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Thomas Sankara

MessagePosté: 10 Jan 2011, 12:09
de Waddle
Ca va certainement intéresser quelques uns (Silverwitch au moins), donc je mets ici une vidéo de Thomas Sankara, président du Burkina-Faso de 1983 à 1987 (où il est assassiné par son ami Blaise Compaoré avec l'appui de la France qui le trouvait gênant).

Je le mets ici parce que, à mon sens, c'est un des hommes politiques les plus courageux, les plus intègres, les plus intelligents, les plus soucieux du peuple, du 20ème siècle (et je pèse mes mots).

Aujourd'hui encore, le souvenir de cet homme est très vivace en Afrique, car en à peine 4 ans, il a réussi à redresser le Burkina-Faso, à redonner une fierté à son pays, à instaurer un climat d'intégrité (il avait vendu toutes les voitures de fonctions dès son arrivée au pouvoir, pour les remplacer par des simples Renault 4, afin de réduire le budget de l'état, il demandait à ses ministres de voyager en classes eco, et il le faisait lui même, et il se déplacait très souvent en vélo, sans garde du corps).

Vous verrez aussi comment il était un des précurseurs du droits des femmes en Afrique, et comment même à l'ONU, il avait le courage de s'opposer aux grandes puissances occidentales, en ce qui concerne le traitement des masses populaires.

Aujourd'hui, le Burkina-Faso (qui signifie "le pays des hommes intègres", nom donné par Sankara pour remplacer l'ancien nom colonial, Hote-Volta) est toujours dirigé par Blaise Compaoré, son assassin, depuis 1987, et il est un des fidèles alliés de la France (qui ose faire croire, avec la Côte d'Ivoire, qu'elle est interessé par la démocratie, quand ce Compaoré, président depuis 23 ans, est réélu à chaque fois avec des scores soviétiques).

La vidéo:



Quelques liens sur Sankara:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Sankara

http://www.grioo.com/info930.html

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 10 Jan 2011, 12:20
de Silverwitch
Waddle a écrit:Ca va certainement intéresser quelques uns (Silverwitch au moins), donc je mets ici une vidéo de Thomas Sankara, président du Burkina-Faso de 1983 à 1987 (où il est assassiné par son ami Blaise Compaoré avec l'appui de la France qui le trouvait gênant).

Je le mets ici parce que, à mon sens, c'est un des hommes politiques les plus courageux, les plus intègres, les plus intelligents, les plus soucieux du peuple, du 20ème siècle (et je pèse mes mots).


:o

Ah, je suis bien contente qu'on parle un peu de Sankara, une des idoles de mon adolescence et un véritable homme d'état, tragiquement méconnu aujourd'hui. Tu résumes bien ce que je pense de l'homme et de son action, et ses principes pourraient guider chaque nation qui souhaite un relèvement dans l'honneur de l'indépendance nationale.

Il avait bien compris que l'échange inégal était la clé de voûte de la domination occidentale sur les pays pauvres et mettait en place une politique intelligente consistant à promouvoir la production nationale et locale, dans tous les domaines, alimentaires d'abord mais également pour le textile, et de pousser les grandes puissances à payer un prix plus juste pour les nombreuses ressources naturelles des pays africains.

Silverwitch

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 10 Jan 2011, 12:44
de Waddle
silverwitch a écrit:
Waddle a écrit:Ca va certainement intéresser quelques uns (Silverwitch au moins), donc je mets ici une vidéo de Thomas Sankara, président du Burkina-Faso de 1983 à 1987 (où il est assassiné par son ami Blaise Compaoré avec l'appui de la France qui le trouvait gênant).

Je le mets ici parce que, à mon sens, c'est un des hommes politiques les plus courageux, les plus intègres, les plus intelligents, les plus soucieux du peuple, du 20ème siècle (et je pèse mes mots).


:o

Ah, je suis bien contente qu'on parle un peu de Sankara, une des idoles de mon adolescence et un véritable homme d'état, tragiquement méconnu aujourd'hui. Tu résumes bien ce que je pense de l'homme et de son action, et ses principes pourraient guider chaque nation qui souhaite un relèvement dans l'honneur de l'indépendance nationale.

Il avait bien compris que l'échange inégal était la clé de voûte de la domination occidentale sur les pays pauvres et mettait en place une politique intelligente consistant à promouvoir la production nationale et locale, dans tous les domaines, alimentaires d'abord mais également pour le textile, et de pousser les grandes puissances à payer un prix plus juste pour les nombreuses ressources naturelles des pays africains.

Silverwitch


Je t'assure, cet homme était vraiment un visionnaire. Ses discours de l'époque raisonnent de justesse encore aujourd'hui et sont en plein dans l'actualité d'aujourd'hui. Un président d'un tout petit pays d'Afrique, mais dont les paroles peuvent encore servir d'inspiration aujourd'hui, aux hommes politiques soucieux de réduire les inégalités dans leurs pays, et montrer par l'exemple, qu'un chef d'état, c'est un homme au service de l'état. Et cela, Sankara l'incarnait parfaitement.

Hélas, il a été vraiment très fugace dans l'histoire...

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 10 Jan 2011, 12:45
de schumi84f1
il valait rien comme président !!!!

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 10 Jan 2011, 12:46
de Silverwitch
Waddle a écrit:Je t'assure, cet homme était vraiment un visionnaire. Ses discours de l'époque raisonnent de justesse encore aujourd'hui et sont en plein dans l'actualité d'aujourd'hui. Un président d'un tout petit pays d'Afrique, mais dont les paroles peuvent encore servir d'inspiration aujourd'hui, aux hommes politiques soucieux de réduire les inégalités dans leurs pays, et montrer par l'exemple, qu'un chef d'état, c'est un homme au service de l'état. Et cela, Sankara l'incarnait parfaitement.

