cours de route. Apparemment la brèche avait été conçue dans le cadre de cette éventualité. Donc, quand Vinogradov parle de "conspiration", il se réfère plutôt  à une collusion dynamique, semblable à la collusion concernant la Jordanie, entre la Yeshuva juive et la Transjordanie, telle que l'a décrite Avi Shlaim: il y avait des lignes générales et des accords, mais qui pouvaient changer selon le rapport de force entre les parties.
 
Conclusion
 
Les USA ont "sauvé" l'Égypte  en mettant un point d'arrêt à l'avancée des troupes israéliennes. Avec le soutien passif de Sadate, les USA ont permis à Israël de frapper durement la Syrie.
 
Les accords négociés par les USA pour l'intervention des troupes de l'ONU ont protégé Israël pour les années à venir. (Dans son document important mais différent, ses annotations au livre de Heikal Road to Ramadan, Vinogradov rejette la thèse du caractère inévitable des guerres entre Israéliens et Arabes: d'après lui, tant que l'Égypte reste dans le sillage des USA, une telle guerre est à écarter. Effectivement, il n'y a pas eu de grande guerre depuis 1974, à moins de compter les   "opérations" israéliennes au Liban et à Gaza.)
 
Les US ont sauvé Israël grâce à leurs fournitures militaires.
 
Grâce à Sadate, les US sont revenus au Moyen Orient et se sont positionné comme les seules médiateurs et "courtiers honnêtes" dans la région.
 
Sadate entreprit une violente campagne anti-soviétique et antisocialiste, dit Vinogradov, dans un effort pour discréditer l'URSS. Dans ses Notes,
Vinogradov charge le trait, affirmant que Sadate avait répandu beaucoup de mensonges et de désinformation afin de discréditer l'URSS aux yeux des Arabes. Sa ligne principale était que l'URSS ne pouvait ni ne souhaitait libérer le territoire arabe alors que les US le pouvaient, le voulaient, et le faisaient..
Vinogradov explique ailleurs que l'Union soviétique était et reste opposée aux guerres d'agression, entre autres raisons parce que l'issue n'en est jamais certaine. Cependant, l'URSS était prête à aller loin pour défendre les États arabes. Et pour ce qui est de la libération, bien des années sont passées, et ont prouvé que les US ne voulaient ou ne pouvaient nullement en faire autant, alors que la dévolution du Sinaï à l'Égypte était toujours possible, en échange d'une paix séparée, et cela même sans guerre.
 
Après la guerre, les positions de Sadate s'améliorèrent nettement. Il fut salué comme un héros, l'Égypte eut la place d'honneur parmi les États arabes. Mais en moins d'un an, sa réputation se retrouva en lambeaux, et celle de l'Égypte n'a cessé de se ternir, dit Vinogradov.
 
Les Syriens avaient compris très tôt le jeu de Sadate: le 12 octobre 1973, lorsque les troupes égyptiennes s'arrêtèrent et cessèrent de combattre, le président Hafez al Assad dit à l'ambassadeur soviétique qu'il était certain que Sadate était en train de trahir volontairement la Syrie. Sadate avait permis la percée israélienne jusque sur la rive occidentale de Suez, de façon à offrier à Kissinger une occasion d'intervenir et de concrétiser son plan de désengagement, confia Assad au premier ministre jordanien Abu Zeid Rifai qui le dit à son tour à Vinogradov durant un petit-déjeuner privé qu'ils prirent chez lui à Amman. Les Jordaniens aussi soupçonnent Sadate de tricher, écrit Vinogradov. Mais le prudent Vinogradov refusa de rentrer dans ce débat, tout en ayant bien l'impression que les Jordaniens "lisaient dans ses pensées."
 
Lorsque Vinogradov fut désigné comme co-président de la Conférence de paix de Genève, il fit face à une position commune à l'Égypte et aux USA visant à saboter la conférence, tandis qu'Assad refusait tout simplement d'y participer. Vinogradov lui remit un avant-projet pour la conférence et lui demanda si c'était acceptable pour la Syrie. Assad répondit; oui, sauf une ligne. Quelle ligne, demanda plein d'espoir Vinogradov, et Assad rétorqua; la ligne qui dit "la Syrie accepte de participer à la conférence." Et la conférence fut un fiasco, comme toutes les autres conférences et conversations diverses.
 
Quoique les soupçons formulés par Vinogradov dans son document secret soient venus à l'esprit de différents experts militaires et historiens, jamais jusqu'alors ils n'avaient été formulés par un participant aux évènements, une personne aussi haut placée, aussi informée, présente aux moments clé, et en possession de tous les éléments. Les notes de Vinogradov permettent de déchiffrer et de retracer l'histoire de l'Égypte: désindustrialisation, pauvreté, conflits internes, gouvernement militaire, le tout  étroitement lié à la guerre bidon de 1973.
 
Quelques années après la guerre, Sadate était assassiné, et son successeur désigné Hosni Moubarak entama son long règne, suivi par un autre participant à la guerre d'octobre, Gen Tantawi. Obtenu par le mensonge et la trahison, le traité de paix de Camp David protège toujours les intérêts américains et israéliens. C'est seulement maintenant, alors que le régime de l'après Camp David commence à donner des signes d'effondrement, que l'on peut espérer quelque changement. Le nom de Sadate au panthéon des héros égyptiens était protégé jusqu'à maintenant, mais à la fin, comme on dit, tout ce qui est caché un temps s'avèrera transparent.
 
PS. en 1975, Vinogradov ne pouvait pas prédire que la guerre de 1973 et les traités qui en découlèrent allaient changer le monde. Ils scellèrent l'histoire de la présence soviétique et de sa prépondérance dans le monde arabe, même si les derniers vestiges en furent détruits par la volonté américaine bien plus tard: en Irak en 2003, et en Syrie c'est maintenant qu'ils se voient minés. Ils ont saboté la cause du socialisme dans le monde, ce qui a été le commencement de sa longue décadence. L'URSS, l'État triomphant en 1972, le quasi gagnant de la guerre froide, finit par la perdre. Grâce à la mainmise américaine en Égypte, le schéma des pétrodollars se mit en place, et le dollar qui avait entamé son déclin en 1971 en perdant la garantie or se reprit et devint à nouveau la monnaie de réserve unanimement acceptée. Le pétrole des Saoudiens et des émirs, vendu en dollars, devint la nouvelle ligne de sauvetage de l'empire américain. Avec le recul et armés du mémoire de Vinogradov, nous pouvons affirmer que c'est en 1973-74 que se situe la bifurcation de notre histoire.
 
Traduction: Maria Poumier"
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Cortese le 17 Oct 2017, 11:36

A priori, si je vous dis qu'il y a un lien entre l'affaire Harvey Weinstein et Bachar El Assad, vous allez dire que je me lance dans un délire complotiste. Et pourtant vous le trouverez ce lien dans le blog du délirant sioniste fanatique Jean-Pierre Filiu, "historien et arabisant", le mec qui veut faire le bonheur des arabes en en faisant égorger la moitié par les djihadistes wahabites armés par Washington et les autres puissances occidentales au profit principal d'Israël.

16 octobre 2017
Macron, Weinstein, Assad et la Légion d’honneur

Dans l’esprit de sa demande de retrait de la légion d’honneur accordée à Harvey Weinstein, le président Macron s’honorerait d’entamer une procédure similaire à l’encontre de Bachar al-Assad.

Le président de la République, le 15 octobre à l’Elysée, face à TF1 et LCI.

Emmanuel Macron a confirmé, dans son intervention télévisée du 15 octobre, avoir demandé à la Grande chancellerie de la Légion d’honneur d’entamer la procédure d’exclusion de l’Ordre à l’encontre de Harvey Weinstein. Décoré en 2012 par Nicolas Sarkozy, Weinstein est en effet accusé par le chef de l’Etat d’un comportement « contraire à l’honneur », selon les termes du communiqué publié par l’Elysée quelques heures avant l’entrevue télévisée. L’initiative présidentielle a été saluée aux Etats-Unis, où les révélations se succèdent quant aux multiples agressions sexuelles perpétrées par Weinstein.

Le chef de l’Etat s’est ainsi pleinement approprié ses prérogatives de Grand-Maître de l’Ordre de la Légion d’honneur, dont il a reçu les insignes lors de son investiture présidentielle du 14 mai dernier. Le comportement « contraire à l’honneur » d’un membre étranger de l’Ordre ne peut être effectivement sanctionné que par l’exclusion, et donc par le retrait de la décoration. La mesure ainsi demandée à l’encontre de Weinstein participe d’une volonté présidentielle de rendre à la Légion d’honneur, ordre régalien s’il en est, toute l’autorité morale qui lui est due.