Hélas, il a été vraiment très fugace dans l'histoire...


À ceux qui l'ont admiré d'honorer son nom, ses actions et sa mémoire. Alors il sera toujours vivant dans les âmes, les coeurs et les esprits.

Sankara n'est pas mort.

Silverwitch

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 10 Jan 2011, 12:47
de horatio
schumi84f1 a écrit:il valait rien comme président !!!!


Sankara ça fait pas mal d'argent quand même.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 10 Jan 2011, 14:58
de schumi84f1
horatio a écrit:
schumi84f1 a écrit:il valait rien comme président !!!!


Sankara ça fait pas mal d'argent quand même.


ça dépend comment tu l'écris !

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 10 Jan 2011, 15:29
de Waddle
Oui, mais il y a le chat ou bien d'autres sujets pour faire des blagues à 2 balles.

Merci.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 10 Jan 2011, 17:00
de Jan
Waddle a écrit:Ca va certainement intéresser quelques uns (Silverwitch au moins), donc je mets ici une vidéo de Thomas Sankara, président du Burkina-Faso de 1983 à 1987 (où il est assassiné par son ami Blaise Compaoré avec l'appui de la France qui le trouvait gênant).

Je le mets ici parce que, à mon sens, c'est un des hommes politiques les plus courageux, les plus intègres, les plus intelligents, les plus soucieux du peuple, du 20ème siècle (et je pèse mes mots).

Aujourd'hui encore, le souvenir de cet homme est très vivace en Afrique, car en à peine 4 ans, il a réussi à redresser le Burkina-Faso, à redonner une fierté à son pays, à instaurer un climat d'intégrité (il avait vendu toutes les voitures de fonctions dès son arrivée au pouvoir, pour les remplacer par des simples Renault 4, afin de réduire le budget de l'état, il demandait à ses ministres de voyager en classes eco, et il le faisait lui même, et il se déplacait très souvent en vélo, sans garde du corps).

Vous verrez aussi comment il était un des précurseurs du droits des femmes en Afrique, et comment même à l'ONU, il avait le courage de s'opposer aux grandes puissances occidentales, en ce qui concerne le traitement des masses populaires.

Aujourd'hui, le Burkina-Faso (qui signifie "le pays des hommes intègres", nom donné par Sankara pour remplacer l'ancien nom colonial, Hote-Volta) est toujours dirigé par Blaise Compaoré, son assassin, depuis 1987, et il est un des fidèles alliés de la France (qui ose faire croire, avec la Côte d'Ivoire, qu'elle est interessé par la démocratie, quand ce Compaoré, président depuis 23 ans, est réélu à chaque fois avec des scores soviétiques).

La vidéo:



Quelques liens sur Sankara:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Sankara

http://www.grioo.com/info930.html

:o
J'ai un ami Nigerian qui se souvient encore de la détresse collective dans les rues de Lagos lors de l'annonce de son assassinat. C'était partout pareil en Afrique, parait-il.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 13 Jan 2011, 00:53
de Waddle
Discous de Thomas Sankara en Juillet 1987 (3 mois avant d'être assassiné), sur la dette des pays africains.

Dans cette vidéo, il dira : "Nous les états africains, nous devons nous lever ensemble pour dire NON à cette dette, et pas seulement le Burkina Faso. Si je suis seul à défendre cette idée, soyez surs que vous ne me verrez pas au prochain congrès".

Et en effet, 2 mois et demi après, il sera assassiné.


Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 13 Jan 2011, 01:28
de Waddle
Pourquoi la vidéo marche pas ici? :(

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 13 Jan 2011, 02:05
de madaxhe
Waddle a écrit:Discous de Thomas Sankara en Juillet 1987 (3 mois avant d'être assassiné), sur la dette des pays africains.

Dans cette vidéo, il dira : "Nous les états africains, nous devons nous lever ensemble pour dire NON à cette dette, et pas seulement le Burkina Faso. Si je suis seul à défendre cette idée, soyez surs que vous ne me verrez pas au prochain congrès".

Et en effet, 2 mois et demi après, il sera assassiné.


:wink:

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 13 Jan 2011, 11:48
de Silverwitch
Waddle a écrit:Pourquoi la vidéo marche pas ici? :(


Pour une utilisation correcte de la balise (dailymotion), il faut n'utiliser que les caractères que je mets en gras dans ton lien:

<object width="480" height="360"><param name="movie" value="http://www.dailymotion.com/swf/video/x3zpob?width=&theme=none&foreground=%23F7FFFD&highlight=%23FFC300&background=%23171D1B&start=&animatedTitle=&iframe=0&additionalInfos=0&autoPlay=0&hideInfos=0"></param><param name="allowFullScreen" value="true"></param><param name="allowScriptAccess" value="always"></param><embed type="application/x-shockwave-flash" src="http://www.dailymotion.com/swf/video/x3zpob?width=&theme=none&foreground=%23F7FFFD&highlight=%23FFC300&background=%23171D1B&start=&animatedTitle=&iframe=0&additionalInfos=0&autoPlay=0&hideInfos=0" width="480" height="360" allowfullscreen="true" allowscriptaccess="always"></embed></object><br /><b><a href="http://www.dailymotion.com/video/x3zpob_thomas-sankara-discours-sur-la-dett_news">Thomas-Sankara-discours sur la dette</a></b><br /><i>envoy&eacute; par <a href="http://www.dailymotion.com/reseaugaribaldi">reseaugaribaldi</a>. - <a target="_self" href="http://www.dailymotion.com/fr/channel/news">Regardez les derni&egrave;res vid&eacute;os d&#039;actu.</a></i


Silverwitch

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 13 Jan 2011, 11:57
de Alfa
C'est etrange quand meme, pourquoi il y a aussi peu d'homme d'etat comme ca? en afrique ou ailleur.

Est-ce que pour etre chef d'etat il faut avoir avoir tellement d'abnegation de motivation, qu'il faut etre un vrai requin pour qu'au final arrivé a ce niveau de pouvoir, il n'y a plus personne de bon ?

Ou bien le pouvoir perverti, ou encore les marges de manoeuvre sont trop reduite, les interets et les pressions sont trop forte ?

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 13 Jan 2011, 12:03
de Maverick
Parce que les hommes comme lui sont éliminés.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 13 Jan 2011, 12:18
de rozz
Alfa a écrit:C'est etrange quand meme, pourquoi il y a aussi peu d'homme d'etat comme ca? en afrique ou ailleur.

Est-ce que pour etre chef d'etat il faut avoir avoir tellement d'abnegation de motivation, qu'il faut etre un vrai requin pour qu'au final arrivé a ce niveau de pouvoir, il n'y a plus personne de bon ?

Ou bien le pouvoir perverti, ou encore les marges de manoeuvre sont trop reduite, les interets et les pressions sont trop forte ?

je crois que tu as toi-meme donné la reponse, un peu de tout cela.

Moi j´ai en memoire, Ortega, au Nicaragua en 1985, qui voulait instaurer un regime sandiniste, socialiste non-aligné (sur Moscou) et democratique.
Les USA ont vu rouge et on financé la "contra" et Ortega dut se retourner et demander de l´aide au bloc sovietique, son reve etait fini.... (je simplifie enormement)

Quand on regarde son cursus politique par la suite, on se rend compte qu´il a plus ou moins soutenu les cartels de la drogue, qu´il a probablement essayé de truquer les elections.... brefs, d´un mec sincere et democratique au debut, on a fini avec une caricature à la Castro.... comme Chavez

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 13 Jan 2011, 14:48
de Waddle
silverwitch a écrit:
Waddle a écrit:Pourquoi la vidéo marche pas ici? :(


Pour une utilisation correcte de la balise (dailymotion), il faut n'utiliser que les caractères que je mets en gras dans ton lien:

<object width="480" height="360"><param name="movie" value="http://www.dailymotion.com/swf/video/x3zpob?width=&theme=none&foreground=%23F7FFFD&highlight=%23FFC300&background=%23171D1B&start=&animatedTitle=&iframe=0&additionalInfos=0&autoPlay=0&hideInfos=0"></param><param name="allowFullScreen" value="true"></param><param name="allowScriptAccess" value="always"></param><embed type="application/x-shockwave-flash" src="http://www.dailymotion.com/swf/video/x3zpob?width=&theme=none&foreground=%23F7FFFD&highlight=%23FFC300&background=%23171D1B&start=&animatedTitle=&iframe=0&additionalInfos=0&autoPlay=0&hideInfos=0" width="480" height="360" allowfullscreen="true" allowscriptaccess="always"></embed></object><br /><b><a href="http://www.dailymotion.com/video/x3zpob_thomas-sankara-discours-sur-la-dett_news">Thomas-Sankara-discours sur la dette</a></b><br /><i>envoy&eacute; par <a href="http://www.dailymotion.com/reseaugaribaldi">reseaugaribaldi</a>. - <a target="_self" href="http://www.dailymotion.com/fr/channel/news">Regardez les derni&egrave;res vid&eacute;os d&#039;actu.</a></i


Silverwitch


Waouh... C'est si simple? En tout cas merci beaucoup.

Ce soir, je mettrais d'autres vidéos de lui et quelques liens.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 13 Jan 2011, 14:49
de Waddle
madaxhe a écrit:
Waddle a écrit:Discous de Thomas Sankara en Juillet 1987 (3 mois avant d'être assassiné), sur la dette des pays africains.

Dans cette vidéo, il dira : "Nous les états africains, nous devons nous lever ensemble pour dire NON à cette dette, et pas seulement le Burkina Faso. Si je suis seul à défendre cette idée, soyez surs que vous ne me verrez pas au prochain congrès".

Et en effet, 2 mois et demi après, il sera assassiné.


:wink:


Merci :)

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 14 Jan 2011, 00:09
de Mufasa
Merci Waddle. :o

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 14 Jan 2011, 00:15
de Mufasa
Les 2 topics de Waddle sont dans l'index des sujets aux côtés des autres topics sur l'Afrique.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 14 Jan 2011, 04:33
de Mufasa
Bon, et les autres grands patriotes africains ? Kwame Nkrumah, Julius Nyerere, Patrice Lumumba, Nelson Mandela, etc. Mais comme Sankara ils ont tous échoué.

Heureusement, il reste Kadhafi. :D

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 14 Jan 2011, 10:30
de Aym
Waddle a écrit:
Waouh... C'est si simple? En tout cas merci beaucoup.

Ce soir, je mettrais d'autres vidéos de lui et quelques liens.