On ne peut dès lors qu’encourager le chef de l’Etat dans la voie de cette exigence. Il sait, depuis une enquête fouillée publiée par le Monde en juin dernier, que Bachar al-Assad est Grand-Croix de la Légion d’honneur. Cette distinction, la plus élevée dans l’Ordre, lui a été accordée en catimini à l’Elysée en 2001 par un Jacques Chirac alors convaincu des velléités « réformatrices » du dictateur syrien. La cérémonie avait été expédiée dans la plus grande discrétion, en pleine cohabitation, sans que le Premier ministre Lionel Jospin en soit même informé.

Le doute n’est cependant plus permis quant à l’infamie d’une telle décoration accordée au tyran de Damas. S’agissant de comportement « contraire à l’honneur », on se reportera aux termes employés par Emmanuel Macron lui-même, le 19 septembre dernier : « Bachar al-Assad, c’est un criminel. Il devra être jugé et répondre de ses crimes devant la justice internationale ». On attend donc qu’un tel « criminel » soit enfin exclu de l’Ordre de la Légion d’honneur. La République ne pourrait en sortir que grandie, en attendant que la « justice internationale » se saisisse un jour des crimes d’Assad.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Nuvo le 17 Oct 2017, 15:08

Intéressant ton article Cortese. Long mais intéressant. Comme je connais assez peu l'histoire de cette guerre de 1973, je n'ai pas beaucoup de recul.
Il y a quand même une phrase humoristique à la fin : en 1972, l'URSS avait quasiment gagné la guerre froide ? Euh ?? :?

Je ne sais plus quoi penser avec toutes ces thèses. On nous dit d'un côté que le matos russes était génial et d'un autre que l'URSS était en faite complètement vermoulue et que les USA ont fait semblant de croire qu'ils avaient un adversaire à leur mesure... pour justifier les budgets militaires, l'OTAN, etc...

Alors, vermoulue ou au top l'URSS ?
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Cortese le 17 Oct 2017, 15:44

Nuvo a écrit:Intéressant ton article Cortese. Long mais intéressant. Comme je connais assez peu l'histoire de cette guerre de 1973, je n'ai pas beaucoup de recul.
Il y a quand même une phrase humoristique à la fin : en 1972, l'URSS avait quasiment gagné la guerre froide ? Euh ?? :?

Je ne sais plus quoi penser avec toutes ces thèses. On nous dit d'un côté que le matos russes était génial et d'un autre que l'URSS était en faite complètement vermoulue et que les USA ont fait semblant de croire qu'ils avaient un adversaire à leur mesure... pour justifier les budgets militaires, l'OTAN, etc...

Alors, vermoulue ou au top l'URSS ?

En 1972, oui, les Américains étaient en train de perdre toutes leurs guerres partout, en Asie du Sud Est, en Afrique, Nixon reconnaissait la Chine communiste aux dépens du Kuomintang... Je me souviens de l'époque, le socialisme (réel hein, pas les farceurs de la SFIO) semblait sur le point de submerger l'Ouest.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Rainier le 17 Oct 2017, 16:10

Cortese a écrit:
Nuvo a écrit:Intéressant ton article Cortese. Long mais intéressant. Comme je connais assez peu l'histoire de cette guerre de 1973, je n'ai pas beaucoup de recul.
Il y a quand même une phrase humoristique à la fin : en 1972, l'URSS avait quasiment gagné la guerre froide ? Euh ?? :?

Je ne sais plus quoi penser avec toutes ces thèses. On nous dit d'un côté que le matos russes était génial et d'un autre que l'URSS était en faite complètement vermoulue et que les USA ont fait semblant de croire qu'ils avaient un adversaire à leur mesure... pour justifier les budgets militaires, l'OTAN, etc...

Alors, vermoulue ou au top l'URSS ?

En 1972, oui, les Américains étaient en train de perdre toutes leurs guerres partout, en Asie du Sud Est, en Afrique, Nixon reconnaissait la Chine communiste aux dépens du Kuomintang... Je me souviens de l'époque, le socialisme (réel hein, pas les farceurs de la SFIO) semblait sur le point de submerger l'Ouest.


Moi aussi je me souviens de cette époque et même si j'étais plongé jusqu'au cou dans la propagande communiste (être lycéen à Ivry sur Seine dans les années 70-74, faut vraiment l'avoir vécu pour comprendre), ce n'était pas du tout mon impression.