Bah oui, comme l'avait expliqué zolthar en son temps :

viewtopic.php?f=7&t=10237

;)

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 14 Jan 2011, 11:22
de Waddle
Mufasa a écrit:Bon, et les autres grands patriotes africains ? Kwame Nkrumah, Julius Nyerere, Patrice Lumumba, Nelson Mandela, etc. Mais comme Sankara ils ont tous échoué.

Heureusement, il reste Kadhafi. :D

Echoué, c'est un grand mot (pour certain). Etre assassiné et échouer, ce n'est pas exactement pareil.

Et puis pour Sankara, je ne sais pas si on peut dire qu'il a échoué, car en 4 ans, il a réussi à faire de très belles choses au Burkina Faso, et même dans l'inconscient et la pensée africaine.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 14 Jan 2011, 14:40
de BWT
Mandela n'est pas le martyre qu'on nous présente depuis plus de 20 ans. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il a été le complice du maintien d'une société basée sur des classes ethniques en Afrique du Sud, mais il est bon de rappeler que ce bon Mandela, qui était communiste, a passé un accord avec les États-Unis qui disait, en gros, ceci : « nous vous propulsons à la tête de l'Afrique du Sud à condition que de ne pas remettre en cause ni les avantages que les pays occidentaux avaient contractuellement avec l'Afrique du Sud, ni la division sociale du pays en deux grandes éthnies »

Il faut donc mesurer l'enthousiasme de certains sur Mandela. D'ailleurs, a part le drapeau et quelques symboles, peu de choses ont changées en Afrique du Sud depuis 1994. J'irais même jusqu'à dire qu'en bien des endroits, cela est pire que pendant l'Apartheid.

Sankara quand à lui a fait ce que tout nationaliste conscient des puissances extérieures qui pesent sur son pays aurait fait : il a rendu, pendant un court moment, son pays auto-suffisant en matière agricole, il a fait la part belle à la production nationale (avec des anecdotes amusantes sur l'habit traditionnel burkinabè), il a remit en cause la dette qui plombait les pays d'Afrique et qui les maintenaient sous le joug des puissances occidentales (d'ailleurs je pense que c'est ce qui a permis à son successeur d'avoir son permis de tuer) et la corruption des dirigeants africains.

J'ai donc bien du mal au cœur quand je lis que Sankara a échoué au même titre que Mandela. Mandela a trahi son objectif initial, et il a trahi son peuple. Sankara, lui, n'a trahi personne. Il a même réussi, et c'est pour cela qu'il a été assassiné.

Si Mandela est encore vivant, quelque part, c'est qu'il n'a jamais été un problème pour les grandes puissances économiques et financières de ce monde.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 15 Jan 2011, 01:46
de Waddle
BWT, je souscris presque entièrement à ce que tu dis. Sauf concernant Mandela contre lequel je te trouve un peu trop critique.

Que Mandela ait fait des concessions pour en terminer avec la crise (ou même pour arriver au pouvoir) c'est certain.

Mais dire qu'il a trahi son peuple, je ne suis pas d'accord. Il a quand même "inspiré" le concept de réconciliation qui pour moi, est un exemple humain et fort, qui a permis que la société n'éclate pas en une violente guerre civile où les noirs voudraient se venger des noirs.

Il a quand même passé plus de 20 ans en prison parce qu'il se battait contre l'apartheid. Rien que pour ca, il mérite du respect.

Maintenant, il n'a pas résolu tous les problèmes de l'Afrique du Sud, mais qui aurait pu?

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 15 Jan 2011, 12:13
de Cortese
Oui, je suis d'accord avec Waddle. L'alternative que suggère BWT ( :good ) ça aurait mené à une situation à l'algérienne (les deux extrêmités de l'Afrique avaient beaucoup de points communs) : malgré la politique volontariste très à gauche du pouvoir FLN jusqu'à la mort de Boumedienne (probablement par empoisonnement), on a vu le résultat que ça a donné. Mener à la fois une lutte de libération et une révolution sociale et économique, c'est se donner des objectifs impossibles à atteindre et se condamner à échouer.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 15 Jan 2011, 12:19
de Silverwitch
Cortese a écrit:Oui, je suis d'accord avec Waddle. L'alternative que suggère BWT ( :good ) ça aurait mené à une situation à l'algérienne (les deux extrêmités de l'Afrique avaient beaucoup de points communs) : malgré la politique volontariste très à gauche du pouvoir FLN jusqu'à la mort de Boumedienne (probablement par empoisonnement), on a vu le résultat que ça a donné. Mener à la fois une lutte de libération et une révolution sociale et économique, c'est se donner des objectifs impossibles à atteindre et se condamner à échouer.


Sans doute, cependant cette analyse n'est-elle pas à courte vue, toutes proportions gardées ? Je comprends bien que mon point de vue paraîtra insensible à la souffrance des peuples devant les conséquences terribles des révolutions et de leurs cortèges de rêves brisés, mais ! Même si dans un premier temps la lutte pour l'égalité et la justice sociale et économique paraît échouer face à l'instinct de conservation, il en reste toujours quelque chose, et ce quelque chose, que je nomme espérance s'inscrit durablement dans l'inconscient de nos sociétés. En France, malgré tous les renoncements, toutes les restaurations inégalitaires et conservatrices, l'esprit de la Révolution est toujours vivant, d'où notre passion pour l'égalité. Et c'est une passion créatrice, elle contamine les âmes, les coeurs et les peuples.

Une vague se brise toujours sur un roc, mais enfin le roc, la digue finit toujours par céder. Il faut recommencer jusqu'à en voir des plages de sable.