D'ailleurs c'était l'époque où quelques jeunes analystes commençait à prévoir la chute finale de l'URSS : Emmanuel Todd (la chute finale) ou Andrei Amalrik (L'Union soviétique survivra-t-elle en 1984 ?) par exemple.


La chute finale (E. Todd) :

Dans cet ouvrage, Emmanuel Todd rend compte de la complète fausseté des statistiques officielles soviétiques et aborde le sujet par des méthodes détournées tel un archéologue. Par exemple, plutôt que de prendre les chiffres bruts (forcément surestimés ou sous-estimés selon les nécessités de la propagande), il regarde plutôt les tendances que ces statistiques ne peuvent totalement dissimuler. En outre certains indicateurs comme les taux de suicides, même corrigés à la baisse, sont tellement énormes qu’ils suggèrent une profonde souffrance psychologique de la population. En particulier, il constate la hausse de la mortalité infantile en URSS, fait unique pour un pays industrialisé et développé, d'où il déduit que toute sa structure technique et industrielle est en train de régresser vers une décrépitude irréversible (fait révélateur, l'Union soviétique avait d'ailleurs cessé de publier les chiffres depuis 1974). Emmanuel Todd se penche aussi sur la littérature populaire comme la science-fiction, peu censurée, mais riche d’enseignements sur l’état d’esprit de la société.

En se basant sur des bizarreries comme la livraison en provenance de l’Est d’une cargaison de chaussures... pour le pied droit, il en conclut à une complète désorganisation de l’appareil de production planifié. Que penser d’une industrie incapable de mener à bien une opération aussi simple que de fournir des chaussures en état ?
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Cortese le 17 Oct 2017, 18:29

C'était aussi mon point de vue. La plupart de mes amis étaient communistes ou sympathisants, les islamo-capitalistes rasaient les murs. Je ne basais pas mon jugement sur les "libertés" (je n'ai jamais pris ça très au sérieux, comme l'ont confirmé depuis 20 ans les nombreuses et grandissantes atteintes à la liberté d'expression dans le monde "libre") mais sur la médiocrité des produits manufacturés sovietiques, et bien sur je lisais Amalric et les autres dissidents. Certains étaient visiblement de simples propagandistes, mais il était évident que certains critiques avaient aussi des arguments sérieux. Par contre ils étaient extrêmement naïfs (à part Soljenitsyne peut-être) quant aux mirages de l'ouest. Ma position était donc nuancée. Très critique et très pessimiste sur l'avenir du "khrouchtchevo-brejnevisme", l'URSS des apparatchiks, principale cible de Staline. A l'exemple de la Chine plus tard j'aurais plutôt penché vers une sorte de stalino-liberalisme.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Nuvo le 18 Oct 2017, 10:12

Rainier a écrit:Moi aussi je me souviens de cette époque et même si j'étais plongé jusqu'au cou dans la propagande communiste (être lycéen à Ivry sur Seine dans les années 70-74, faut vraiment l'avoir vécu pour comprendre), ce n'était pas du tout mon impression.


Peux-tu développer un peu ? :wink:
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Maverick le 18 Oct 2017, 12:06

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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Rainier le 18 Oct 2017, 12:56

Nuvo a écrit:
Rainier a écrit:Moi aussi je me souviens de cette époque et même si j'étais plongé jusqu'au cou dans la propagande communiste (être lycéen à Ivry sur Seine dans les années 70-74, faut vraiment l'avoir vécu pour comprendre), ce n'était pas du tout mon impression.


Peux-tu développer un peu ? :wink:
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Non rien à voir avec cette caricature dans ce film débile.

C'était tout le contraire, je me souviens de ma prof d'histoire et géographie ...et surtout de ses mini jupes !
Qu'est ce qu'elle était sexy !
Par contre coco a 200%, j'avais dans ma classe le neveu de Georges Marranne le candidat communiste aux élections présidentielles (à l'époque de Coty ?) et même lui, le neveu, trouvait qu'elle en faisait trop.
Pour elle, l'URSS avait un avenir serein, avec ses ressources énergétiques infinies, ses plaines immenses etc. (elle était pas loin d'avoir raison, mais elle n'avait pas tenu compte du facteur humain).