Silverwitch

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 15 Jan 2011, 12:27
de Cortese
silverwitch a écrit:
Cortese a écrit:Oui, je suis d'accord avec Waddle. L'alternative que suggère BWT ( :good ) ça aurait mené à une situation à l'algérienne (les deux extrêmités de l'Afrique avaient beaucoup de points communs) : malgré la politique volontariste très à gauche du pouvoir FLN jusqu'à la mort de Boumedienne (probablement par empoisonnement), on a vu le résultat que ça a donné. Mener à la fois une lutte de libération et une révolution sociale et économique, c'est se donner des objectifs impossibles à atteindre et se condamner à échouer.


Sans doute, cependant cette analyse n'est-elle pas à courte vue, toutes proportions gardées ? Je comprends bien que mon point de vue paraîtra insensible à la souffrance des peuples devant les conséquences terribles des révolutions et de leurs cortèges de rêves brisés, mais ! Même si dans un premier temps la lutte pour l'égalité et la justice sociale et économique paraît échouer face à l'instinct de conservation, il en reste toujours quelque chose, et ce quelque chose, que je nomme espérance s'inscrit durablement dans l'inconscient de nos sociétés. En France, malgré tous les renoncements, toutes les restaurations inégalitaires et conservatrices, l'esprit de la Révolution est toujours vivant, d'où notre passion pour l'égalité. Et c'est une passion créatrice, elle contamine les âmes, les coeurs et les peuples.

Une vague se brise toujours sur un roc, mais enfin le roc, la digue finit toujours par céder. Il faut recommencer jusqu'à en voir des plages de sable.

Silverwitch


En réalité, je suis d'accord avec toi, mais je repense souvent à cette phrase de De Gaulle qui disait que l'Algérie avait fait sa révolution, mais pas le Maroc et la Tunisie, et qu'il s'attendait donc à voir une insurrection dans ces pays. Or c'est en Algérie que c'est produite la guerre civile des années 90. Ce qui s'y est produit depuis 1988 jusqu'aux années 2000 a été très douloureux pour nous, à tous points de vue, avec un sentiment d'échec irrémédiable. Alors tu comprends que je ne peux pas me permettre de le dire, même si je sais que la cause de l'insurrection islamiste était justement du à un virage à droite toute du pouvoir de Chadli, dans les années 80, qui rapprochait la politique suivie par l'Algérie de celles de la Tunisie et du Maroc.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 15 Jan 2011, 12:29
de Silverwitch
Cortese a écrit:En réalité, je suis d'accord avec toi, mais je repense souvent à cette phrase de De Gaulle qui disait que l'Algérie avait fait sa révolution, mais pas le Maroc et la Tunisie, et qu'il s'attendait donc à voir une insurrection dans ces pays. Or c'est en Algérie que c'est produite la guerre civile des années 90. Ce qui s'y est produit depuis 1988 jusqu'aux années 2000 a été très douloureux pour nous, à tous points de vue, avec un sentiment d'échec irrémédiable. Alors tu comprends que je ne peux pas me permettre de le dire.


:o

Oui, c'est évidemment ce que je pensais. Je voulais apporter une précision que peut-être seule la distance permet, avec son cortège d'insensibilité à la souffrance réelle des individus et des peuples. Pour ma part, il m'a fallu presque vingt ans pour sinon me réconcilier, du moins accepter ce que je considérais comme l'échec de la révolution iranienne, que pourtant je n'avais pas vraiment vécue, étant enfant, sinon par la détresse de mon père.

Silverwitch

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 15 Jan 2011, 13:56
de Shoemaker
Cortese a écrit:Alors tu comprends que je ne peux pas me permettre de le dire, même si je sais que la cause de l'insurrection islamiste était justement du à un virage à droite toute du pouvoir de Chadli, dans les années 80, qui rapprochait la politique suivie par l'Algérie de celles de la Tunisie et du Maroc.


Mais nous sommes bien d''accord que le virage proposé par les islamistes allait aussi à "droite toute" mais vers Ryadh et le Wahabisme ?
D'autant que Chadli a été "objectivement leur allié ? D'autant que Merbah le libéral (l'ex chef de la Sécurité Militaire du temps de Boumedienne, véritable centre du pouvoir décisionnaire pour ceux qui ne connaissent pas) s'apprêtait à prendre le pouvoir en alliance avec le FIS avant que ses petits copains du Système ne le zigouillent?
Tout le monde complote avec tout le monde et contre tout le monde. MAis je suis d'accord avec Silver : au-delà des tragiques péripéties politiciennes avec en back ground les grandes puissances en chefs d'orchestre, il reste un fond d'espérance de démocratie et d'une justice au moins minimale chez les peuples, fond issu de la guerre d'Algérie en ce qui concerne l'Algérie. Et ce fond, ce rêve, de liberté, est inscrit dans l'imaginaire national, l'inconscient collectif ...
Je le disais dans message plus haut : la démocratie avance, têtue, inéluctable, et la Tunisie vient de passer une étape. Combien même "on" a intimé l'ordre à Ben Ali de se casser avant que les Islamistes n'entrent dans la danse, (d'où l'étrange départ imprévu), tout de même, un pas a été franchi, et qui fera date dans tous les pays arabes et africains.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 15 Jan 2011, 14:17
de Cortese
Shoemaker a écrit:
Cortese a écrit:Alors tu comprends que je ne peux pas me permettre de le dire, même si je sais que la cause de l'insurrection islamiste était justement du à un virage à droite toute du pouvoir de Chadli, dans les années 80, qui rapprochait la politique suivie par l'Algérie de celles de la Tunisie et du Maroc.


Mais nous sommes bien d''accord que le virage proposé par les islamistes allait aussi à "droite toute" mais vers Ryadh et le Wahabisme ?
D'autant que Chadli a été "objectivement leur allié ? D'autant que Merbah le libéral (l'ex chef de la Sécurité Militaire du temps de Boumedienne, véritable centre du pouvoir décisionnaire pour ceux qui ne connaissent pas) s'apprêtait à prendre le pouvoir en alliance avec le FIS avant que ses petits copains du Système ne le zigouillent?
Tout le monde complote avec tout le monde et contre tout le monde. MAis je suis d'accord avec Silver : au-delà des tragiques péripéties politiciennes avec en back ground les grandes puissances en chefs d'orchestre, il reste un fond d'espérance de démocratie et d'une justice au moins minimale chez les peuples, fond issu de la guerre d'Algérie en ce qui concerne l'Algérie. Et ce fond, ce rêve, de liberté, est inscrit dans l'imaginaire national, l'inconscient collectif ...
Je le disais dans message plus haut : la démocratie avance, têtue, inéluctable, et la Tunisie vient de passer une étape. Combien même "on" a intimé l'ordre à Ben Ali de se casser avant que les Islamistes n'entrent dans la danse, (d'où l'étrange départ imprévu), tout de même, un pas a été franchi, et qui fera date dans tous les pays arabes et africains.


Pour moi le FIS n'aurait pas existé sans soutiens extérieurs (oui, je sais je vois des complots partout) pour appuyer le clan Chadli et lui permettre d'éliminer ses encore puissants adversaires patriotico-gaucho-boumédiénistes (quelles que soient leurs erreurs passées). On a vu lors des étranges émeutes de 88 que les clans opposés se neutralisaient, la situation était bloquée. Je ne sais pas quels étaient les projets de Merbah, j'avais pas entendu ça à l'époque. L'opacité étonnement hermétique du pouvoir algérien rend bien difficile la lecture des évènements.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 15 Jan 2011, 23:59
de BWT
Je conçois que mes propos sur Mandela sont particulièrement sévères. Mais ils ne semblent pas injustes au regard de la situation sud-africaine aujourd'hui. De cette situation, il n'est pas entièrement responsable: il a été l'instrument de puissances extérieures qui sont passées, depuis le début du XX siècle, maîtresses dans les manipulations de masse. Obama est le dernier né de ce genre de pantin qu'on place à la tête d'un pays pour rendre acceptable ce qui passerait pour inacceptable en temps normal.

Mais l'espoir qu'ont eu des millions de sud-africains de voir enfin une société égalitaire en Afrique du Sud grâce à Mandela a été complétement trahi par ce dernier. D'ailleurs les récentes émeutes là-bas traduisent bien ce malaise et ce sentiment d'avoir été floué, démontrant, s'il le fallait encore, que l'espoir ne dure jamais.

Je ne dis pas que Mandela a mal joué son rôle. Au contraire. S'il ne l'avait pas joué, on aurait choisi un autre qui n'aurait fait ni mieux, ni pire. Mais connaissant les raisons inhérentes à sa propulsion à la tête de l'état, tout en acceptant d'être le sauveur aux yeux du peuple sud-africain noir, il s'est immédiatement transformé en traitre de l'espoir que ce peuple avait placé en lui.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 16 Jan 2011, 18:32
de Mufasa
Bon, j'étais peut-être un peu provocateur en disant que Nelson Mandela a échoué. Si l'Afrique du Sud parvient un jour à réformer ses structures socioéconomiques en faveur de l'égalité, peut-être dira-t-on d'un oeil bienveillant que Mandela et Mbeki ont présidé une période "transitoire", celle de la fin de l'apartheid légal. Je pense que les leaders Sud-Africains sont probablement conscients du besoin de réformes, mais sont peut-être effrayés par l'exemple du Zimbabwe, pays un peu "cousin" de l'Afrique du Sud par les structures de l'apartheid. Pourtant, Mugabe a attendu 20 ans, avant de se lancer dans la réforme agraire "accélérée", et cela s'est pourtant fait dans la violence, avec les résultats que l'on connaît, ou que l'on pense connaître (comment prédire ce que sera le Zimbabwe dans 20 ans?).

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 07 Déc 2011, 20:10
de Cortese
Je pense que la place de ce message est ici. Il y a cinquante ans hier, un grand homme, noir psychiatre et franco-algérien était mort.

Frantz Fanon, l'intransigeant

Par Tshitenge Lubabu M.K.

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Radical et controversé, Frantz Fanon continue de susciter la polémique, 50 ans après sa mort. Radical et controversé, Frantz Fanon continue de susciter la polémique, 50 ans après sa mort. © Rue des archives/BCA

Mort d’une leucémie il y a tout juste cinquante ans, le 6 décembre 1961, à l’âge de 36 ans, le Martiniquais Frantz Fanon a symbolisé la violence révolutionnaire comme mode de libération. Adulé ou décrié, cet essayiste virulent a marqué son époque.

Du haut de son mètre soixante-cinq, Frantz Fanon était une boule de colère et de détermination, un modèle d’engagement. Défenseur de l’opprimé, du méprisé, du colonisé, il prônait la violence révolutionnaire comme unique recours pour briser les chaînes de la servitude. Excessif, cassant, intransigeant, peu porté sur la diplomatie, il avait le courage de ses idées, qu’il exprimait avec une agressivité et une rage contenues. Homme des ruptures définitives avec tout ce qui ne correspondait pas, ou plus, à sa vision du monde, Fanon était aussi bourré de paradoxes. Il pouvait réciter avec fierté des passages entiers du Cahier d’un retour au pays natal, d’Aimé Césaire, son ancien professeur au lycée Schœlcher de Fort-de-France, et rejeter le concept de négritude, ce « mirage noir ».