En littérature et en classe d'allemand, on lisait et on apprenait Brecht. (C'est pour ça que j'ai des lacunes immenses en littérature. Je suis juste en train de découvrir Stendhal, par exemple ! )
On avait fait une sortie au TNP pour voir une de ses pièces "Turandot, le congrès des blanchisseurs" (je me souviens que Maria Pacôme avait le rôle principal)
Plusieurs de mes camarades de classe allaient vendre dans les rues le muguet "communiste" le 1er mai.
Les jours de grève, des camionnettes munies de haut parleur sillonnaient les rues et les cours d'immeubles en claironnant "demain grève générale, n'envoyez pas vos enfants au lycée" etc.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Nuvo le 18 Oct 2017, 13:30

Même les profs non communistes racontaient beaucoup de bêtises, avec les faux chiffres...
En 1992, je revois mon prof d'histoire nous dire : vous vous rendez compte qu'il y a 4-5 ans, je disais à mes élèves que la RDA était la 4e puissance industrielle mondiale... :D
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Rainier le 18 Oct 2017, 15:48

Nuvo a écrit:Même les profs non communistes racontaient beaucoup de bêtises, avec les faux chiffres...
En 1992, je revois mon prof d'histoire nous dire : vous vous rendez compte qu'il y a 4-5 ans, je disais à mes élèves que la RDA était la 4e puissance industrielle mondiale... :D


C'était vrai dans le domaine industriel de fabrication d'un champion olympique !

(et même 3° derrière USA et URSS)

Avoir 50 médailles d'or aux JO ...et construire des Trabant ! :?
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede sheon le 19 Oct 2017, 10:32

J'ai aussi lu du Brecht en cours d'allemand. Je compatis.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Cortese le 19 Oct 2017, 14:31

Rainier a écrit:
Nuvo a écrit:Même les profs non communistes racontaient beaucoup de bêtises, avec les faux chiffres...
En 1992, je revois mon prof d'histoire nous dire : vous vous rendez compte qu'il y a 4-5 ans, je disais à mes élèves que la RDA était la 4e puissance industrielle mondiale... :D


C'était vrai dans le domaine industriel de fabrication d'un champion olympique !

(et même 3° derrière USA et URSS)

Avoir 50 médailles d'or aux JO ...et construire des Trabant ! :?

Ils n'ont pas construit que des Trabant. Vers 1955/56, les EMW (Eisenacher Motoren Werke, les anciennes usines BMW) ont construit des voitures de sport brillantes qui mettaient régulièrement la pâtée aux Porsche quand elles daignaient se déplacer à l'ouest. C'est au volant d'une EMW que s'était révélé Edgar Barth avant de passer chez Porsche justement.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Cortese le 29 Oct 2017, 13:48

Il m'a suffit de lire le titre dans la liste sur le fil du "Monde" pour deviner sans risque d'erreur le nom de l'auteur, dont le comique de répétition ne semble pas se lasser.

29 octobre 2017
Macron, Assad et l’honneur de la France

Le président Macron ne peut demeurer silencieux face au scandale de la Légion d’honneur accordée à Bachar al-Assad.

Remise de la Grand-Croix de la Légion d’honneur par Jacques Chirac à Bachar al-Assad, au Palais de l’Elysée, le 25 juin 2001 (DR)

Le président Macron ne peut prétendre ignorer qu’un de ses prédécesseurs a élevé le dictateur syrien au grade suprême dans l’ordre de la Légion d’honneur. Nous sommes en juin 2001 et Bachar al-Assad a « hérité » de son père Hafez, décédé un an plus tôt, le pouvoir suprême sur la Syrie. Jacques Chirac avait déjà accordé le crédit de la France à cette succession héréditaire en recevant Bachar à l’Elysée du vivant de son père, en novembre 1999. Il avait ensuite été le seul dirigeant occidental à assister à Damas aux funérailles de Hafez al-Assad, en juin 2000, multipliant les gestes de soutien au jeune despote.

LES CALCULS DE JACQUES CHIRAC

Le président Chirac se trouve alors depuis 1997 dans une situation de « cohabitation » institutionnelle avec le Premier ministre Lionel Jospin. Mais le chef de l’Etat n’en gère pas moins les affaires syriennes de manière très personnelle et fort peu transparente, y compris à l’égard d’Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères. C’est que Chirac est obsédé par le sort de son proche ami Rafic Hariri, revenu à la tête du gouvernement libanais en octobre 2000, après avoir été déjà Premier ministre de 1992 à 1998. Le retour au pouvoir de Hariri s’est fait avec l’agrément de Bachar al-Assad, dont des dizaines de milliers de soldats continuent d’occuper le Liban.

La visite d’Etat que le jeune président syrien accomplit à Paris en juin 2001 s’inscrit dans le prolongement de la visite officielle du Premier ministre Hariri, en février, puis de la visite d’Etat du président libanais, Emile Lahoud, en mai. Cette séquence d’une densité exceptionnelle vise, pour Chirac, à conforter la position de Hariri face à son « protecteur » syrien et à ses relais libanais. On sait que tout cela finira très mal, avec l’assassinat de Hariri en plein Beyrouth en février 2005 et la virulente campagne menée dès lors par Chirac contre Assad accusé de ce crime.

UNE CEREMONIE ENTRE DEUX PORTES

Mais, en juin 2001, rien n’est trop beau pour Bachar al-Assad, à qui Chirac offre la Grand-Croix de la Légion d’honneur. Le président français mesure cependant l’incongruité d’une telle distinction et la cérémonie se déroulera littéralement entre deux portes du palais de l’Elysée. La seule image de la décoration est la photographie ci-dessus, retrouvée à la faveur de la publication par « Le Monde », en juin dernier, d’une enquête très fouillée sur la Légion d’honneur. Aucune publicité n’est accordée à l’événement, dont Lionel Jospin et son gouvernement n’ont pas été informés. Chirac ne se fait à l’évidence aucune illusion, dès cette époque, sur « l’honneur » tout relatif de son hôte syrien.

Assad n’arborera d’ailleurs pas cette distinction, ni durant le reste de sa visite d’Etat à Paris, ni à l’avenir. Il sera invité par le président Nicolas Sarkozy à la tribune du défilé du 14 juillet 2008. La « lune de miel » entre Paris et Damas durera pourtant encore moins longtemps sous Sarkozy que sous Chirac, avant que le président français ne se retourne lui aussi contre son homologue syrien. François Hollande sera plus constant, affichant d’emblée une ligne claire à l’égard de la Syrie dont il ne se départira pas durant son mandat: Assad, source du problème, ne saurait être partie de sa solution.

AU PRESIDENT MACRON DE TRANCHER

Emmanuel Macron, en lançant une procédure d’exclusion de l’ordre de la Légion d’honneur à l’encontre d’Harvey Weinstein, a pris une initiative en tous points honorable. Il a assumé avec la gravité et la rigueur requises ses responsabilités de Grand maître de l’Ordre de la Légion d’honneur, dont il a reçu les insignes lors de son investiture en mai dernier à l’Elysée. Mais il sait aussi avoir ouvert la boîte de Pandore des décorations à « l’honneur » discutable attribuées à des dignitaires étrangers. La tentation est sans doute forte de refermer cet épineux dossier avec la seule affaire Weinstein.

Il serait pourtant très regrettable que le président ne se saisisse pas du dossier Assad de la seule honorable manière. Il n’en sortira que grandi face aux précédents locataires de l’Elysée, celui qui a décoré le despote syrien en 2001, ceux qui ne l’ont pas exclu de l’ordre de la Légion d’honneur pendant un mandat, puis un autre. Emmanuel Macron peut d’ores et déjà écouter les voix qui l’appellent à retirer sans délai cette Grand-Croix qui déshonore la France. Il doit surtout se rappeler qu’il a lui-même qualifié le mois dernier Assad de « criminel » à traduire devant la « justice internationale ».

C’est une question d’honneur. Et de l’honneur de la France.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede sheon le 29 Oct 2017, 13:52

Cortese a écrit:Il m'a suffit de lire le titre dans la liste sur le fil du "Monde" pour deviner sans risque d'erreur le nom de l'auteur, dont le comique de répétition ne semble pas se lasser.

C’est une question d’honneur. Et de l’honneur de la France.

:lol: :lol: :lol:
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Shoemaker le 29 Oct 2017, 16:16

Il arrive toujours un moment où le con le plus con de l'univers, réussit à éveiller de l'empathie, de la pitié... Ce mec a atteint un point de déplorabilité non mesurable. Il erre, nulle part, et répète hébété, comme un mantra/bug : Assad pas bien... Assad pas bien... Assad pas bien... Assad pas bien...
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede sccc le 30 Oct 2017, 18:38

C’est qui l’auteur? BHL?
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Shoemaker le 30 Oct 2017, 19:00

sccc a écrit:C’est qui l’auteur? BHL?