Lui qui ne croyait ni en l’existence d’un peuple noir, ni en celle d’un passé à sublimer combattait l’aliénation des Noirs qui avancent le visage caché derrière un masque d’emprunt et s’apprécient, ou se déprécient, au travers du regard des autres. Fidèle à ses principes, il n’a reculé devant rien pour défendre ce qui était le plus important à ses yeux : la liberté, la justice, la dignité. Et s’il est devenu l’une des figures emblématiques de ce qu’on appelait, dans les années 1950-1960, le tiers-mondisme, avec, comme paradigme, le droit à l’autodétermination des peuples, c’est surtout grâce à la guerre d’Algérie. Il fut même un temps où certains n’hésitèrent pas à voir en lui un Che Guevara… Favorable au panafricanisme, il était opposé à la création d’États supranationaux, privilégiant les alliances entre États-nations.

Très jeune, Frantz Fanon avait déjà l’âme d’un combattant. N’a-t-il pas pris, à 17 ans, alors que la Martinique était contrôlée par des pétainistes, le chemin de la résistance gaulliste ? L’envie de défendre la liberté l’a poussé, en 1943, à s’enrôler dans un bataillon antillais appelé à combattre en métropole. Il sera blessé, cité à l’ordre de sa brigade, décoré de la Croix de guerre. Mais cette guerre l’a révolté. Il n’y a vu qu’une chose : le soldat Fanon, d’un côté, des soldats blancs, de l’autre. Il écrit à sa famille : « Je me suis trompé ! Rien ici, rien qui justifie cette subite décision de me faire le défenseur des intérêts du fermier quand lui-même s’en fout. » Après la guerre, il regagne la Martinique, mais revient dès 1946 en métropole, entreprend des études de médecine et se spécialise en psychiatrie. Il est affecté en 1953 à l’hôpital psychiatrique de Blida (Algérie).

Ruptures

À ce moment, Fanon a déjà pris une décision irrévocable : rompre avec la Martinique, où il estime qu’il n’y a aucun combat à mener. Quand il arrive en Algérie, sa seule ambition est de faire, autrement, son travail de médecin. Mais la manière dont les Français traitent les indigènes ne lui échappe pas. Elle lui rappelle ce que lui-même a vécu en tant que Noir et Martiniquais. Et lorsque le Front de libération nationale (FLN) lance ses premières attaques, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, Fanon saisit l’importance des faits. Dès 1955, il prend contact avec le FLN. L’état psychique des Algériens victimes de la torture et d’autres violences le trouble. Fin 1956, il démissionne avant d’être expulsé d’Algérie. C’est la rupture, irrévocable, avec la France. Désormais, il se veut algérien. La nationalité n’est pas liée au lieu de naissance, mais à la volonté de chacun. Installé en Tunisie, il se met au service du FLN, dont il devient le porte-parole, avant d’être nommé ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne, à Accra (Ghana).

Dans ce nouveau rôle, Fanon rêve de convertir l’Afrique subsaharienne à la violence révolutionnaire. En critiquant les leaders qui négocient l’accession à l’indépendance, il ne se fait guère d’amis. Il veut que la révolution algérienne devienne la tête de pont des changements sur le continent.

D’où l’idée, acceptée à Accra en 1958, d’une légion africaine chargée d’aller combattre avec les Algériens. On le voit partout : Accra, Léopoldville, Bamako, Conakry, Addis Abeba… En France, une grande partie de la gauche – à l’exception de Jean-Paul Sartre – est favorable à une Algérie française. Aujourd’hui, les « nouveaux philosophes » devenus conservateurs le traitent même de « terroriste ». André Glucksmann voit dans sa démarche une « volonté d’éradiquer les Blancs », quand Pascal Bruckner l’accuse d’être un précurseur de Pol Pot… Déjà, en 1962, Gilbert Comte comparait Les Damnés de la terre [dont on peut lire des extraits ici, NDLR] à Mein Kampf !

À la Martinique, beaucoup ne lui ont pas pardonné d’avoir épousé la cause algérienne. « S’il est moins connu chez lui, c’est parce qu’il n’y a pas beaucoup vécu, nuance Serge Bilé, journaliste ivoiro-martiniquais. Mais les enseignants peuvent, à leur discrétion, en parler aux élèves. »

En Afrique, Frantz Fanon, qui a dénoncé le « complexe de lactification » – plus on a la peau claire, plus on est beau –, n’est pas assez connu des jeunes générations. « Il interpelle moins que Césaire, reconnaît Philippe Biyoya Makutu, professeur de sciences politiques à Kinshasa. Ici, on n’enseigne pas l’histoire de la décolonisation. Même ceux qui enseignent la géopolitique africaine ne le mentionnent pas. » En Algérie, où il est inhumé, son rôle a été marginalisé. Son biographe, David Macey, écrit : « Fanon n’a jamais réellement fait partie du panthéon du nationalisme algérien. […] Les manuels d’histoire algériens contiennent des photographies et de courtes biographies des héros de la révolution du FLN ; Fanon n’y figure pas. » Boycotté en France, méconnu à la Martinique et en Afrique, c’est surtout dans le monde anglo-saxon que Frantz Fanon est toujours d’actualité.

Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Frantz Fanon, l'intransigeant | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

http://www.jeuneafrique.com/Article/ART ... geant.html

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 07 Déc 2011, 21:06
de Waddle
Un grand...

Il a vraiment aimé l'Algérie et l'Afrique, Fanon...

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 07 Déc 2011, 21:13
de Cortese
Waddle a écrit:Un grand...

Il a vraiment aimé l'Algérie et l'Afrique, Fanon...


Je crois justement qu'il a aimé la justice par dessus tout.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 08 Déc 2011, 17:12
de Nuvo
J'avais découvert son nom dans le film québécois : les invasions barbares. "Ensuite on a lu Frantz Fanon alors on est devenu anti-colonialiste"...
Merci pour la petite bio.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 28 Mar 2014, 17:41
de Waddle
Mufasa a écrit:Bon, et les autres grands patriotes africains ? Kwame Nkrumah, Julius Nyerere, Patrice Lumumba, Nelson Mandela, etc. Mais comme Sankara ils ont tous échoué.

Heureusement, il reste Kadhafi. :D


Plus maintenant...

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 29 Mar 2014, 20:23
de Mufasa
Excellent déterrage de topic, super discret :D

Je ne sais plus trop pourquoi j'avais cité Kadhafi, mais s'il a sa place sur un topic sur Sankara, ce serait avant tout pour l'ingérence libyenne en Afrique de l'ouest, où Kadhafi faisait la pluie et le beau temps, y compris au Burkina. J'ai lu plusieurs fois que de nombreux Burkinabés estiment que Kadhafi était l'un des principaux responsables du putsch anti-Sankara, qu'en tout cas Comparoé (le putchiste qui a viré Sankara et l'actuel président) était l'homme de Kadhafi.

Rappelons qu'avant 2011 aucun d'entre nous n'osait citer Kadhafi comme un "grand patriote africain," certainement au même titre que Sankara ou les autres que j'ai cité. Il me semble qu'on le considérait comme un dictateur mégalomane et fantasque (un Idi Amin "soft"), sorte de fossile de l'Afrique post-coloniale, quoiqu'avec grâce au pétrole un pouvoir d'ingérence considérable en Afrique ainsi que dans une moindre mesure de nuisance pour l'Occident (et un prestige), mais dont l'action sinon la posture "anti-impérialiste" fut plus ou moins nullifiée lorsqu'il courba l'échine lors de l'invasion américaine de l'Irak (même s'il restait très actif dans l'Union africaine). Je me demande comment il était perçu en Afrique, je suppose que ça dépend de quel bord on se trouve dans les pays qu'il a influencés. Certainement une relecture de son règne et son rôle est nécessaire quand on constate les conséquences dramatiques de son élimination, qu'elles soient internes (désintégration et somalisation de la Libye) et externes (chaos dans le Sahel). Pour cela, ce topic pourrait être rebaptisé "Thomas Sankara et les grandes figures politiques d'Afrique", ce qui nous permettrait d'étendre la discussion à des personnages autres que Sankara, tels Kadhafi.

Re: Thomas Sankara

MessagePosté: 29 Mar 2014, 21:53
de Cortese
D’autre part, les Occidentaux connaissent parfaitement les vrais amis de Nelson Mandela. Peut-être plus que des amis : des frères. Ceux qui l’ont toujours soutenu, y compris lors des moments les plus difficiles, et que lui aussi n’a jamais cessé de soutenir. En premier lieu il s’agit de Fidel Castro, Mouammar Kadhafi et Yasser Arafat. Aux yeux de l’Occident politique, des leaders certainement pas « tout à fait fréquentables »…Néanmoins, Mandela n’a jamais caché son amitié sincère avec ses amis et en parlant de son amitié avec Mouammar Kadhafi, il avait dit la chose suivante : « tous ceux qui n’apprécient pas notre amitié avec le frère Kadhafi peuvent sauter dans la piscine ! ».En gros, aller voir ailleurs.

En 1997, Nelson Mandela décerne à Kadhafi l’ordre de Bonne Espérance, la plus haute distinction sud-africaine. Aux critiques du département d’Etat étasunien, bien mécontent de cette grande amitié entre deux grands hommes, Mandela réplique « qu’ils n’ont aucune morale et que c’est bien Mouammar Kadhafi qui nous a aidé en un temps où nous étions seuls, quand ceux qui disent que nous ne devrions pas être ici, aidaient notre ennemi ».Une allusion ouverte au soutien que les USA et plus particulièrement la CIA avaient offert au régime d’apartheid. C’est d’ailleurs au colonel Kadhafi que Mandela accordera sa première visite à l’étranger, en 1990, après avoir été libéré à la suite de ses 27 années d’emprisonnement. Il en sera de même en 1994 lorsqu’il sera élu président de la République d’Afrique du Sud. En 1998, Nelson Mandela déclarera, en présence de Bill Clinton, alors président des USA, qu’à l’époque « où les Etats-Unis soutenaient l’apartheid, d’autres pays aidaient la lutte contre la ségrégation raciale. C’est pourquoi l’un des premiers chefs d’Etat que j’ai invité dans ce pays a été Fidel Castro… et j’ai également invité le frère Mouammar Kadhafi ».On ne peut non plus oublier la phrase de Madiba qui vise ouvertement les USA et leurs crimes contre l’humanité :« Si il y a bien un pays dans le monde qui a commis des atrocités indescriptibles, ce sont bien les Etats-Unis d’Amérique. Ils n’ont rien à faire des êtres humains ».
Lire la suite: http://french.ruvr.ru/2013_12_19/Hommag ... ites-6911/