Non, c'est Jean Pierre Filiu. Une sorte d'expert du monde Arabe, genre Science Po, un type maladivement obsédé par Assad.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Cortese le 30 Oct 2017, 19:10

sccc a écrit:C’est qui l’auteur? BHL?

:lol:
Tu as raison, en me relisant juste après Shoe, je me suis rendu compte que j'avais négligé de citer l'auteur du billet, mais comme je disais que j'avais deviné l'auteur rien qu'en lisant le titre, et que ça a paru évident aussi à Shoe, je me suis dit que c'était logique de ne pas faire de précision. C'est l'innomable Jean-Pierre Filiu dont le fanatisme anti-arabe laisse littéralement pantois.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Rainier le 31 Oct 2017, 10:50

Filiu da puta ?
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Cortese le 31 Oct 2017, 11:08

Rainier a écrit:Filiu da puta ?

La pobera mujer non meritanda uno tan salopardo tu quoque filiu da mierda.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Rainier le 31 Oct 2017, 12:06

la démocratie et la souveraineté nationale sont comme l’avers et le revers d’une même médaille.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Maverick le 31 Oct 2017, 12:32

Ils ne sont sans doute pas au courant comme 95% des gens qui pensent que cette association n'a aucun parti pris (Comme les casques blancs). Ils sont très efficaces sur les réseaux sociaux.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Cortese le 31 Oct 2017, 13:07

Maverick a écrit:Ils ne sont sans doute pas au courant comme 95% des gens qui pensent que cette association n'a aucun parti pris (Comme les casques blancs). Ils sont très efficaces sur les réseaux sociaux.

On se fout de la gueule des Ribery, c'est pas trop difficile, mais on se fout aussi de la gueule de 60 millions de Français. Qui a soutenu El Qaida-El Nosra en Libye et en Syrie ? La Corée du Nord peut être ?
D'un autre côté, vu la stupidité du peuple, on se demande pourquoi on se gênerait.
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Shoemaker le 25 Aoû 2018, 15:54

:o
Le même nom qu'Enrico Macias. Peut-être la même famille, mais certainement pas le même sens de la Justice.
Je suis certain, bien entendu, qu'aucune rue, fut-elle minuscule, ne porte son nom en Algérie. Mille hontes !
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Cortese le 25 Aoû 2018, 16:30

Shoemaker a écrit::o
Le même nom qu'Enrico Macias. Peut-être la même famille, mais certainement pas le même sens de la Justice.
Je suis certain, bien entendu, qu'aucune rue, fut-elle minuscule, ne porte son nom en Algérie. Mille hontes !


C'est pire !

Pierre Ghenassia est mort pour l’indépendance de l’Algérie, mêlant son sang à celui d’autres jeunes lycéens de son âge, tombés eux aussi au champ d’honneur, comme Nour Eddine Bencherchali de Blida. Une rue de Ténès, sa ville natale, a porté le nom de Pierre Ghenassia, au lendemain de l’indépendance, mais des esprits malintentionnés, installés en 1990 à l’APC de Ténès, effacèrent son nom de la plaque et le remplacèrent - cyniquement - par El Qods. Des anciens de l’ALN en furent offusqués.

Mohamed Rebah , El Watan, 24 février 2008


C'est en 1990 que les mairies (Assemblées Populaires Communales, APC) sont tombées dans d'immenses proportions entre les mains de candidats du Front Islamique du Salut, un parti d'extrémistes wahabites financé par l'Arabie Séoudite (avec le soutien et l'extrême bienveillance des puissances occidentales et d'Israël). Deux ans après ces mairies (après avoir fermé cinémas et autres lieux de culture) serviront de point d'appui à la guerre civile lancée par le FIS contre les progressistes, soutenus par... personne (eh oui, l'URSS avait été dissoute en 1991 !)
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Re: Soulèvements dans le monde arabe (2011-)

Messagede Shoemaker le 25 Aoû 2018, 16:34

No coment. Je sens que ma tension va encore grimper............................... :evil: :evil: :evil: :evil: :evil:
"c'est quoi le blues". Toujours les mêmes histoires, celles qui font vaciller les mondes et les empires.
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